C'est la question que pose inévitablement le double licenciement des humoristes Stéphane Guillon et Didier Porte, annoncé en direct par les deux intéressés mercredi, lors de leurs chroniques respectives.
Depuis, les réactions s'enchaînent. Ce matin, c'est François Morel, lors de sa chronique matinale, qui en a rajouté une couche : "Quel bordel, mes amis ! quel bordel ! (...). Je suis triste de constater que l'ambiance de merde qui sévit à France Inter n'est pas sans rappeler celle qui a existé au sein de l'équipe de France et a conduit à sa perte", a-t-il déclaré.
Jeudi, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) avait regretté "le traitement ainsi réservé à une case d'humour, qui avait contribué au succès de la matinale de cette radio grâce au regard personnel, subjectif et impertinent qui était porté par ces auteurs sur l'actualité". "Notre pays a des humoristes de talent. Qu'il sache leur donner les moyens de s'exprimer et de continuer à créer", concluait le communiqué.
Cette manifestation aura lieu devant le siège de France Inter ainsi qu'en province. A l'origine du renvoi de Guillon et Porte, leurs propos jugés trop insolents lors de leurs émissions respectives. Cette manifestation veut protester d'une part contre le renvoi des 2 humoristes de France-Inter mais veut aussi dénoncer la suppression d'émissions qui font de l'audience.
Que l'on supprime une émission qui ne marche pas, on peut comprendre, mais quand elle marche, pourquoi la supprimer?
L'eurodéputée Corinne Lepage (Cap 21, ex-MoDem) indique dimanche sur son blog avoir signé la pétition en faveur des humoristes Stéphane Guillon et Didier Porte, limogés de France Inter.
"J'ai signé", explique-t-elle, "non pas parce que j'apprécie nécessairement leurs chroniques et dérapages, certains franchement ni drôles ni humoristiques, mais parce que la liberté d'expression et surtout celle de sortir du politiquement correct sont remises en cause".
Derniers billets d'humeurs de D.Porte
Réaction de J.Francois Morel
Guillon au Grand Journal
"Stéphane Guillon par Stéphane Guillon" signé Alain Minc
Qui imaginerait que l'homme le plus puissant de France se cache derrière des yeux globuleux vidés par la bêtise ou, qui sait, par la cocaïne ? Qui penserait que le VRP multicarte, le paladin vengeur de France Inter se mue en routier bourgeois sur Canal + ? Qui devinerait que le pourfendeur de silhouettes - "petit pot à tabac" et "yeux de fouine" - pourrait être, hommage du vice à la vertu, si répulsif ? Qui croirait que la nouvelle affaire Dreyfus concernerait un humoriste sans culture, un penseur sans tête, un histrion sans talent ? Voilà. Afin que Stéphane Guillon découvre à son tour les charmes de la chasse au faciès.
L'Express a soumis le texte à Stéphane Guillon. Sa réponse.
"J'ai été très impressionné par les débuts d'humoriste d'Alain Minc. Je savais que le garçon jouissait d'une puissance comique indéniable: quarante ans après son passage à Sciences po, son nom fait encore rire les élèves. Cela dit, son billet comporte quelques maladresses. Voici donc deux, trois conseils... En toute amitié, je le fais avec le regard du "vieil amuseur", touché et attendri par les balbutiements d'une jeune pousse.
Le reste du portrait d'Alain Minc est pas mal. Attaques un peu classiques déjà utilisées par d'autres, il faut trouver son propre style, c'est là où Alain fera la différence. La grosse déception du papier étant la conclusion : "Guillon découvre à son tour les charmes de la chasse au faciès." Là aussi, erreur de débutant : à aucun moment Alain Minc ne m'attaque sur mon physique, il nous fait saliver pour rien.
Comme aurait dit Edmond Rostand (grand spécialiste de l'attaque au faciès, tirade du nez) : "Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire... Oh ! Dieu !... bien des choses en somme..." Stéphane Guillon est légèrement voûté, sans doute le poids de sa méchanceté. Ses yeux tristes tombent, tel un Droopy mal embouché (pas des yeux de fouine, non, des yeux en couilles de loup). Des genoux cagneux, des poils dans les oreilles, c'est très antisexe - il tient ça de son père. Et des omoplates de lapin : sa grand-mère s'en moquait. Mais le pire, c'est sa tête : grosse, très grosse par rapport à son corps... Sans doute le résultat de la haute estime dans laquelle il se tient ! "Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit si vous aviez un peu de lettres et d'esprit. Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres, vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot !"
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