Puis une analyse plus précise des quantités mesurées a permis d'identifier l'origine de ce Xénon. Il aurait pu provenir de la fission d'uranium, ce qui se produit en situation normale d'exploitation d'un réacteur nucléaire dans le cadre de la réaction en chaîne contrôlée. C'est d'ailleurs l'un des gaz émis en très grandes quantités lors de l'accident, en mars dernier. Comme les ingénieurs ont suspecté une telle réaction, ils ont injecté de l'eau chargée en bore dans le réacteur, le bore absorbant les neutrons, il est utilisé pour stopper une réaction en chaîne (voir le schéma ci-dessous).
Toutefois, il ne s'agissait pas de cela, annonce désormais la TEPCo. Le xénon mesuré provenait de la désintégration radioactive spontanée d'atomes de curium-242 et 244, des produits des réactions nucléaires qui se retrouvent dans les combustibles usés. Ces désintégrations spontanées surviennent statistiquement
Le dernier bilan de la surveillance médicale par anthropogammamétrie des ingénieurs, techniciens et ouvriers qui interviennent sur la centrale nucléaire dévastée montre que depuis l'accident 14.800 travailleurs se sont rendus au moins une fois sur le site (le bilan de septembre ne comptait que 10.700 travailleurs surveillés). Ce chiffre montre l'ampleur du chantier en cours qui se poursuit en particulier pour le traitement des eaux contaminées et la diminution des températures enregistrées sur les cuves (RPV) des réacteurs, inférieures désormais à 78°C au bas (lire ici une note qui présente les enjeux de ce chantier).
Parmi ces 14.800 travailleurs, 99 ont reçu une dose de radioactivité supérieure à 100 millisieverts dont 77 entre 100 et 150 mSv, 14 entre 150-200mSv, 2 entre 200-250mSv, et six à plus de 250mSv entre 309 et 678mSv. La limite autorisée par le gouvernement sur le chantier est de 250 mSv.
► Par ailleurs, l'IRSN a publié une analyse révisant la quantité de matériaux radioactifs déversés dans l'océan. En voici le résumé que l'Institut publie sur son site (le document complet est ici) :
«Une forte contamination radioactive du milieu marin s’est produite après l’accident survenu dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi le 11 mars 2011. Elle a eu pour principale origine le déversement direct d’eaux contaminées depuis la centrale, qui a duré environ jusqu’au 8 avril, et dans une moindre mesure, les retombées dans l’océan d’une partie des radionucléides rejetés dans l’atmosphère entre le 12 et le 22 mars.
A proximité immédiate de la centrale, les concentrations dans l’eau de mer ont atteint fin mars et début
En interprétant les résultats de mesure de césium 137 dans l’eau de mer, l’IRSN a actualisé son estimation de la quantité totale de césium 137 rejeté directement en mer du 21 mars jusqu’à mi-juillet. La valeur ainsi obtenue est de 27.10 puissance 15 Bq, la majorité (82 %) ayant été rejetée avant le 8 avril. Ce rejet radioactif en mer représente le plus important apport ponctuel de radionucléides artificiels pour le milieu marin jamais observé. (le graphique ci-dessus est tiré du rapport complet).
Toutefois, la localisation du site de Fukushima a permis une dispersion des radionucléides exceptionnelle, avec un des courants les plus importants du globe qui a éloigné les eaux contaminées vers le large dans l'océan Pacifique. Ainsi, les résultats de mesure obtenus dans l'eau de mer et les sédiments côtiers laissent supposer que les conséquences de l'accident, en termes de radioprotection, deviendraient faibles pour les espèces pélagiques à partir de l'automne 2011 (concentrations faibles dans l'eau de mer et stockage sédimentaire limité).
Cependant, une pollution significative de l’eau de mer sur le littoral proche de la centrale accidentée pourrait persister dans le temps, à cause des apports continus de substances radioactives transportées vers la mer par le ruissellement des eaux de surface sur des sols contaminés. De plus, certaines zones du littoral, non encore identifiées, pourraient montrer des conditions de dilution ou de sédimentation moins favorables que celles observées jusqu’à présent. Enfin, la présence éventuelle d’autres radionucléides persistants, comme le strontium 90 ou le plutonium, n’a pas été suffisamment caractérisée par des mesures.
Les résultats de mesure récents montrent la persistance d’une contamination des espèces marines (poissons principalement) pêchées sur les côtes de la préfecture de Fukushima. Les organismes benthiques et filtreurs ainsi que les poissons au sommet de la chaine alimentaire sont, dans la durée, les plus sensibles à la pollution au césium. Il est donc justifié de poursuivre une surveillance des espèces marines prélevées dans les eaux côtières de Fukushima.
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