Ils sont 18. Et par petites touches, ils se livrent à l’art délicat du portrait du Président français. Un tableau impressionniste, relativement nuancé, d’un Nicolas Sarkozy qu’ils ont tous, un temps, porté aux nues, et qu’ils vouent désormais aux gémonies.
Ils sont correspondants à Paris pour des organes de presse étrangers, américains, anglais, africains et même belge. Et, stupéfaits par la déférence dont font preuve les journalistes français face à leur petit monarque, ils osent gratter là où ça fait mal (tellement que la société qui a produit ce film a refusé de fournir à la presse télé des copies DVD du sujet), où les reporters de la République n’osent pas s’aventurer -Nicolas Sarkozy étant, il est vrai, un champion de la dégomme (PPDA lui devrait ainsi par exemple son éviction du JT de TF1 pour l’avoir traité de « petit garçon »). Là ne s’arrête pas l’intérêt du parti-pris de ce Portrait d’un inconnu. En se décentrant du prisme belgo-français à travers lequel on appréhende nos voisins, le regard de ce documentaire se veut culturellement multiple.
On apprendra ainsi que les Russes, fans de Mireille Mathieu, ont été soulagés de l’entendre chanter ses Mille colombes lors de l’élection de son plus grand fan: « Si Mireille Mathieu est aux côtés de Nicolas Sarkozy, pour nos affaires, ce n’est pas si affreux ». Ou encore que les Chinois étaient ravis de le voir s’unir à Carla Bruni: « En Chine, épouser un mannequin, c’est vraiment quelque chose. »
Le film foisonne d’anecdotes et d’images d’une rare cocasserie, et si on y rit beaucoup, il rappelle surtout les grands ratés du règne du dernier roi de France, en particulier la gestion du dossier rom, unanimement considérée comme « une dégueulasserie » par les correspondants étrangers.
Cependant, comme le dit le virulent journaliste suisse Jean-Philippe Schaller, tourné vers la campagne 2012: « Comme candidat, comme bateleur de foire en campagne, il va être excellent, il le sait. »
samedi 24 décembre 2011
samedi 10 décembre 2011
Croissance infinie dans un monde fini
L'enfer et les bonnes intentions
Auteur : Jean-Marc JANCOVICI (Ingénieur Conseil)
Par un tour de passe-passe totalement inattendu, un
tsunami japonais a donc mis l’énergie au centre de notre élection
présidentielle. La voie empruntée est originale, mais il était temps que
cela arrive !
Qu’est-ce que l’énergie ? Tout simplement ce qui
permet de chauffer, refroidir, déplacer, tordre, étirer, laminer,
mélanger, transmettre, creuser, ériger… en clair transformer ce qui nous entoure. En ayant multiplié par plusieurs centaines l’action de nos seuls muscles sur l’environnement,
l’énergie est devenue le sang des sociétés industrielles. Tant que les
ressources sont sans limites, plus on a d’énergie et plus on peut créer
de flux physiques, dont le PIB n’est que la traduction monétaire.
Entre 1880 et 1975, chaque terrien a disposé de 2,3%
d’énergie supplémentaire par an, pouvant ainsi créer, toutes choses
égales par ailleurs, 2,3% de flux physiques en plus. Dans le même temps,
l’efficacité énergétique de l’économie, parfois appelée « progrès »,
rajoutait une production supplémentaire par unité d’énergie. Avant les
chocs pétroliers, le PIB par être humain progressait alors de 3% par an.
En 1980, le pétrole, qui fournit toujours 40% de la consommation planétaire d’énergie finale, est brusquement passé de 5,5% de croissance annuelle moyenne à… 0,8% (et depuis 2005 c’est zéro).
Malgré l’augmentation du gaz et du charbon, la
croissance de l’énergie par terrien est soudainement descendue à 0,2%
par an. L’efficacité énergétique a continué, de 1% par an (mais pas plus
; aucune dématérialisation accélérée n’a eu lieu). La croissance du PIB
par habitant de la planète est alors passée de 3% à 1% par an,
engendrant au passage notre problème de dette en Occident.
En 2010, la France a consommé 1800 TWh (un TWh = un
milliard de kWh) d’énergie finale, pour un PIB de 1900 milliards
d’euros, soit environ 1 kWh d’énergie finale par euro de PIB. 750 TWh
viennent du pétrole, 450 du gaz, 300 du nucléaire, 100 du charbon, 100
du bois et 50 de l’hydroélectricité (l’éolien fait 10 et le
photovoltaïque 1). Diviser par quatre nos émissions de CO2 d’ici à
2050, comme la loi de 2005 sur l’énergie le prévoit, implique de passer
de 1350 à 350 TWh sur les énergies fossiles.
Et les renouvelables ? Comme elles demandent beaucoup
plus de capital par kWh que les énergies fossiles, 200 TWh
supplémentaires donne un ordre de grandeur. Reste le nucléaire. Si nous
le supprimons, ce qui est le but de EELV, il reste 700 TWh en 2050. En
conservant 1% de gain annuel sur l’efficacité énergétique de l’économie
(hypothèse discutable, car ce progrès suppose une rotation du capital
qui disparaît en récession), notre PIB serait alors de 900 milliards
d’euros environ en 2050, soit la moitié d’aujourd’hui. Savoir si ce
serait un bien ou un mal pourrait être un long débat. Mais le PS a-t-il
bien compris que c’est cela qu’il soutenait dans les faits ?
Jusqu’où peut-on faire autrement ? Pour les combustibles fossiles, une partie de la messe est dite de toute façon. La production mondiale de pétrole diminuera de moitié environ d’ici à 2050.
Avec l’effet d’éviction du aux émergents qui prendront une part
croissante de ce qui restera, une division par quatre de notre
approvisionnement est assez vraisemblable. Le gaz européen vient pour
60% de la Mer du Nord, qui a entamé son déclin,
et les Russes ne compenseront pas la différence. Incidemment, cela rend
impossible de remplacer le nucléaire par du gaz en 2030 : le gaz
nécessaire ne sera pas là ! Il vaut mieux consacrer nos capitaux à
remplacer gaz et fioul du chauffage (environ 400 TWh au total) par de
l’isolation et… de l’électricité nucléaire. Idem pour les transports, où
il faut supprimer 400 à 500 TWh de pétrole en divisant la consommation
des véhicules par 3, et en électrifiant une partie des véhicules… sans
CO2.
Nos amis Allemands, souvent cités en exemple, ne
s’apprêtent pas du tout à faire la « transition vers les renouvelables
». Ils vont surtout faire appel au gaz russe - au détriment des autres
européens - et au charbon, qu’ils ont chez eux,
et augmenter leurs émissions de CO2. Ils sont déjà à 10 tonnes par
personne et par an - contre 6 pour un Français - alors qu’il faut viser 2
tonnes en 2050 ! La sortie du nucléaire en Allemagne sera(it) un coup
terrible porté à « l’Europe du climat ». Belle réalisation écologique,
en vérité…
A l’opposé, si nous supprimons trois quarts des
fossiles, ce qui est imposé, doublons les renouvelables, ce qui est
possible, et augmentons le nucléaire de 50%, cela permet plus de 1000
TWh et 1400 milliards d’euros de PIB en 2050. Cette option, qui suppose
un plan comme nous n’en avons jamais vu depuis la reconstruction, et,
déjà, l’oubli de la croissance comme objectif cardinal,
est probablement jouable dans un monde qui reste pacifique et
démocratique. En y rajoutant la sortie du nucléaire, c’est moins sûr.
vendredi 9 décembre 2011
Le trou de la secu plus important que prévu
La masse salariale a reculé au troisième trimestre, pour la première fois depuis deux ans. Cette baisse inattendue affecte les comptes de la Sécurité sociale.
C'est un recul inattendu. Pour la première fois depuis deux ans, la masse salariale des entreprises du secteur privé a reculé au troisième trimestre, selon les chiffres publiés ce jeudi matin par l'Acoss, l'organisme qui recouvre les cotisations pour le compte de la Sécurité sociale. Le recul est léger (-0,1 % par rapport au deuxième trimestre) mais il illustre la brutalité du retournement de l'économie française en milieu d'année.
Il
résulterait de la conjonction de deux phénomènes selon l'Acoss : une
contraction de l'emploi alors qu'il progressait depuis début 2010, et
une diminution du salaire moyen par tête (SMPT). La contribution de
l'emploi à la baisse de la masse salariale reste sujette à discussion.
Si l'organisme fédérateur des URSSAF estime que 10.000 postes ont été
perdus en un trimestre, soit une baisse de 0,1 %, Pôle emploi, qui a
rendu publiques mercredi ses propres estimations en la matière, conclut,
lui, sur un champ un peu différent, à la création de 5.000 postes
salariés, soit une quasi-stabilité. Comme l'Insee. L'Institut de la
statistique a divisé ce jeudi matin par deux son chiffrage des créations
de postes au troisième trimestre à 3.600.
Tendance alarmante pour les comptes sociaux
La baisse, surprise, du SMPT est évaluée à 0,2 % par l'Acoss. « Cette diminution pourrait s'expliquer en partie par un moindre recours aux heures supplémentaires »,
précise-t-elle dans sa note. Le 23 novembre, elle a annoncé qu'au
troisième trimestre, la croissance de leur volume a fléchi nettement,
revenant à une progression de 1,1 % sur un an après 6,3 % sur le
deuxième trimestre et 5,9 % au premier trimestre.
Le
premier semestre avait été très dynamique pour la masse salariale (+2 %
et +0,9 % au cours des deux premiers trimestres). Du coup, en
glissement annuel, la masse salariale ne progresse plus que de 3,3 %.
Cette tendance est alarmante pour les comptes sociaux. Le budget de la
Sécurité sociale pour 2011, qui prévoit un déficit de 18 milliards
d'euros pour le régime général, a été construit sur une prévision de
masse salariale en hausse de 3,7 %. Après le mauvais chiffre du
troisième trimestre, il est désormais presque certain que cette
progression ne pourra pas être atteinte. Le déficit risque donc être
plus important que prévu.
DOCUMENT : La note de l'Acoss
La masse salariale et l'emploi du secteur privé au 3e trimestre 2011 - AcossCreusons le trou de la sécu, c'est bon pour nous !
Le "trou de la
sécu" est devenu presque aussi attaché à l'image que que nous avons de
notre pays que le château de Versailles ou la Tour Eiffel. Il est vécu
comme une espèce de fatalité qui laisse régulièrement place à la volonté
de le combler. Cette politique porte sur la culpabilisation (les
français consomment trop de médicaments) ou la désignation de
responsables (les vieux). Les leviers utilisés sont soit une (légère)
augmentation des recettes soit des déremboursements qui font augmenter
la part des mutuelles privées (la sécu finance environ 77% des dépenses
et ce chiffre s'érode lentement). Et finalement, si augmenter les
dépenses de santé, c'était bon pour nous? Cette idée iconoclaste ne sort
pas uniquement de mon cerveau tordu mais également des travaux de Brigitte Dormont. (sa publication ici)
Le fameux trou a commencé à se creuser
depuis 20 ans et le déficit s'amplifie à l'exception notable du tournant
du millénaire marqué par une forte croissance économique et une baisse
du chômage. L'année 2010 devrait marquer un nouveau record.
Les dépenses les plus importantes
concernent l'hôpital (45% du total), la médecine de ville (plus de 25%)
et les médicaments (20%). On voit donc que ces derniers, qui sont
souvent pris pour cible et comme base de la politique de réduction des
déficits (campagne de com', génériques, ...) ne représentent qu'1/5ème
du total.
La France dépense-t-elle plus que les autres pays pour sa santé ?
Deux constatations s'imposent :
- Nous sommes bien dans le "haut du panier" (11.2% du PIB consacré à la santé), 2 points au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE. Mais nous sommes à un niveau très proche de voisins comme la Suisse, l'Allemagne ou la Suède. Et nous sommes très, très loin des Etats-Unis
- Nous sommes le pays de l'OCDE dont le financement public de la santé est le plus élevé (8.3% du PIB). Ceci résulte de notre choix d'avoir un modèle massivement basé sur la solidarité organisée par l'État
Qu'en est-il de l'évolution? Elle est
massive. Entre 1960 et 2006, la part de la richesse nationale consacrée à
la santé est passée dans l'Hexagone de 3.8% à 11.1%. Dans le même
temps, elle bondissait de 5.1% à 15.3% aux USA. Bref, la France n'est
pas surconsommatrice de santé comme on l'entend souvent, elle s'inscrit
dans une tendance lourde observée dans tous les pays industrialisés.
A qui la faute ?
L'espérance de vie s'est accrue
considérablement, ceci a été dit et redit lors du débat sur les
retraites. Et elle va continuer de s'accroître. Dès lors, il est tentant
(et beaucoup le font) d'imputer à la part grandissante des vieux
l'augmentation des dépenses de santé. Ce n'est pas si simple. Comme on
pouvait s'y attendre, la consommation de santé s'accroît avec l'âge :
Mais il faut se méfier des stats. En effet, des études menées sur les dépenses de Medicare (couverture maladie pour les plus âgés aux Etats-Unis) montrent que 30% des dépenses sont absorbés par les 5% de patients qui décèdent dans l'année. Les dépenses de santé augmentent donc avec l'âge mais surtout avec la proximité de la mort (qui intervient souvent, fort heureusement, à un âge élevé) :
Ainsi, le vieillissement de la
population n'explique pas les hausses de dépenses de santé plus
l'espérance de vie augmente, plus la mort est repoussées ainsi que les
dépenses afférentes. Le fait que les dépenses de santé pour un individu
augmente à l'approche de la mort n'est évidemment pas un plaidoyer en
faveur de l'euthanasie. Si l'argument moral n'était pas suffisant, des
études ont montré que le pronostic des médecins quant aux chances de
survie des patients âgés entrés à l'hôpital est relativement peu fiable
...
Alors d'où vient l'augmentation? Des
changements de pratiques médicales et de l'introduction de nouvelles
technologies (opératoires ou médicamenteuses). Cela ne veut pas dire que
ces nouveaux traitements coûtent plus cher. Au contraire, ils sont
souvent moins coûteux. Mais comme ils sont (en général) plus efficaces
et comportent moins d'effets secondaires, ils sont applicables à plus de
personnes. C'est donc l'effet de volume qui tire les dépenses vers le
haut.
Prenons le cas de l'infarctus. Il est dû
au fait que les artères coronaires se bouchent. On procédait auparavant
par pontage: il fallait opérer à cœur ouvert, ce qui ne pouvait pas
être appliqué à tous et comportait une chirurgie lourde avec des risques
post-opératoires importants. On peut maintenant visualiser les artères
de façon non invasive via la cathéterisation puis dilater les artères
(angioplastie) avec éventuellement un petit ressort (le stent)
pour empêcher l'artère de se refermer. Ces dernières techniques se font
en remontant via les artères mais sans ouvrir le thorax. Elles coûtent
donc moins cher mais ont été appliquées à beaucoup plus de patients. Le
bénéfice thérapeutique global sur l'ensemble de la population est
indéniable mais le coût est plus élevé au global. Notons que
l'augmentation de la dépense peut être maximisée par la prévalence de la
maladie (c'est le cas pour les maladies cardio-vasculaires) mais le
graphique suivant isole ce facteur (il est exprimé en % des patients).
- +58% pour les changements des pratiques médicales
- -10% pour les changements de morbidité (moins de maladies)
- +3% pour l'augmentation de la taille de la population
- +3% pour le vieillissement de la population
Evidemment, tous les progrès ne sont pas
bons et certaines techniques ou médicaments apportent un surcoût sans
réelle avancée. Mais au final, ces surcoûts correspondent à un réel
bénéfice aux malades et à la société. Dès lors, peut-on fixer un niveau
de dépenses optimal pour maximiser ce bien-être?
Des études ont été menées à ce sujet. Le
premier apport est bien sûr celui de la vie allongée et/ou améliorée,
pour le malade mais aussi sa famille, son entourage, le capital
"culturel" du malade,... Comment quantifier le coût d'une année de vie?
Certaines études chiffrent une vie entière entre 2 et 9 millions de
dollars. D'autres à 6 M$ (basés sur les chiffres US de l'Agence de
Protection de l'Environnement). La base a été fixée à 100.000$ par année de vie en plus par Cutler.
Bref, ce montant est forcément sujet à débat et il ne peut exister une
vérité indiscutable sur la question. Néanmoins, fixer cette valeur est
nécessaire pour jauger de l'efficacité et de la nécessité des politiques
en matière de santé.
Ce montant est pondéré par un coefficient appelé QALY (Quality Adjusted Life-Year).
Une dépression guérie va par exemple permettre d'améliorer la vie d'un
patient d'un coefficient QALY de 0.3 et donc rapporter 30.000$ de
bénéfice social. Sauver un patient de la mort a un QALY de 1 (et donc
"génère" 100.000$). Si l'on reprend l'exemple du traitement des
infarctus, pour chaque année de vie en plus (100.000$), le surcoût a été
de 30.000$. On peut donc dire très trivialement que "ça vaut le coup".
Et encore, le calcul fait l'impasse sur
les bénéfices plus directs: un homme sauvé d'une crise cardiaque à 50
ans va pouvoir travailler 10 ans de plus, un dépressif guéri
retravailler,... Il y a donc un vrai gain économique et humain en face
de l'augmentation des coûts de santé. Jusqu'où doit-on aller comme cela?
Des études ont montré que l'optimum pourrait être autour de 25% du PIB
consacré à santé, soit plus du double de la part actuelle ! Au-delà, on
passe l'optimum et les soins coûtent plus chers que le bénéfice attendu.
Loin de restreindre les dépenses de santé, il nous faudrait donc les
augmenter ! Si, comme on l'a entendu à l'envi lors du débat des
retraites, «l'espérance de vie n'a cessé d'augmenter depuis 50 ans et
cela va augmenter», c'est en bonne partie grâce à l'augmentation des
dépenses de santé. Et si l'on veut que cela continue, cela ne se
réalisera pas en dépensant moins.
Comment financer tout cela? Seule une
hausse drastique des cotisations peut le permettre, ce qui ne manquerait
pas de provoquer une levée de boucliers sur le pouvoir d'achat des
ménages et/ou la compétitivité des entreprises. Pour ce qui est des
ménages, la santé n'est-elle pas une priorité entre les priorités? Quant
aux entreprises, si l'augmentation du coût du travail est un frein, le
fait d'évoluer dans une société avec des salariés mieux soignés, plus en
forme, moins souvent en arrêt de travail doit aussi être pris en
compte.
2, 5 millions de manifestants en Angleterre
Le 30 novembre, plus de 2, 5 millions de travailleurs on fait grève, dans la santé, les services municipaux, les ministères, du jamais vu depuis très longtemps. 30 syndicats ont été impliqués, dont les trois principaux, Unite, Unison et le GMB. Des manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes, y compris dans celles qui n'en avaient plus vu depuis la guerre d'Irak en 2003. Plus de 50 000 personnes ont manifesté à Londres et plus de 15 000 à Belfast. Il y a même eu une manifestation de 100 personnes à Lerwick dans l'archipel des Shetland. Pour l'écrasante majorité des participants, il s'agissait de leur première grève. Deux écoles sur trois étaient fermées, les musées et les tribunaux également, et les opérations non urgentes dans de nombreux hôpitaux ont été annulées.
La grève a été un énorme succès non seulement en raison de sa taille, mais parce que tout le monde savait qu'il ne s'agissait pas seulement des retraites mais aussi de la défense des services publics et, au final, de savoir qui doit payer pour la crise. La grève a aussi posé la question générale des retraites. Le gouvernement dirigé par les conservateurs a déclaré qu'il était injuste que les travailleurs du secteur public touchent une meilleure pension que ceux du privé. Mais il n'a rien dit sur les revenus annuels de plusieurs millions de livres qu'empochent les banquiers comme par exemple les directeurs de Barclays et Royal Bank of Scotland. Plus de 2, 5 millions de retraités vivent en dessous du seuil de pauvreté de 178 livres par semaine (832 euros par mois). La pauvreté des retraités en Grande-Bretagne est une des pires d'Europe, venant juste après Chypre, la Lettonie et l'Estonie ! La France dépense deux fois plus pour les retraites que le Royaume-Uni.
La grève du 30 a été longue à venir. Dès son élection, le gouvernement dirigé par les conservateurs a annoncé qu'il déclencherait la guerre contre les services publics, et la rémunération et les conditions de vie des travailleurs en général. Bien que le TUC (union des syndicats) ait décidé en septembre 2010 d'organiser une action coordonnée nationale contre ces attaques, il lui a fallu six mois pour organiser une manifestation nationale de 500 000 personnes le 26 mars. Malgré le succès important de cette manifestation, les directions des trois grands syndicats et du TUC ont été réticentes à poursuivre l'action. C'est seulement après l'immense succès de la grève du 30 juin, organisée par les syndicats d'enseignement (UCU, NASWUT et NUT) et le syndicat des fonctionnaires PCS, que tous les autres syndicats et le TUC ont finalement décidé d'appeler leurs adhérents à la grève.
Les dirigeants de la plupart des syndicats ont été poussés à organiser la grève sous la pression de leurs membres et parce qu'ils n'avaient plus guère d'autres choix. Le gouvernement a fait traîner les négociations depuis le début de l'année sans aucune concession et a même imposé des modifications sans négociation aux régimes de retraite, comme le recul à 67 ans de l'âge de départ pour les jeunes travailleurs.
Le gouvernement accélère les attaques contre la classe ouvrière au moment où la récession est sur le point de se transformer en dépression : les travailleurs du secteur public, qui subissent déjà un gel des salaires de deux ans, verront ensuite toute augmentation plafonnée à 1 %. Avec une inflation à 5, 4 %, cela correspond à une baisse de 20 % des salaires en quatre ans. Le gouvernement a annoncé la suppression de 710 000 postes de fonctionnaires qui s’ajoute à celle de 400 000 annoncée l'année dernière ! Osborne, le ministre des Finances, a déclaré qu'il ferait « tout ce qu'il faut » pour réduire le déficit. Cela signifie des allégements fiscaux pour les riches et de l'argent récupéré dans la poche de tous les autres.
La grève du 30 novembre ne peut être qu'un début dans la résistance contre le gouvernement. Le mouvement doit être intensifié avec des dates d'action prévues pour le début de l'année prochaine concernant les travailleurs du privé. Les jeunes et les étudiants doivent être impliqués car le report de l'âge de la retraite aura un effet immédiat face au chômage des jeunes de moins de 25 ans actuellement au niveau record de 20 %.
La grève de mercredi en Grande-Bretagne a été suivie le lendemain par une grève générale d'une journée en Grèce et le vendredi par une journée syndicale unitaire en Belgique. La solidarité à l'échelle européenne et l'action commune est plus que jamais nécessaire pour faire reculer l'assaut néolibéral sur tous nos acquis de l'après-guerre.
Fred Leplat (traduction Jacques Radcliff)
Combien de vies pour un manteau?
Les
défenseurs des animaux "Anima Naturalis" ont organisé une protestation nu au milieu de la place Plaza de
España dans le centre de Madrid, le 4 Décembre 2011, pour dénoncer le
meurtre des animaux pour fabriquer des manteaux de fourrure. Les hommes et
les femmes, couvertes de peinture rouge qui ressemblait à du sang, se
coucha et recroquevillé les uns contre les autres sous un ciel ensoleillé de la
place occupée qui est le foyer de plusieurs cinémas, cafés et
restaurants. La pancarte dit «Combien de vies pour un manteau?". Getty Getty
samedi 3 décembre 2011
Documentaire : Prêt à jeter
Dans les pays occidentaux, on peste contre des produits bas de gamme
qu'il faut remplacer sans arrêt. Tandis qu'au Ghana, on s'exaspère de
ces déchets informatiques qui arrivent par conteneurs. Ce modèle de
croissance aberrant qui pousse à produire et à jeter toujours plus ne
date pas d'hier. Dès les années 1920, un concept redoutable a été mis au
point : l'obsolescence programmée. "Un produit qui ne s'use pas est une
tragédie pour les affaires", lisait-on en 1928 dans une revue
spécialisée. Peu à peu, on contraint les ingénieurs à créer des produits
qui s'usent plus vite pour accroître la demande des consommateurs.
Réalisateur : Cosima Dannoritzer
Réalisateur : Cosima Dannoritzer
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