Une crise suicidaire se superposerait-elle à la crise financière que
connaîtrait la Grèce? Un bien triste constat sur lequel revient le Wall Street
Journal, dans un pays où, selon le ministère de la Santé, le nombre de suicides
a pratiquement doublé depuis le début de la crise, qui a entraîné chômage et
incapacité des ménages à rembourser leurs dettes. Selon l’autorité statistique
grecque, le taux de suicide de la Grèce figurait parmi les
plus bas de l’Union européenne entre 1990 et 2009.
Plus précisément, les
Grecs seraient plus de 40% de plus à s'être suicidés dans les cinq
premiers mois de l'année, selon le ministère de la Santé.
Klimaka est une organisation caritative qui tient une ligne téléphonique d’urgence
de prévention du suicide, dont les employés témoignent recevoir plus de 100
appels par jour au lieu de 10 avant la crise. Ils estiment que la catégorie la
plus concernée par le risque de suicide est des hommes entre 35 et 60 ans qui
sont financièrement ruinés. Dans la ville de Thessalonique, un homme d’une
cinquantaine d’années s’est immolé (attention, certaines images peuvent
choquer) à l’entrée d’une banque; il a survécu après avoir été rapidement
conduit à l’hôpital.
«Ces hommes ont perdu une part de leur identité, en tant que mari et
gagne-pain de la famille, et ne se considèrent plus comme des hommes d’après nos
standards culturels», explique Aris Violatzis, psychologue de l’organisation
Klimaka.
La psychologue insiste sur «un nouveau phénomène d’entrepreneurs, sans aucun
précédent de maladie mentale, qui sont retrouvés morts toutes les deux semaines».
Yiannis Kakoutis est l’un d’entre eux, témoigne le Wall Street Journal. Fournisseur de
matériel médical aux hôpitaux grecs, aux finances devenues incontrôlables, il ne
pouvait couvrir ses frais avec le retard pris par les hôpitaux pour le payer. Sa
femme l’a retrouvé pendu dans la cave. Elle a pu retracer l’ensemble des
factures et chèques de son défunt mari; elle y a retrouvé la preuve que son
mari avait fait appel à des prêts usuriers auprès de certains chirurgiens et
avait remboursé près de 3 millions d’euros pour un prêt de 1,3 million d’euros.
Elle souhaite les mettre en examen pour «usure». «J’ai besoin
de justice», affirme-t-elle.
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