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vendredi 1 juillet 2011

M. Trichet contre la rue et les urnes

Source: Marianne2

Le mouvement des Indignados a fait souffler sur une partie de l'Europe un vent de révolte populaire que les « euroligarques », Jean-Claude Trichet en tête, semblent vouloir ignorer.



(capture d'écran Dailymotion - BFMTV - cc)
(capture d'écran Dailymotion - BFMTV - cc)


« Avec l'euro, un marché commun doté d'une monnaie unique a vu le jour, créant ainsi prospérité et richesse pour nous tous ». C’est ce qu’affirme un texte (1) signé par 48 des plus grands patrons français et allemands. « Les entreprises européennes profitent de ce développement », précisent les signataires, levant ainsi toute ambigüité sur le « nous ». C’est en effet incontestable. Pour la France, une étude publiée le 22 juin note ainsi que les entreprises du CAC 40 ont vu leurs profits bondir de 74,1% entre 2009 et 2010. Et le cru 2011 ne devrait pas décevoir.

Les auteurs de l’appel poursuivent : « le retour à une situation financière stable coûtera de nombreux milliards d'euros, mais l'Union européenne et notre monnaie commune en valent la peine. Nous devons convaincre nos concitoyens de cela ».

Ce n’est pas gagné. En Grèce, l’euro et sa gouvernance portent les souffrances populaires, et conséquemment les mobilisations, à un niveau sans précédent. Le Portugal pourrait suivre. En Italie le mois dernier, puis en Espagne avec l’émergence des « Indignés » (plusieurs centaines de milliers de manifestants le 19 juin), la colère prend de l’ampleur. Et même les pays hors zone euro, mais soumis à la gouvernance made in Bruxelles, ne sont pas en reste : le 16 juin, la République tchèque a connu son plus grand mouvement de grève depuis la seconde guerre mondiale (aucun train, aucun métro). Au Royaume-Uni, des syndicats préparent pour l’automne des grèves dans la fonction publique qui pourraient être historiques.

Si la pression populaire ne se manifeste pas dans la rue, elle s’exprime dans les urnes. Et quand les forces classées à gauche sont impliquées dans la défense et illustration de l’euro, ce sont souvent les mouvements étiquetés « populistes » qui remportent la mise. Ainsi, les succès électoraux spectaculaires des « Vrais Finlandais », ainsi que de la formation de Geert Wilders (aux Pays-Bas), traduisent notamment un rejet de la camisole européenne. Cela n’est pas sans influence : Helsinki et La Haye ont été les capitales qui ont soutenu Berlin sur le thème : « il faut faire contribuer les créanciers privés ». Les dirigeants allemands sont quant à eux pris dans ce dilemme : sauver l’euro à tout prix, mais sans pouvoir ignorer l’« euroscepticisme » qui se répand outre-Rhin à la vitesse grand V.

A la Commission européenne comme à la BCE, on n’ignore rien des ces périls qui montent. La tentation de la fuite en avant se confirme. Jean-Claude Trichet, recevant le 2 juin le prix Charlemagne, a saisi l’occasion pour lancer un ballon d’essai : « serait-ce trop audacieux, (…) avec un marché unique, une monnaie unique et une banque centrale unique, d'envisager un ministre des Finances de l'Union ? ». Un ministre, a-t-il précisé, qui prendrait directement en main les politiques économiques des Etats déviants.

Plus les résistances sont fortes, plus les euroligarques dénient ouvertement les souverainetés populaires. Jusqu’à quand ?

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