La Commission de régulation de l'énergie estime que des hausses de tarifs de plus de 5 % seront indispensables au 1 er janvier 2012. Un choix imposé par le prix du nucléaire fixé par le gouvernement dans le cadre de la loi Nome.
La hausse des tarifs d'électricité de 1,7 % pour les particuliers qui entre en vigueur ce matin permet largement de couvrir les coûts d'EDF. Mais elle ne suffit pas pour faire vivre la concurrence, a estimé hier la Commission de régulation de l'énergie(CRE). Pour que les fournisseurs alternatifs puissent battre les tarifs de l'opérateur historique, l'augmentation aurait dû au moins atteindre le double. A défaut, il faudrait les relever de plus de 5 % au 1 er janvier 2012.
La loi Nome, qui entre en vigueur aujourd'hui, permet aux concurrents d 'EDF de lui acheter de l'électricité nucléaire historique (nom de code Arenh) pour 40 euros par mégawattheure (MWh), puis 42 euros à partir du 1 er janvier 2012. Seul problème, la part correspondant au nucléaire dans les tarifs actuels est d'environ 36 euros. Bref, les fournisseurs alternatifs achètent un produit 40 euros qu'ils revendent 36 euros.
Ciseau tarifaire
C'est ce qu'on appelle un ciseau tarifaire. Si le gouvernement avait choisi un niveau moins élevé pour l'Arenh, cette perte n'aurait pas eu lieu, mais l'Etat actionnaire s'est rangé aux arguments d'EDF, qui demandait un prix élevé.
Le message de la CRE est clair : le prix de l'Arenh fixé par le gouvernement nécessitera des hausses de tarifs si l'on veut que la concurrence se développe. Ce message intervient alors que la Commission européenne n'est pas été convaincue par l'administration française lors d'une rencontre à Bruxelles, vendredi dernier. « Nous attendons d'autres explications », a déclaré la porte-parole du commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia.
Le paradoxe de la loi Nome n'est pas seulement que la concurrence soit conditionnée à des hausses de tarifs. C'est aussi que les fournisseurs alternatifs se ruent sur l'Arenh alors qu'ils estimaient initialement son prix trop élevé. Selon les chiffres de la CRE, ceux-ci ont déjà demandé un volume de 61,3 térawattheures, soit près du double de ce qui était prévu.
Pourquoi un tel engouement ? Sur le segment des clients industriels, où la demande est importante, le niveau de l'Arenh permet de concurrencer EDF parce que les prix sont plus élevés. Sur celui des particuliers, ce n'est pas le cas. Mais les acteurs ont trouvé une parade.
Dès 2008, Direct Energie et Poweo ont acheté de l'électricité aux enchères à un prix fixe, de 42 euros le MWh pour 2010. Initialement, ces volumes étaient destinés à leurs clients finals. Mais EDF a accepté qu'ils puissent les vendre sur le marché de gros, où les prix dépassent 55 euros le MWh. De quoi financer les pertes réalisées avec l'Arenh, voire empocher des plus-values.
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