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vendredi 2 juillet 2010

Affaire Guillon - Porte

Source : Lemonde.fr

"France Inter est MA radio", "Val démission" ou un plus direct et provocateur "Jean Cule Hees". A l'appel de l'intersyndicale de Radio France et de plusieurs réseaux sociaux, près de deux mille personnes se sont rassemblées, jeudi 1er juillet en fin de journée, devant la Maison de la Radio à Paris (16e), pour protester contre le non-renouvellement des contrats de Stéphane Guillon et Didier Porte sur France Inter.

L'annonce leur en a été faite la dernière semaine de juin par Jean-Luc Hees, le PDG de Radio France (dans un entretien au Monde) et Philippe Val, le directeur de France Inter. Plusieurs personnalités politiques de gauche (le sénateur communiste Jack Ralite et Jean-Luc Mélenchon du Front de gauche) sont venus soutenir les deux humoristes qui ont dénoncé la "mise au pas de la radio publique".

"Nos licenciements sont politiques", a souligné M. Guillon en mentionnant la mobilisation des auditeurs qui auraient envoyé plus de 100 000 courriels de protestation à la direction de France Inter. Dans une imitation de Nicolas Sarkozy, il a dénoncé le péché originel de la nomination de M. Hees à la direction de Radio France par le chef de l'Etat : "Hees est un ami. Val aide Carlita à écrire son nouvel album, il n'y a pas de collusion", a-t-il dit sous les applaudissements.

Pour sa part, Didier Porte s'est attaqué au "mépris, au cynisme et à la brutalité de Hees".

CHRISTOPHE ALÉVÊQUE CONTACTÉ

Venu soutenir les deux hommes, l'acteur François Rollin, qui a également travaillé sur France Inter, s'est indigné : "Avec Val à Charlie Hebdo, il est possible de dénoncer le fondamentalisme en publiant les caricatures de Mahomet, mais avec le même à la direction de France Inter, il est interdit de critiquer le président de la République".

Christophe Alévêque, se présentant comme "un humoriste de gauche", a révélé qu'il avait été contacté par Stéphane Bern, l'animateur du "Fou du roi", pour succéder à Didier Porte à la rentrée. "Je réfléchis mais je ne suis pas sûr que Val accepte cette nouveauté. Peut-être serai-je le premier chroniqueur à être viré par Val avant même d'avoir accepté la proposition", a t-il dit.

Jean-François Téaldi, secrétaire général de la CGT France Télévisions, qui était venu apporter le soutien des salariés du groupe public audiovisuel aux deux humoristes, a rappelé que c'était devant cette même Maison de la Radio qu'en mai 68, les journalistes se rassemblaient pour protester contre la mainmise du pouvoir gaulliste sur la radio. Reprenant le mot d'ordre des travailleurs sans-papiers, M. Téaldi a lancé à propos de MM. Guillon et Porte : "Ils bossent ici, ils vivent ici, ils restent ici."

"JE N'AI JAMAIS CENSURÉ PERSONNE"

Dans un entretien à l'AFP, M. Val a réfuté toute accusation de censure. "Je trouve insultant et un peu déplacé pour les 400 salariés de France Inter, journalistes et producteurs, et pour les millions d'auditeurs que Didier Porte et Stéphane Guillon s'érigent en étendard exclusif de la liberté d'expression sur le service public, a-t-il dit. Je n'ai jamais censuré personne. Tous les journalistes et producteurs de cette antenne ont, auront, ont eu une liberté absolue pour faire leur travail, mais il y a des comportements indignes, diffamants, qui n'ont pas leur place sur une antenne de service public".

"On vous donne rendez-vous ici en 2012 lorsque Val et Hees repartiront avec des plumes et du goudron et nous, nous pourrons à nouveau écouter la différence", a lancé M. Guillon. L'humoriste, surpris de croiser Dieudonné, venu le soutenir entouré de ses gardes du corps, a préféré repartir.

Daniel Psenny

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