Pages

mardi 31 janvier 2012

Les scénarios noirs de l’OFCE en 2012

OFCE = Observatoire français des conjonctures économiques


La Très Grande Récession

Perspectives économiques mises à jour pour les grands pays développés en 2012
Département Analyse et Prévision, sous la direction de Xavier Timbeau
Les perspectives de croissance pour les pays développés et plus particulièrement européens se sont dégradées spectaculairement au cours des dernières semaines. La dépréciation « volontaire et négociée » des titres de dette souveraine grecque, qui n’est autre qu’un défaut souverain, la vague de plans de restriction budgétaire annoncés alors que les lois de finance sont encore en train d’être débattues, l’impuissance de l’Union européenne à mobiliser ses forces dans la crise sont autant de facteurs qui ont rendu les prévisions faites il y a deux mois obsolètes. L’année 2012 sera marquée par une récession dans plusieurs pays européens, dont la France.
Publiés en août 2011, les chiffres de croissance pour le deuxième trimestre 2011 dans les pays développés ont relativisé les signaux positifs du début de l’année 2011. Au troisième trimestre 2011, les comptes nationaux ont été meilleurs qu’attendu, mais le répit serait de courte durée. Les indicateurs conjoncturels pour la majorité des pays développés (cf. note associée) annoncent une réduction de l’activité au quatrième trimestre 2011 et au début de l’année 2012. La zone euro stagnerait en 2012 ; avec +0,4 % de croissance du PIB, l’Allemagne enregistrerait la « meilleure » performance de la zone euro (tableau 1).
La première phase de la Grande Récession, en 2008-2009, a induit le gonflement des dettes publiques (de l’ordre de 16 points dans la zone euro, de plus de 30 points aux Etats-Unis et au Royaume Uni, cf. tableau 2). La phase II sera conditionnée par la façon dont sont digérées ces dettes publiques induites par la crise : ou bien les taux d’intérêts bas permettent de reporter l’ajustement des déficits publics à plus tard et les économies peuvent rebondir, allégeant en conséquence l’ajustement nécessaire ; ou bien l’ajustement est fait immédiatement, amplifié par la hausse des taux publics et par la persistance du sous-emploi (tableau 3). Parce que l’Europe est soumise à la peur du défaut, elle transforme la Grande Récession amorcée en 2008 en Très Grande Récession.
Après le défaut « volontaire » grec, les pays de la zone euro se sont infligés non seulement un ajustement encore plus brutal que le Pacte de stabilité et de croissance ne l’exigeait, mais aussi la contagion et la débâcle générale des dettes souveraines. Les dispositifs, du FESF aux règles d’or, proposés par l’Union européenne n’ont pas convaincu quant à la capacité à résoudre dans le court comme dans le long terme le problème des finances publiques des Etats de la zone euro. D’autant que l’Europe semble oublier que la croissance et le retour au plein emploi sont des éléments fondamentaux de la soutenabilité des dettes publiques et, plus généralement, du projet européen.
Face au risque d’insolvabilité sur les titres souverains, les créanciers exigent des primes de risque plus élevées pour continuer à financer à la fois la dette nouvelle et le renouvellement de la fraction de dette ancienne arrivée à échéance. Ce durcissement des conditions de financement, alors même que les perspectives d’activité se dégradent sous l’effet des restrictions budgétaires, tue dans l’œuf les tentatives d’assainissement des finances publiques. S’engage alors une spirale infernale. Le renchérissement du coût de la dette alourdit les charges d’intérêt, ce qui hypothèque la réduction des déficits et appelle des mesures restrictives supplémentaires pour rassurer les bailleurs. La restriction pèse alors sur l’activité et, en bout de course, creuse les déficits conjoncturels. A quoi les gouvernements, affolés par la résistance des déficits et la perspective d’une dégradation de leur note souveraine, répondent par l’accentuation de la rigueur.
Parce que les économies des pays européens sont étroitement interconnectées, la simultanéité de la mise en œuvre de politiques budgétaires restrictives conduit à amplifier le ralentissement économique global, via un affaiblissement du commerce extérieur (nous avions développé ce point dans notre précédent exercice de prévision). En effet, les politiques de restriction affectent la demande intérieure des pays qui les conduisent et donc réduisent leur production mais également leurs importations. Ce mécanisme réduit les exportations de leurs partenaires commerciaux et donc leur activité, indépendamment de leurs propres politiques budgétaires. Si ces pays conduisent eux aussi une politique restrictive, il faut ajouter à la restriction interne l’effet extérieur (indirect). L’ampleur de ces effets est fonction de plusieurs facteurs. Les effets directs sont essentiellement liés aux impulsions négatives propres à chaque pays. L’effet indirect est plus difficile à mesurer, puisqu’il dépend du degré d’ouverture de chaque pays, de la répartition géographique de ses exportations et de l’élasticité des importations au PIB des pays qui pratiquent la rigueur. Ainsi, un pays très ouvert et dont la majorité des exportations est dirigée vers un pays où la restriction budgétaire est intense subira un effet indirect fort. A cet égard, les pays de la zone euro, très intégrés, vont davantage subir la restriction de leurs partenaires que les Etats-Unis ou le Japon. Leur croissance va donc être largement amputée, repoussant la réduction des déficits conjoncturels. La récession qui s’annonce dans de nombreux pays est le résultat de mesures toujours plus restrictives prises pour tenter de stabiliser le plus rapidement possible leur ratio dette/PIB dans un contexte conjoncturel de plus en plus défavorable.
La course à la rigueur pour tenter de ramener les déficits publics sous la barre des 3 % du PIB et pour stabiliser les ratios de dette vise autant à répondre aux exigences des accords européens qu’à rassurer les agences de notation et les marchés financiers. Ces derniers, et parmi eux les banques européennes, détiennent en effet au moins 50 % des dettes publiques des pays développés, via les titres émis par les agences nationales de la dette publique. De 77 % de la dette publique détenue par les institutions financières en France, ce pourcentage monte à 97% pour l’Espagne.
Dans la zone euro, entre 9 et 23 points de PIB de dette publique selon les pays devront être renouvelés en 2012 (cf. tableau 2). En dehors du Japon, c’est en Italie, qui associe dette élevée et part importante de titres de court terme, que le besoin de financement sera le plus élevé. Si l’on ajoute à ces émissions les besoins liés au financement du déficit public de 2012, le potentiel d’émissions brutes dans la zone euro est compris entre 10 % du PIB en Allemagne et 24 % en Italie.
Ces montants élevés posent problème aux pays soumis à la défiance des marchés. Si le taux d’intérêt auquel ces pays se financent se maintenait en 2012 aux niveaux moyens observés au dernier trimestre 2011, l’Espagne emprunterait à 5 % et l’Italie à 4,3 %. La France et l’Allemagne continueraient en revanche de bénéficier de taux bas (respectivement 1,5 % et 0,9 %). Les taux des émissions de décembre 2011 pour ces deux pays ont, pour l’instant, été peu affectés par les menaces de dégradation des dettes souveraines des pays de la zone euro. Malgré des besoins de financement sur les marchés plus élevés que dans la zone euro en 2012, les taux restent bas au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et au Japon. Paradoxalement, la dégradation de la note souveraine américaine en août 2011 s’est accompagnée d’une baisse du taux à 10 ans et des taux à court terme aux Etats-Unis. Dans ce contexte de fuite vers la sécurité, les programmes massifs d’achats de titres publics sur le marché secondaire, mis en œuvre par la Réserve fédérale (FED), la Banque d’Angleterre (BoE) et la Banque du Japon, maintiennent les taux longs publics à un bas niveau. La politique monétaire joue ainsi à la fois sur les taux d’intérêts à court terme mais également sur les taux à long terme. Le rôle de prêteur en dernier ressort qu’adoptent ces banques centrales en procédant de la sorte rassure les marchés et évite la hausse des taux lors des adjudications. A contrario, le mandat de la BCE et son encadrement strict par l’échafaudage juridique européen limitent son action. La faiblesse relative (2,3% du PIB de la zone Euro contre 11% du PIB américain pour la FED et 13% du PIB britannique pour la BoE) des montants d’obligations publiques achetées depuis 2010 et les dissensions entre pays de la zone euro sur le rôle de la banque centrale alimentent les exigences de couverture des investisseurs par la hausse des primes de risque.
Pour mettre un terme à la débâcle des dettes souveraines européennes, il faut écarter toute possibilité de défaut souverain ; il faut ramener par tous les moyens possibles les taux d’intérêts publics au plus bas ; il faut mettre en place une stratégie européenne de stabilisation de la dette publique d’abord par la sortie du sous-emploi et donc par la croissance, ensuite par l’ajustement des finances publiques.

mardi 24 janvier 2012

Leur dette, notre démocratie (extrait 1)

A l’initiative d’Attac et appuyée par Médiapart, une conférence internationale intitulée « Leur dette, notre démocratie » s’est déroulée toute la journée de dimanche 15 janvier 2012 à l’Espace Reuilly Paris 12e.
A cette occasion, un large échantillon représentatif de protagonistes critiques et opposés à l’actuel système économique et politique européen pour ne pas dire mondial s’est réuni. Devant une assemblée citoyenne dont l’affluence dépasse toute espérance, la question à débattre est celle de la légitimité de la dette et de la réhabilitation de la démocratie.
Analyses et modes d’emploi.



 Source: legrandsoir.info
Aurélie Trouvé, coprésidente d’Attac France, et Edwy Plénel, président et fondateur de Médiapart, font l’ouverture.
Le ton est donné – Aurélie Trouvé remercie Standard & Poors, qui vient de sanctionner la France en lui retirant son triple A, de donner du peps à l’actualité et Edwy Plénel refuse de croire à la fatalité et à la résignation, saluant Attac pour son influence sur la réflexion démocratique, véritable trésor collectif.
Non, la rigueur – pensée dominante qui contamine même une frange de la gauche socialiste – n’est pas la seule alternative. Les solutions sont dans la démocratie et pas dans un homme ou une femme providentiel aux prochaines élections présidentielles françaises.
La prise de conscience de la catastrophe est en train de faire avancer cette alternance créatrice d’une alternative. Le processus ne fait que commencer et la doctrine de Madame Thatcher « There is no alternative » (« Il n’y a pas d’alternative ») est à ranger au placard.
Pour Dominique Plihon du conseil scientifique d’Attac, la déclaration de Standard & Poors quant à ses recommandations montre un véritable aveuglement. En plein paradoxe, l’agence estime qu’il n’y a pas assez de croissance en France et considère pour autant qu’il faille renforcer les politiques budgétaires. Directives insensées puisque cette situation n’est autre que le résultat de cette politique.
Il est temps d’admettre que la dégradation des finances publiques n’est pas due aux déficits des dépenses publiques mais à l’érosion constante des recettes fiscales. Les Etats subissent un véritable hold up des marchés financiers par l’usage de taux d’intérêts élevés fabriquant cette fameuse dette publique (détenue à 70% par des investisseurs étrangers). L’augmentation de cette dette dans le monde est due uniquement à la faillite des marchés, en clair à la faillite du système économique actuel. Son instrumentalisation soumet ainsi les populations à une politique de rigueur – emprise mortifère sur une société.
Sa conclusion : la BCE (Banque centrale européenne) doit passer sous contrôle démocratique pour financer les Etats de façon plus équitable. Le poids de la société civile et sa mobilisation pour une alternative ne sont pas illusoires.
A propos de la dette, Geneviève Azam, également du conseil scientifique d’Attac, pose la question : « Peut-on en sortir ?  »
La dette est au cœur des rapports sociaux. Ainsi une société qui se respecte se doit de partager sa dette, de la faire circuler, avec pour exemple de dette intergénérationnelle celle de la retraite ou encore la dette écologique. Les transformer en dette monétaire sous le coût des institutions financières ne rend en rien quitte d’une redevance à dimension humaine. Peut-on donner un prix à la nature ? Les pays du Nord vis-à-vis de pays du Sud peuvent-ils emprunter sans retour ?
Sa conclusion : décider collectivement des limites de la dette nous rapproche de la liberté.
Syndicaliste à Solidaires, le regard d’Annick Coupé sur la dette se place dans le contexte du débat démocratique. Donner la priorité à la dette anéantit l’idée et le besoin de revendication sociale. Lui allouer une importance démesurée pousse à culpabiliser sur tout autre doléance.
Nous sommes dans la démonstration d’une logique politique de déconstruction sociale. Dixit Denis Kessler, ancien vice-président du Medef, « La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la résistance ». L’objectif, attaquer la solidarité.
Aujourd’hui, une vaste propagande médiatique va dans ce sens. A droite comme au PS, on reste dans cette logique, avec des ambitions politiques actuelles faiblardes. Il est certain que de prochaines mesures antisociales seront mises en place, avant et après les élections.
Sa conclusion : par un débat citoyen, une mobilisation sociale et la mise en branle d’un rapport de forces démontrer le contraire de cette logique est possible.
Marie-Laurence Bertrand, syndicaliste CGT, appelle à un audit citoyen de la dette publique. L’exemple de la dette des collectivités locales provoquée par la banque Dexia justifie cette unique directive. Priorité au développement humain durable.
La dette est-elle légitime ? Comment l’évaluer ? sont les questions que pose Eric Toussaint de CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde).
La dette est le prétexte par excellence pour justifier l’austérité. C’est le moment de terminer le boulot de Thatcher et de Reagan et de briser les reins des grands mouvements sociaux capables de résister. Il n’est pas question de discuter de la légitimité de la dette mais de ventiler les sacrifices qu’elle engendre.
Pourtant, une réflexion s’impose sur le pourquoi de cette dette publique. Le sauvetage des banques, le coût de l’intégration à l’Europe pour certains pays, les politiques libérales des Etats… sont parmi les facteurs qui ont favorisé la dette et servi uniquement les intérêts d’une minorité.
Faire la démonstration de l’illégitimité de la dette permettra de ramener la valeur de celle-ci à un niveau plus juste et plus supportable. Preuve en est quand on sait que 1500 milliards d’euros de dette douteuse entre banques ont déjà été annulés en toute discrétion.
Sa conclusion : pour rembourser la dette, il faut faire un emprunt public. Son mode de fonctionnement : pour une part, contraindre les sociétés et les plus riches qui ont profité de l’endettement à y participer à un taux de rentabilité à 0% et pour une autre part, proposer une rémunération positive aux citoyens.
Pour commencer et tendre à ça, la solution est dans la rue.
Raquel Freire du Portugal, appartenant au Mouvement du 12 mars, dénonce la politique d’austérité du gouvernement portugais et la dictature financière à laquelle il se plie. Pour l’Etat portugais, il n’y a pas d’autre alternative.
Le smic, en dessous des 500€, est le plus bas de toute l’Europe. La misère est à tous les coins de rue dans le pays.
Sa conclusion : sensibiliser les citoyens sur l’illégitimité de la dette, lancer un audit de la dette et organiser la résistance.
La situation tunisienne commentée par Chafik Ben Rouine, membre du Comité pour l’audit de la dette tunisienne, rapporte une inquiétante évolution.
Un an après la révolution et après un audit des créances déclarant une dette illégitime et odieuse du fait de dictature, la question de son remboursement se pose pour autant. Quelle est sa priorité vis-à-vis des nécessités des droits humains tels que la santé, l’éducation se demande Chafik ?
Le plan Jasmin, signé par le gouvernement de transition non élu, oblige pourtant la Tunisie à un endettement de 25 milliards de dollars sur 5 ans. De façon non démocratique et dans le cadre de la réunion de partenariat de Deauville (G 8) en mai 2011, la Tunisie s’est engagée vers la libéralisation et la privatisation sous tutelle de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement).
Sa conclusion : il y a déni de démocratie, le peuple tunisien doit en prendre conscience et réagir.
Isham Christie du mouvement new-yorkais Occupy Wall Street constate que le libéralisme use et utilise l’Etat pour mettre en place son système.
Sa conclusion : la réponse à ce modèle sont les nouvelles formes d’autodémocratie.
Pour Cristina Asendi d’Attac Espagne, le constat est dramatique – l’Espagne est peuplée de résignés et dans les esprits la priorité est de sauver les banques.
Sa conclusion : aidez-nous !
Le cas exemplaire de l’Islande est à mettre en exergue et en avant. Katrin Oddsdottir, membre de l’Assemblée constituante islandaise, raconte.
L’effondrement général de l’Islande a permis de démystifier la stabilité du pays et de révéler une corruption profonde. Durant plus de trois mois, 50 000 Islandais sur une population totale de 300 000 habitants sont descendus dans les rues. Par la persistance et l’insistance, le peuple islandais a su faire évoluer la politique et la situation du pays. A cette issue, un nouveau gouvernement de gauche a proposé une nouvelle constitution. Notons que l’Islande est aujourd’hui le premier pays au monde à avoir une Premier ministre lesbienne.
Ce projet de constitution est tout d’abord passé dans les mains d’un échantillon de 1000 personnes désigné pour réfléchir sur sa forme, des rédacteurs ont ensuite été élus et enfin, les Islandais ont été appelés au vote quant à son contenu. Durant cette période, une grande sagesse populaire s’est vue naitre, favorisant aisément le consensus et apportant un enrichissement certain de la société islandaise. Finalisé en mai 2011 avec des acteurs aux profils très différents, beaucoup de nouvelles idées ont vu le jour : bloquer de lois, distribuer le pouvoir, importance de la transparence…
La nouvelle constitution est aujourd’hui dans les mains du Parlement pour qu’elle soit votée.
Sa conclusion : cette grande tourmente a fait grandir le peuple islandais. Il est maintenant dans l’attente du vote parlementaire, prêt à se battre pour sa validation comme telle.
Yves Sintomer, politiste, pense que quelque chose se termine. Le non écolo et le non économique sont remis en cause. Peser sur le système politique est de plus en plus difficile mais réalisable par les mouvements sociaux et populaires. Le levier fondamental se trouve dans les débouchés institutionnels nécessaires pour mettre en place ce changement.
Il rappelle la valeur et l’importance du tirage au sort qui existait dans les Rome et Athènes antiques. Ainsi, on évitait le monopole des politiciens, on offrait un échantillon représentatif de la population ainsi qu’une prise de parole sous forme d’assemblée générale à discussion de qualité. La vision de la politique était plus impartiale pour les réformes, hors du « juge et partie ».
Sa conclusion : l’exemple est en Islande avec ses solutions durables. L’usage de rustines dans lequel nous sommes embourbés n’est pas viable.
Thomas Coutrot d’Attac assène que la crise globale et planétaire qui est une crise de civilisation va obliger au changement. La contradiction absurde entre capitalisme et démocratie est démontrée – l’heure est au divorce. La menace est à l’effondrement de l’Europe avec pour conséquence un repli identitaire national et un retour au communautarisme.
Sa conclusion : il y a un besoin essentiel de solidarité et de reconstruction générale.
Un certain scepticisme s’exprime chez Bernadette Groison de la FSU. La mobilisation n’est pas à la hauteur de la gravité des événements.
Sa conclusion : devant la difficulté de construire une résistance efficace, il faut amplifier le travail collectif.
Pour Pierre Khalfa de la fondation Copernic, il faut de toute urgence se libérer de ce carcan. Les priorités à cet effet sont : une mobilisation au niveau européen face à la mondialisation ; une coopération et une solidarité entre les Etats ; et enfin, rendre possible l’expression d’une souveraineté populaire.
Sa conclusion : créer des rapports de forces.
La sentence est claire et sans équivoque pour Frédéric Lordon, économiste. Le principe de notation des agences doit être considéré comme périphérique et secondaire. Nous sommes en plein cas de tératologie, discipline chargée de l’étude scientifique des monstres, de la monstruosité. Car c’est bien de ça dont il s’agit – une atrocité de conjoncture.
Soyons réalistes face à la réaction de l’Allemagne, s’il y a le grand effondrement. La croyance monétaire allemande a une plus grande profondeur que celle de la France. Son abandon du système actuel de la BCE est impossible. L’Allemagne ne cèdera rien et la France cavalier seul.
Sa conclusion : il faut le soulèvement et faire table rase. C’est la structure dans son ensemble qu’il faut changer.
D’un point de vue sociologique, Philippe Corcuff affirme que nous sommes dans un état de droit oligarchique et non démocratique. Il est temps qu’il y ait une réappropriation de la technique politique.
Sa conclusion : il est nécessaire de passer à l’auto-organisation et de penser à l’insurrection internationale des opprimés.
A l’heure des conclusions de cette journée de croisements d’opinions, Edwy Plénel reprend le micro avec pour mot de la fin « Tirons le signal d’alarme. Arrêtons le train ». Susan George, présidente d’honneur d’Attac, explique que marché et démocratie sont ontologiquement en opposition. En opposition également au regard du mouvement et du temps – leur vitesse respective les sépare inévitablement. Le marché vit dans la seconde, la démocratie sur des siècles. Il est indispensable de stopper cette domination du marché et de construire des alliances multiples.
La sagesse et l’espérance de Stéphane Hessel, militant politique et ancien diplomate, se résument dans un « Ayez confiance, il faut réagir. Alors, soyez courageux ».
Jean-Marie Harribey, économiste et coprésident d’Attac France, rappelle que l’austérité proclamée et réclamée nous est vendue comme du fédéralisme seulement pour aller au bout des ajustements structurels libéraux et de l’amoindrissement salarial. Alors, ne soyons pas dupes et ne nous laissons pas faire.
Il faisait froid ce dimanche, comme il fait de plus en plus froid dans ce monde, pourtant plus de 1000 personnes ont choisi de venir se rassembler pour écouter, échanger et manifester leur désapprobation vis-à-vis d’un système qui tue. Plutôt que de rester isolés, silencieux et résignés, ces citoyens montrent que leur révolte gronde.
L’inquiétude des marchés ne doit plus aujourd’hui se focaliser sur la fluctuation boursière liée au dictat des agences de notation mais se positionner sur la poussée de la mobilisation sociale naissante.
Que tous ils se méfient.
Muriel Knezek

Leur dette, notre démocratie (extrait 2)

A l’initiative d’Attac et appuyée par Médiapart, une conférence internationale intitulée « Leur dette, notre démocratie » s’est déroulée toute la journée de dimanche 15 janvier 2012 à l’Espace Reuilly Paris 12e.
A cette occasion, un large échantillon représentatif de protagonistes critiques et opposés à l’actuel système économique et politique européen pour ne pas dire mondial s’est réuni. Devant une assemblée citoyenne dont l’affluence dépasse toute espérance, la question à débattre est celle de la légitimité de la dette et de la réhabilitation de la démocratie.
Analyses et modes d’emploi.


Leur dette, notre démocratie (extrait 3)

A l’initiative d’Attac et appuyée par Médiapart, une conférence internationale intitulée « Leur dette, notre démocratie » s’est déroulée toute la journée de dimanche 15 janvier 2012 à l’Espace Reuilly Paris 12e.
A cette occasion, un large échantillon représentatif de protagonistes critiques et opposés à l’actuel système économique et politique européen pour ne pas dire mondial s’est réuni. Devant une assemblée citoyenne dont l’affluence dépasse toute espérance, la question à débattre est celle de la légitimité de la dette et de la réhabilitation de la démocratie.
Analyses et modes d’emploi.


Leur dette, notre démocratie (extrait 4)


A l’initiative d’Attac et appuyée par Médiapart, une conférence internationale intitulée « Leur dette, notre démocratie » s’est déroulée toute la journée de dimanche 15 janvier 2012 à l’Espace Reuilly Paris 12e.
A cette occasion, un large échantillon représentatif de protagonistes critiques et opposés à l’actuel système économique et politique européen pour ne pas dire mondial s’est réuni. Devant une assemblée citoyenne dont l’affluence dépasse toute espérance, la question à débattre est celle de la légitimité de la dette et de la réhabilitation de la démocratie.
Analyses et modes d’emploi.


dimanche 8 janvier 2012

Images de Fukushima le 8 novembre 2011

Images du réacteur numéro 3

L'année 2011 en images

Maisons inondées à Brisbane (Australie) le 13 janvier 2011. REUTERS/T. Wimborne

Prière du vendredi place Tahrir pendant les manifestations en Egypte, le 4 février 2011.    REUTERS/A. Abdallah Dalsh


Des millions de poissons morts (une couche 30 cm de profondeur) ont rempli les eaux entourant les Redondo Beach, près de King Harbor Marina zone portuaire des États-Unis. Des millions de sardines, les anchois et le maquereau sont flottants sans vie à travers les bateaux amarrés dans le port situé à 35 kilomètres de Los Angeles (Californie).
Le manque d'oxygène serai à l'origine de ces décès. Il n'y a pas de nappe de pétrole et aucun signe de contamination chimique de l'eau. le 8 mars 2011 REUTERS/L.Nicholson

 Un tourbillon se forme dans la mer à la suite du tremblement de terre au large d’Oarai au Japon, le 11 mars 2011. REUTERS/Kyodo

 Une vague submerge la ville de Miyako à la suite d’un tremblement de terre au large du Japon, le 11 mars 2011. M. SHIMBUN / REUTERS

 Un piano est submergé par les eaux après le passage du tsunami à Rikuzentakat au Japon, le 21 mars 2011 REUTERS/D. Sagoli


Un homme nage parmi des débris après l’incendie de 500 maisons dans le village de Malabon au Philippines, le 7 avril 2011. REUTERS/E. De Castro

 Des Américains réagissent à l’annonce de la mort d’Oussama ben Laden à Times Square, New York, le 2 mai 2011.    REUTERS/E. Thayer

 No Comment Berlin, le 17 juin 2011. F. BENSCH / REUTERS

 Eclairs au-dessus du volcan en éruption Puyehue-Cordon Caulle au Chili, le 5 juin 2011. C. GUTIERREZ / REUTERS

 Un jeune garçon nage dans des eaux infestées d’algues vertes à Qingdao en Chine, le 15 juillet 2011. REUTERS/China Daily

 Un humanitaire photographie avec son iPad une carcasse de vache morte en raison de la sécheresse à la frontière entre le Kenya et la Somalie, le 23 juillet 2011.    REUTERS/B. Malone

 Des policiers aspergent d’eau colorée des opposants au gouvernement ougandais à Kampala, le 17 août 2011.    REUTERS/J. Akena

 Commémoration en lumières du 10e anniversaire des attentats du 11 septembre à Manhattan, New York, le 11 septembre 2011. G. HERSHORN / REUTERS

 Un homme tente de s’immoler par le feu devant une banque à Thessalonique en Grèce, le 16 septembre 2011. N. STYLIANIDIS / REUTERS

 Le 20 octobre 2011, Kadhafi, fin de partie REUTERS

 Un policier asperge de gaz au poivre des étudiants lors d’un sit-in «Occupy UCD» à l’université UC Davis en Californie, le 18 novembre 2011. REUTERS/B. Nguyen

 No comment France,  le 7 décembre

samedi 7 janvier 2012

Le méthane, la vraie bombe climatique

Les scénarios pessimistes se confirment: des bulles de méthane enfermées sous le permafrost se libèrent sous l'effet du réchauffement dans l’atmosphère et risquent d'accélérer encore ce réchauffement...

Source : Slate

Nord de la Sibérie en 2007. REUTERS/Dmitry Solovyov - Nord de la Sibérie en 2007. REUTERS/Dmitry Solovyov -
L’année 2011 ne restera peut-être pas longtemps l’année la plus chaude depuis le début des relevés, selon Météo France, c'est-à-dire depuis 1863. 2011 dépasse en effet le record de 2003 avec une température moyenne de 13,6°C contre 13,4°C pour l’année de la dernière canicule.
Nous voilà donc en plein réchauffement climatique, même si le Giec affiche toujours la même prudence en matière d’analyse des phénomènes météorologiques actuels. Il n’empêche. Environ 12°C dans la nuit du réveillon, le 31 décembre 2011 à Paris, cela ne s’était jamais vu, de mémoire de grenouille…
Et pourtant, ce qui se prépare pour les prochaines années pourrait encore amplifier ce réchauffement qui fait le bonheur des amateurs de douceur hivernale. Pour l’instant, si l’on suit bien les climatologues du Giec, c’est essentiellement  aux émissions de CO2 provoquées par les activités industrielles de l’homme que l’on doit la vague de chaleur qui saisit la planète.
Or, il ne s’agit peut-être que d’un simple pétard d’amorçage de la véritable bombe climatique à venir: le méthane. La digestion des ruminants et, surtout, les activités humaines en produisent une quantité qui a sensiblement augmenté au cours de l’ère industrielle. Mais le véritable problème vient du «gisement» naturel de méthane enfoui dans les sols gelés de la Sibérie ou du nord du Canada et sous les océans.

Sous le permafrost le gaz

Des milliards de milliards de végétaux et d’organismes vivants ont été piégés par la glace pendant des dizaines de milliers d’années dans le sol gelé, le permafrost (ou pergélisol en français), comme le note le journaliste Justin Gillis dans le  New York Times du 16 décembre 2011. Or, avec le réchauffement climatique en cours, ce carbone «fossile» pourrait se transformer en gaz carbonique et en méthane sous l’action de bactéries et de microbes…
Un second «effet Kiss Cool» pouvant provoquer une sorte de réaction en chaîne: le CO2 réchauffe assez l’atmosphère, la terre et les mers, pour que des bulles de méthane soient libérées dans l’atmosphère; ces bulles accélèrent encore le réchauffement; cette chaleur provoque l’émission de toujours plus de méthane, etc…
Seule bonne nouvelle, la durée de la présence de ce méthane dans l’atmosphère est plus limitée que celle du CO2. Néanmoins, son impact sur l’effet de serre est considéré comme 20 à 25 fois supérieur à celui du CO2 sur un cycle de 100 ans.
Le journaliste du New York Times relate le travail d’une scientifique, Katey Walter Anthony, de l’université d’Alaska à Fairbanks qui, dans les années 2000, est partie à la chasse aux bulles de méthane sur différents lacs de Sibérie. Elle est alors revenue pratiquement bredouille. En octobre 2011, en revanche, elle a pu observer de véritables panaches de méthane s’échappant de la surface de ces lacs. «On pouvait voir  partout des gerbes de bulles», déclare-t-elle.

Des rejets plus rapides que prévus

Ce constat rejoint celui du scientifique russe Igor Semiletov, qui travaille au Centre de recherche arctique international de la même université d’Alaska. Interrogé par The Independant, le 13 décembre 2011, il témoigne de la découverte d’une concentration importante de panaches de méthane jaillissant du fond océanique arctique:
«Nous avions déjà  trouvé des rejets sous forme de torche mais ils ne s’étendaient que sur quelques dizaines de mètres de diamètre. Pour la première fois, nous avons observé des écoulements continus et puissants sur 1.000 mètres de diamètre. Et nous en avons découvert plus de 100 sur une zone assez limitée. Il doit donc en exister des milliers… » 
Ces observations vont dans le sens de l’étude internationale publiée par 41 chercheurs du Réseau de recherche sur le permafrost le 1er décembre 2011 dans la revue Nature. Les deux auteurs principaux, Edward Schuur (Université de Floride) et Benjamin Abbott (Université d’Alaska) révèlent des résultats qui seront pris en compte dans le prochain rapport du Giec, le cinquième, prévu pour 2014.
Les chercheurs estiment que leurs travaux montrent que les rejets de carbone issus du permafrost seront plus rapides que ceux prévus par les modèles actuels. Selon les dernières estimations, les quelque 18,8 millions de km2 de sols gelés dans le grand Nord retiennent environ 1.700 milliards de tonnes de carbone organique. «Soit 4 fois la quantité de carbone émise par l’activité humaine dans les temps modernes et 2 fois plus que celle qui est présente dans l’atmosphère aujourd’hui», indiquent les chercheurs.
Cette nouvelle estimation est trois fois supérieure aux précédentes. Une différence due à une beaucoup plus grande profondeur de piégeage du  carbone dans le sol. Auparavant, les calculs ne portaient que sur le premier mètre d’épaisseur. «La succession des cycles de gel et de dégel et des dépôts de sédiments sur des milliers d’années ont enterré le carbone sur une profondeur bien plus importante», notent les auteurs de la publication.

Mieux étudier la fonte

Autre incertitude: la répartition entre gaz carbonique et méthane qui résultera de la fonte du permafrost. Les environnements pauvres en oxygène favorisent le développement de microbes produisant du méthane mais ils retiennent également plus de carbone dans le sol. Une présence plus importante d’oxygène provoque la prolifération de bactéries qui, elles, produisent du gaz carbonique. Le mix final de ces deux gaz aura un impact important sur le réchauffement climatique.
L’étude publiée dans Nature prend en compte les deux scénarios extrêmes du quatrième rapport du Giec: +2°C ou + 7,5°C en 2100 dans la région arctique. Le réchauffement le plus élevé provoquerait, selon les chercheurs, la fonte de 9 à 15% des 3 premiers mètres d’épaisseur du permafrost d’ici 2040 et de 47 à 61% d’ici 2100. En équivalent CO2, cela représente l’émission de 30 à 60 milliards de tonnes d’ici 2040 et de 232 à 380 milliards de tonnes d’ici 2100. Des résultats de 1,7 à 5,2 fois supérieurs à ceux des modèles précédents.
Dans le même temps, les scientifiques plaident pour l’intensification des mesures sur le terrain afin d’affiner leurs calculs. Les prévisions sur la vitesse de la fonte des glaces de la banquise se sont déjà révélées très sous-estimées par les modèles des climatologues. Ces derniers résultats montrent qu’il reste encore beaucoup de progrès possibles pour mieux évaluer des phénomènes aussi complexes de la fonte du permafrost. Le risque d’accélération du réchauffement sous l’effet de rejets massifs de méthane justifie sans doute de s’y intéresser de près.
Michel Alberganti

Quand Pfizer invite certains journalistes au luxueux Murano Resort

Ils sont conviés le 12 janvier. En échange: confier ce qu’il en est de leurs attentes rédactionnelles, de leurs besoins, des attentes de leurs lecteurs. Conflit d’intérêt? Marché de dupes?

Bactérie MRSA dans un labo de biologie à Berlin en 2008. Fabrizio Bensch / Reuters - Bactérie MRSA dans un labo de biologie à Berlin en 2008. Fabrizio Bensch / Reuters -
«Alors c’est bien comme avant le Médiator?» Telle fut la réaction réflexe d’un confrère journaliste ayant lui aussi reçu l’invitation. Adressée par mail, elle émanait d’une «pharmacienne» travaillant au sein de Chanler Chicco Companies, puissant «groupe de communication santé» international basé (en France) à Neuilly-sur-Seine.
Comme avant le Médiator? Daté du 2 janvier, le courrier électronique avait pour unique objet une «INVITATION PFIZER» concernant un «Petit Déjeuner  - Infections Nosocomiales». Ou plus précisément à une «Table ronde média sur Les Infections Nosocomiales». L’affaire est programmée pour le jeudi 12 janvier de 9h30 à 12h (un long  petit-déjeuner, donc) au sein de l’Hôtel Murano Resort – 15 bd du Temple dans le IIIe arrondissement de Paris. Ici, le petit-déjeuner est affiché «de 20 à 35 euros». Règle d’or de l’établissement récemment cité dans quelques affaires corporelles: When sleeping is not enough
«En partenariat avec Pfizer Antibiothérapie, nous avons le plaisir de vous convier à un petit déjeuner atelier média portant sur les infections nosocomiales qui se tiendra le Jeudi 12 Janvier à l’Hôtel Murano. L’objectif de cet atelier est de faire un point sur cette pathologie encore fréquente et l’état actuel de l’antibiothérapie qui représente un vrai sujet d’actualité, nous expliquait notre correspondante pharmacienne. Nous espérons également mieux comprendre vos approches rédactionnelles et vos besoins en termes d’informations dans ce domaine.  Nous vous proposons d’en discuter avec 3 experts renommés dans ce domaine.»
Mais qu’est-ce que bien être un petit déjeuner atelier média?
On saisit sans mal l’essentiel, sans être grand clerc en communication, qu’elle soit médicale ou pas. Trois médecins spécialistes et plus d’une heure pour chauffer ce qui tiendra en vingt grosses minutes. Vulgariser sans excès ce qu’il en est des microbes en général, du SARM en particulier acronyme pour  «Staphylococcus aureus résistant à la méticilline. On parle aussi de Methicillin-resistant Staphylococcus aureus.
Dans tous les cas un «Staphylocoque doré» ayant trouvé le génie infectieux de résister à l’antibiotique méticilline (ou méthicilline). La hantise  des services de réanimation. Pour autant rien, ici, de bien nouveau à attendre sous le soleil de la microbiologie. Du moins d’un strict point de vue journalistique.
Pour des infectiologues hospitaliers, «faire un point sur cette pathologie encore fréquente et l’état actuel de l’antibiothérapie qui représente un vrai sujet d’actualité» ne constitue pas un exercice d’une particulière difficulté. Il en irait de même pour des salariés spécialisés d’une multinationale pharmaceutique directement concernée. D’ailleurs s’il en était besoin tout ou presque est ici disponible –gratuitement- sur internet. Ici ou . Sans parler d’ici et surtout de .   
Certes. Mais où trouver ailleurs qu’au Murano Resort de Paris les «approches rédactionnelles» et les «besoins journalistiques en termes d’informations dans ce domaine»? En route, donc, pour le Boulevard du Temple et une rencontre d’un autre temps. Car il y a bien quelque chose de délicieusement suranné à proposer de manière aussi candide de débattre autour d’un café-tartine  de «L’infection nosocomiale au SARM dans les médias».
Quelque chose de radicalement décalé à poser ouvertement la question de savoir si les «retombées actuelles sont fréquentes». Parlez-vous moins des infections à SARM que d’autres pathologies infectieuses? Quelles en sont donc les raisons? Estimez-vous avoir, en tant que journaliste spécialisé, une connaissance et une compréhension optimales dans ce champ précis de l’infectiologie et de l’antibiothérapie?
Peut-être y a-t-il encore ici la petite ivresse que peut chez certains générer le flirt innocent avec ce monstre qu’est devenu le conflit d’intérêt. On peut aussi songer à un banal marché de dupes.
«On peut certes trouver le piège quelque peu grossier mais, à l’expérience, c’est assez habile, confie un observateur attentif. On entremêle ici une “information produit” (la communication produit situe toujours la problématique) et un peu de lobbying (l’effet de levier sur les pouvoirs publics; en l’espèce une recommandation des autorités sanitaires qui pourrait ne pas être assez favorable au fabriquant). On ajoute une carotte d’intéressement : “que pourrait-on bien vous fournir, chers journalistes, pour vous être agréable et vous aider dans votre tâche?” Mais par-dessus tout on feint la naïveté de l’agneau venant de naître: laisser croire que le network mondial de la communication ait besoin de réunir les journalistes pour connaître leurs besoins…»
Restent les formes. Faire se rencontrer une Big Pharma avec des membres de la presse santé pour que ces derniers révèlent ce qui les incite à écrire et ce qui ne les inspire pas. Connaître en somme la nature et l’ampleur des moyens qui permettraient  —par différents coups de billards— d’épaissir la couverture médiatique puis l’antibiotique? On ne s’étonnera pas du programme annoncé.
Tout d’abord une «discussion sur les angles/accroches de communication autour de pneumonies nosocomiales/SARM». Ensuite une définition du «vocabulaire adapté». Enfin quelques donnés concrètes sur «l’information, les ressources et les données nécessaires». Ailleurs on parlerait d’éléments de langage.
Xavier Bertrand, ministre en charge de la Santé l’a dit et redit, promis et répété; presque juré. « Il y a eu un avant. Il y aura un après Médiator.»
Jean-Yves Nau