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samedi 24 décembre 2011

Looking for Nicolas Sarkozy

Ils sont 18. Et par petites touches, ils se livrent à l’art délicat du portrait du Président français. Un tableau impressionniste, relativement nuancé, d’un Nicolas Sarkozy qu’ils ont tous, un temps, porté aux nues, et qu’ils vouent désormais aux gémonies. Ils sont correspondants à Paris pour des organes de presse étrangers, américains, anglais, africains et même belge. Et, stupéfaits par la déférence dont font preuve les journalistes français face à leur petit monarque, ils osent gratter là où ça fait mal (tellement que la société qui a produit ce film a refusé de fournir à la presse télé des copies DVD du sujet), où les reporters de la République n’osent pas s’aventurer -Nicolas Sarkozy étant, il est vrai, un champion de la dégomme (PPDA lui devrait ainsi par exemple son éviction du JT de TF1 pour l’avoir traité de « petit garçon »). Là ne s’arrête pas l’intérêt du parti-pris de ce Portrait d’un inconnu. En se décentrant du prisme belgo-français à travers lequel on appréhende nos voisins, le regard de ce documentaire se veut culturellement multiple. On apprendra ainsi que les Russes, fans de Mireille Mathieu, ont été soulagés de l’entendre chanter ses Mille colombes lors de l’élection de son plus grand fan: « Si Mireille Mathieu est aux côtés de Nicolas Sarkozy, pour nos affaires, ce n’est pas si affreux ». Ou encore que les Chinois étaient ravis de le voir s’unir à Carla Bruni: « En Chine, épouser un mannequin, c’est vraiment quelque chose. » Le film foisonne d’anecdotes et d’images d’une rare cocasserie, et si on y rit beaucoup, il rappelle surtout les grands ratés du règne du dernier roi de France, en particulier la gestion du dossier rom, unanimement considérée comme « une dégueulasserie » par les correspondants étrangers. Cependant, comme le dit le virulent journaliste suisse Jean-Philippe Schaller, tourné vers la campagne 2012: « Comme candidat, comme bateleur de foire en campagne, il va être excellent, il le sait. »

samedi 10 décembre 2011

Croissance infinie dans un monde fini

Les rencontres de Cannes

Modérateur : David Abiker

Intervenants : Jean-Marc Daniel – Philippe Frémeaux – Bernard Perret.
Elèves : Alexandre Perrier (Stanislas) - Krys Ottino (Carnot) - Jérémie Pandolfi (Bristol).



L'enfer et les bonnes intentions


Auteur : Jean-Marc JANCOVICI (Ingénieur Conseil)
 
Par un tour de passe-passe totalement inattendu, un tsunami japonais a donc mis l’énergie au centre de notre élection présidentielle. La voie empruntée est originale, mais il était temps que cela arrive !
Qu’est-ce que l’énergie ? Tout simplement ce qui permet de chauffer, refroidir, déplacer, tordre, étirer, laminer, mélanger, transmettre, creuser, ériger… en clair transformer ce qui nous entoure. En ayant multiplié par plusieurs centaines l’action de nos seuls muscles sur l’environnement, l’énergie est devenue le sang des sociétés industrielles. Tant que les ressources sont sans limites, plus on a d’énergie et plus on peut créer de flux physiques, dont le PIB n’est que la traduction monétaire.
Entre 1880 et 1975, chaque terrien a disposé de 2,3% d’énergie supplémentaire par an, pouvant ainsi créer, toutes choses égales par ailleurs, 2,3% de flux physiques en plus. Dans le même temps, l’efficacité énergétique de l’économie, parfois appelée « progrès », rajoutait une production supplémentaire par unité d’énergie. Avant les chocs pétroliers, le PIB par être humain progressait alors de 3% par an. En 1980, le pétrole, qui fournit toujours 40% de la consommation planétaire d’énergie finale, est brusquement passé de 5,5% de croissance annuelle moyenne à… 0,8% (et depuis 2005 c’est zéro).
Malgré l’augmentation du gaz et du charbon, la croissance de l’énergie par terrien est soudainement descendue à 0,2% par an. L’efficacité énergétique a continué, de 1% par an (mais pas plus ; aucune dématérialisation accélérée n’a eu lieu). La croissance du PIB par habitant de la planète est alors passée de 3% à 1% par an, engendrant au passage notre problème de dette en Occident.
En 2010, la France a consommé 1800 TWh (un TWh = un milliard de kWh) d’énergie finale, pour un PIB de 1900 milliards d’euros, soit environ 1 kWh d’énergie finale par euro de PIB. 750 TWh viennent du pétrole, 450 du gaz, 300 du nucléaire, 100 du charbon, 100 du bois et 50 de l’hydroélectricité (l’éolien fait 10 et le photovoltaïque 1). Diviser par quatre nos émissions de CO2 d’ici à 2050, comme la loi de 2005 sur l’énergie le prévoit, implique de passer de 1350 à 350 TWh sur les énergies fossiles.
Et les renouvelables ? Comme elles demandent beaucoup plus de capital par kWh que les énergies fossiles, 200 TWh supplémentaires donne un ordre de grandeur. Reste le nucléaire. Si nous le supprimons, ce qui est le but de EELV, il reste 700 TWh en 2050. En conservant 1% de gain annuel sur l’efficacité énergétique de l’économie (hypothèse discutable, car ce progrès suppose une rotation du capital qui disparaît en récession), notre PIB serait alors de 900 milliards d’euros environ en 2050, soit la moitié d’aujourd’hui. Savoir si ce serait un bien ou un mal pourrait être un long débat. Mais le PS a-t-il bien compris que c’est cela qu’il soutenait dans les faits ?
Jusqu’où peut-on faire autrement ? Pour les combustibles fossiles, une partie de la messe est dite de toute façon. La production mondiale de pétrole diminuera de moitié environ d’ici à 2050. Avec l’effet d’éviction du aux émergents qui prendront une part croissante de ce qui restera, une division par quatre de notre approvisionnement est assez vraisemblable. Le gaz européen vient pour 60% de la Mer du Nord, qui a entamé son déclin, et les Russes ne compenseront pas la différence. Incidemment, cela rend impossible de remplacer le nucléaire par du gaz en 2030 : le gaz nécessaire ne sera pas là ! Il vaut mieux consacrer nos capitaux à remplacer gaz et fioul du chauffage (environ 400 TWh au total) par de l’isolation et… de l’électricité nucléaire. Idem pour les transports, où il faut supprimer 400 à 500 TWh de pétrole en divisant la consommation des véhicules par 3, et en électrifiant une partie des véhicules… sans CO2.
Nos amis Allemands, souvent cités en exemple, ne s’apprêtent pas du tout à faire la « transition vers les renouvelables ». Ils vont surtout faire appel au gaz russe - au détriment des autres européens - et au charbon, qu’ils ont chez eux, et augmenter leurs émissions de CO2. Ils sont déjà à 10 tonnes par personne et par an - contre 6 pour un Français - alors qu’il faut viser 2 tonnes en 2050 ! La sortie du nucléaire en Allemagne sera(it) un coup terrible porté à « l’Europe du climat ». Belle réalisation écologique, en vérité…
A l’opposé, si nous supprimons trois quarts des fossiles, ce qui est imposé, doublons les renouvelables, ce qui est possible, et augmentons le nucléaire de 50%, cela permet plus de 1000 TWh et 1400 milliards d’euros de PIB en 2050. Cette option, qui suppose un plan comme nous n’en avons jamais vu depuis la reconstruction, et, déjà, l’oubli de la croissance comme objectif cardinal, est probablement jouable dans un monde qui reste pacifique et démocratique. En y rajoutant la sortie du nucléaire, c’est moins sûr.

vendredi 9 décembre 2011

Le trou de la secu plus important que prévu

La masse salariale a reculé au troisième trimestre, pour la première fois depuis deux ans. Cette baisse inattendue affecte les comptes de la Sécurité sociale.


C'est un recul inattendu. Pour la première fois depuis deux ans, la masse salariale des entreprises du secteur privé a reculé au troisième trimestre, selon les chiffres publiés ce jeudi matin par l'Acoss, l'organisme qui recouvre les cotisations pour le compte de la Sécurité sociale. Le recul est léger (-0,1 % par rapport au deuxième trimestre) mais il illustre la brutalité du retournement de l'économie française en milieu d'année.
Il résulterait de la conjonction de deux phénomènes selon l'Acoss : une contraction de l'emploi alors qu'il progressait depuis début 2010, et une diminution du salaire moyen par tête (SMPT). La contribution de l'emploi à la baisse de la masse salariale reste sujette à discussion. Si l'organisme fédérateur des URSSAF estime que 10.000 postes ont été perdus en un trimestre, soit une baisse de 0,1 %, Pôle emploi, qui a rendu publiques mercredi ses propres estimations en la matière, conclut, lui, sur un champ un peu différent, à la création de 5.000 postes salariés, soit une quasi-stabilité. Comme l'Insee. L'Institut de la statistique a divisé ce jeudi matin par deux son chiffrage des créations de postes au troisième trimestre à 3.600.

Tendance alarmante pour les comptes sociaux

La baisse, surprise, du SMPT est évaluée à 0,2 % par l'Acoss. « Cette diminution pourrait s'expliquer en partie par un moindre recours aux heures supplémentaires », précise-t-elle dans sa note. Le 23 novembre, elle a annoncé qu'au troisième trimestre, la croissance de leur volume a fléchi nettement, revenant à une progression de 1,1 % sur un an après 6,3 % sur le deuxième trimestre et 5,9 % au premier trimestre.
Le premier semestre avait été très dynamique pour la masse salariale (+2 % et +0,9 % au cours des deux premiers trimestres). Du coup, en glissement annuel, la masse salariale ne progresse plus que de 3,3 %. Cette tendance est alarmante pour les comptes sociaux. Le budget de la Sécurité sociale pour 2011, qui prévoit un déficit de 18 milliards d'euros pour le régime général, a été construit sur une prévision de masse salariale en hausse de 3,7 %. Après le mauvais chiffre du troisième trimestre, il est désormais presque certain que cette progression ne pourra pas être atteinte. Le déficit risque donc être plus important que prévu.
DOCUMENT  : La note de l'Acoss
La masse salariale et l'emploi du secteur privé au 3e trimestre 2011 - Acoss





Creusons le trou de la sécu, c'est bon pour nous !
Le "trou de la sécu" est devenu presque aussi attaché à l'image que que nous avons de notre pays que le château de Versailles ou la Tour Eiffel. Il est vécu comme une espèce de fatalité qui laisse régulièrement place à la volonté de le combler. Cette politique porte sur la culpabilisation (les français consomment trop de médicaments) ou la désignation de responsables (les vieux). Les leviers utilisés sont soit une (légère) augmentation des recettes soit des déremboursements qui font augmenter la part des mutuelles privées (la sécu finance environ 77% des dépenses et ce chiffre s'érode lentement). Et finalement, si augmenter les dépenses de santé, c'était bon pour nous? Cette idée iconoclaste ne sort pas uniquement de mon cerveau tordu mais également des travaux de Brigitte Dormont. (sa publication ici)

Etat des lieux
Le fameux trou a commencé à se creuser depuis 20 ans et le déficit s'amplifie à l'exception notable du tournant du millénaire marqué par une forte croissance économique et une baisse du chômage. L'année 2010 devrait marquer un nouveau record.
800px-Trou-de-la-securité-sociale 
Les dépenses les plus importantes concernent l'hôpital (45% du total), la médecine de ville (plus de 25%) et les médicaments (20%). On voit donc que ces derniers, qui sont souvent pris pour cible et comme base de la politique de réduction des déficits (campagne de com', génériques, ...) ne représentent qu'1/5ème du total.
La France dépense-t-elle plus que les autres pays pour sa santé ? 
45550172Données santé 2010 
Deux constatations s'imposent :
  • Nous sommes bien dans le "haut du panier" (11.2% du PIB consacré à la santé), 2 points au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE. Mais nous sommes à un niveau très proche de voisins comme la Suisse, l'Allemagne ou la Suède. Et nous sommes très, très loin des Etats-Unis
  • Nous sommes le pays de l'OCDE dont le financement public de la santé est le plus élevé (8.3% du PIB). Ceci résulte de notre choix d'avoir un modèle massivement basé sur la solidarité organisée par l'État
Qu'en est-il de l'évolution? Elle est massive. Entre 1960 et 2006, la part de la richesse nationale consacrée à la santé est passée dans l'Hexagone de 3.8% à 11.1%. Dans le même temps, elle bondissait de 5.1% à 15.3% aux USA. Bref, la France n'est pas surconsommatrice de santé comme on l'entend souvent, elle s'inscrit dans une tendance lourde observée dans tous les pays industrialisés.
A qui la faute ?
L'espérance de vie s'est accrue considérablement, ceci a été dit et redit lors du débat sur les retraites. Et elle va continuer de s'accroître. Dès lors, il est tentant (et beaucoup le font) d'imputer à la part grandissante des vieux l'augmentation des dépenses de santé. Ce n'est pas si simple. Comme on pouvait s'y attendre, la consommation de santé s'accroît avec l'âge :
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Mais il faut se méfier des stats. En effet, des études menées sur les dépenses de Medicare (couverture maladie pour les plus âgés aux Etats-Unis) montrent que 30% des dépenses sont absorbés par les 5% de patients qui décèdent dans l'année. Les dépenses de santé augmentent donc avec l'âge mais surtout avec la proximité de la mort (qui intervient souvent, fort heureusement, à un âge élevé) :
Screenshot - 14_07_2010 , 16_40_13 
Ainsi, le vieillissement de la population n'explique pas les hausses de dépenses de santé  plus l'espérance de vie augmente, plus la mort est repoussées ainsi que les dépenses afférentes. Le fait que les dépenses de santé pour un individu augmente à l'approche de la mort n'est évidemment pas un plaidoyer en faveur de l'euthanasie. Si l'argument moral n'était pas suffisant, des études ont montré que le pronostic des médecins quant aux chances de survie des patients âgés entrés à l'hôpital est relativement peu fiable ...
Alors d'où vient l'augmentation? Des changements de pratiques médicales et de l'introduction de nouvelles technologies (opératoires ou médicamenteuses). Cela ne veut pas dire que ces nouveaux traitements coûtent plus cher. Au contraire, ils sont souvent moins coûteux. Mais comme ils sont (en général) plus efficaces et comportent moins d'effets secondaires, ils sont applicables à plus de personnes. C'est donc l'effet de volume qui tire les dépenses vers le haut.
Prenons le cas de l'infarctus. Il est dû au fait que les artères coronaires se bouchent. On procédait auparavant par pontage: il fallait opérer à cœur ouvert, ce qui ne pouvait pas être appliqué à tous et comportait une chirurgie lourde avec des risques post-opératoires importants. On peut maintenant visualiser les artères de façon non invasive via la cathéterisation puis dilater les artères (angioplastie) avec éventuellement un petit ressort (le stent) pour empêcher l'artère de se refermer. Ces dernières techniques se font en remontant via les artères mais sans ouvrir le thorax. Elles coûtent donc moins cher mais ont été appliquées à beaucoup plus de patients. Le bénéfice thérapeutique global sur l'ensemble de la population est indéniable mais le coût est plus élevé au global. Notons que l'augmentation de la dépense peut être maximisée par la prévalence de la maladie (c'est le cas pour les maladies cardio-vasculaires) mais le graphique suivant isole ce facteur (il est exprimé en % des patients). 
Screenshot - 14_07_2010 , 19_09_19
Au final, sur les 54% d'augmentation de dépenses entre 1992 et 2000, on peut décomposer entre :
  • +58% pour les changements des pratiques médicales
  • -10% pour les changements de morbidité (moins de maladies)
  • +3% pour l'augmentation de la taille de la population
  • +3% pour le vieillissement de la population
Jusqu'où aller et comment financer?
Evidemment, tous les progrès ne sont pas bons et certaines techniques ou médicaments apportent un surcoût sans réelle avancée. Mais au final, ces surcoûts correspondent à un réel bénéfice aux malades et à la société. Dès lors, peut-on fixer un niveau de dépenses optimal pour maximiser ce bien-être?
Des études ont été menées à ce sujet. Le premier apport est bien sûr celui de la vie allongée et/ou améliorée, pour le malade mais aussi sa famille, son entourage, le capital "culturel" du malade,... Comment quantifier le coût d'une année de vie? Certaines études chiffrent une vie entière entre 2 et 9 millions de dollars. D'autres à 6 M$ (basés sur les chiffres US de l'Agence de Protection de l'Environnement). La base a été fixée à 100.000$ par année de vie en plus par Cutler. Bref, ce montant est forcément sujet à débat et il ne peut exister une vérité indiscutable sur la question. Néanmoins, fixer cette valeur est nécessaire pour jauger de l'efficacité et de la nécessité des politiques en matière de santé.
Ce montant est pondéré par un coefficient appelé QALY (Quality Adjusted Life-Year). Une dépression guérie va par exemple permettre d'améliorer la vie d'un patient d'un coefficient QALY de 0.3 et donc rapporter 30.000$ de bénéfice social. Sauver un patient de la mort a un QALY de 1 (et donc "génère" 100.000$). Si l'on reprend l'exemple du traitement des infarctus, pour chaque année de vie en plus (100.000$), le surcoût a été de 30.000$. On peut donc dire très trivialement que "ça vaut le coup". 
Et encore, le calcul fait l'impasse sur les bénéfices plus directs: un homme sauvé d'une crise cardiaque à 50 ans va pouvoir travailler 10 ans de plus, un dépressif guéri retravailler,... Il y a donc un vrai gain économique et humain en face de l'augmentation des coûts de santé. Jusqu'où doit-on aller comme cela? Des études ont montré que l'optimum pourrait être autour de 25% du PIB consacré à santé, soit plus du double de la part actuelle ! Au-delà, on passe l'optimum et les soins coûtent plus chers que le bénéfice attendu. Loin de restreindre les dépenses de santé, il nous faudrait donc les augmenter ! Si, comme on l'a entendu à l'envi lors du débat des retraites, «l'espérance de vie n'a cessé d'augmenter depuis 50 ans et cela va augmenter», c'est en bonne partie grâce à l'augmentation des dépenses de santé. Et si l'on veut que cela continue, cela ne se réalisera pas en dépensant moins.
Comment financer tout cela? Seule une hausse drastique des cotisations peut le permettre, ce qui ne manquerait pas de provoquer une levée de boucliers sur le pouvoir d'achat des ménages et/ou la compétitivité des entreprises. Pour ce qui est des ménages, la santé n'est-elle pas une priorité entre les priorités? Quant aux entreprises, si l'augmentation du coût du travail est un frein, le fait d'évoluer dans une société avec des salariés mieux soignés, plus en forme, moins souvent en arrêt de travail doit aussi être pris en compte.

2, 5 millions de manifestants en Angleterre


Le 30 novembre, plus de 2, 5 millions de travailleurs on fait grève, dans la santé, les services municipaux, les ministères, du jamais vu depuis très longtemps. 30 syndicats ont été impliqués, dont les trois principaux, Unite, Unison et le GMB. Des manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes, y compris dans celles qui n'en avaient plus vu depuis la guerre d'Irak en 2003. Plus de 50 000 personnes ont manifesté à Londres et plus de 15 000 à Belfast. Il y a même eu une manifestation de 100 personnes à Lerwick dans l'archipel des Shetland. Pour l'écrasante majorité des participants, il s'agissait de leur première grève. Deux écoles sur trois étaient fermées, les musées et les tribunaux également, et les opérations non urgentes dans de nombreux hôpitaux ont été annulées.
La grève a été un énorme succès non seulement en raison de sa taille, mais parce que tout le monde savait qu'il ne s'agissait pas seulement des retraites mais aussi de la défense des services publics et, au final, de savoir qui doit payer pour la crise. La grève a aussi posé la question générale des retraites. Le gouvernement dirigé par les conservateurs a déclaré qu'il était injuste que les travailleurs du secteur public touchent une meilleure pension que ceux du privé. Mais il n'a rien dit sur les revenus annuels de plusieurs millions de livres qu'empochent les banquiers comme par exemple les directeurs de Barclays et Royal Bank of Scotland. Plus de 2, 5 millions de retraités vivent en dessous du seuil de pauvreté de 178 livres par semaine (832 euros par mois). La pauvreté des retraités en Grande-Bretagne est une des pires d'Europe, venant juste après Chypre, la Lettonie et l'Estonie ! La France dépense deux fois plus pour les retraites que le Royaume-Uni.
La grève du 30 a été longue à venir. Dès son élection, le gouvernement dirigé par les conservateurs a annoncé qu'il déclencherait la guerre contre les services publics, et la rémunération et les conditions de vie des travailleurs en général. Bien que le TUC (union des syndicats) ait décidé en septembre 2010 d'organiser une action coordonnée nationale contre ces attaques, il lui a fallu six mois pour organiser une manifestation nationale de 500 000 personnes le 26 mars. Malgré le succès important de cette manifestation, les directions des trois grands syndicats et du TUC ont été réticentes à poursuivre l'action. C'est seulement après l'immense succès de la grève du 30 juin, organisée par les syndicats d'enseignement (UCU, NASWUT et NUT) et le syndicat des fonctionnaires PCS, que tous les autres syndicats et le TUC ont finalement décidé d'appeler leurs adhérents à la grève.
Les dirigeants de la plupart des syndicats ont été poussés à organiser la grève sous la pression de leurs membres et parce qu'ils n'avaient plus guère d'autres choix. Le gouvernement a fait traîner les négociations depuis le début de l'année sans aucune concession et a même imposé des modifications sans négociation aux régimes de retraite, comme le recul à 67 ans de l'âge de départ pour les jeunes travailleurs.
Le gouvernement accélère les attaques contre la classe ouvrière au moment où la récession est sur le point de se transformer en dépression : les travailleurs du secteur public, qui subissent déjà un gel des salaires de deux ans, verront ensuite toute augmentation plafonnée à 1 %. Avec une inflation à 5, 4 %, cela correspond à une baisse de 20 % des salaires en quatre ans. Le gouvernement a annoncé la suppression de 710 000 postes de fonctionnaires qui s’ajoute à celle de 400 000 annoncée l'année dernière ! Osborne, le ministre des Finances, a déclaré qu'il ferait « tout ce qu'il faut » pour réduire le déficit. Cela signifie des allégements fiscaux pour les riches et de l'argent récupéré dans la poche de tous les autres.
La grève du 30 novembre ne peut être qu'un début dans la résistance contre le gouvernement. Le mouvement doit être intensifié avec des dates d'action prévues pour le début de l'année prochaine concernant les travailleurs du privé. Les jeunes et les étudiants doivent être impliqués car le report de l'âge de la retraite aura un effet immédiat face au chômage des jeunes de moins de 25 ans actuellement au niveau record de 20 %.
La grève de mercredi en Grande-Bretagne a été suivie le lendemain par une grève générale d'une journée en Grèce et le vendredi par une journée syndicale unitaire en Belgique. La solidarité à l'échelle européenne et l'action commune est plus que jamais nécessaire pour faire reculer l'assaut néolibéral sur tous nos acquis de l'après-guerre.
Fred Leplat (traduction Jacques Radcliff)

Combien de vies pour un manteau?

Les défenseurs des animaux "Anima Naturalis" ont organisé une protestation nu au milieu de la place Plaza de España dans le centre de Madrid, le 4 Décembre 2011, pour dénoncer le meurtre des animaux pour fabriquer des manteaux de fourrure. Les hommes et les femmes, couvertes de peinture rouge qui ressemblait à du sang, se coucha et recroquevillé les uns contre les autres sous un ciel ensoleillé de la place occupée qui est le foyer de plusieurs cinémas, cafés et restaurants. La pancarte dit «Combien de vies pour un manteau?". Getty Getty

samedi 3 décembre 2011

Documentaire : Prêt à jeter

Dans les pays occidentaux, on peste contre des produits bas de gamme qu'il faut remplacer sans arrêt. Tandis qu'au Ghana, on s'exaspère de ces déchets informatiques qui arrivent par conteneurs. Ce modèle de croissance aberrant qui pousse à produire et à jeter toujours plus ne date pas d'hier. Dès les années 1920, un concept redoutable a été mis au point : l'obsolescence programmée. "Un produit qui ne s'use pas est une tragédie pour les affaires", lisait-on en 1928 dans une revue spécialisée. Peu à peu, on contraint les ingénieurs à créer des produits qui s'usent plus vite pour accroître la demande des consommateurs.

Réalisateur : Cosima Dannoritzer

dimanche 27 novembre 2011

2010 - 2020 La guerre est-elle notre avenir ?

Avis de Jacque Attali


Avis de Philippe Dessertine

De la crise à la guerre civile ? (France 24)


La prochaine guerre mondiale débutera en Iran 
(Le dessous des cartes)

 

Documentaire: City de Londres, la finance en eaux troubles



Pour éviter le krach ultime

Une interview de Pierre Larrouturou par Michel Visart  
Les remèdes appliqués aujourd’hui pour résoudre la crise nous conduisent droit dans le mur. « Pour éviter le krach ultime », c’est le titre de son dernier livre, l’économiste français Pierre Larrouturou demande aux dirigeants européens de changer radicalement leur fusil d’épaule. 


L’Europe va t-elle survivre à la crise ? (LCP)


Avec Henri Sterdyniack, Pierre Larrouturou, Noëlle Lenoir et Martine Billard.

Une agriculture sans irrigation, ni pesticide est-ce possible?

Jacky Dupéty nous explique une agriculture sans irrigation, ni pesticide.

samedi 12 novembre 2011

Explication de la mondalisation


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Goldman Sachs:Les Nouveaux Maîtres du Monde

Réalisateur : Jean-Luc Leon
Comment Goldman Sachs, petite maison de courtage fondée en 1869 par un immigré allemand, est-elle devenue la banque d'affaires la plus puissante du monde ? Ce documentaire plonge au coeur de l'une des plus grandes institutions de Wall Street et lève le voile sur les méthodes de la finance mondiale. La première chose que l'on apprend chez Goldman Sachs c'est que l'on ne doit pas parler de Goldman Sachs. Les anciens ont peur. Les stagiaires se cachent. Depuis décembre 2006, les banquiers de Goldman Sachs savaient qu'une crise financière se préparait et en ont profité. Les Américains, eux, en ont subi les conséquences et commencent à se réveiller.




 Source : SpreadTheTruth.fr

Goldman Sachs est l’une des banques d’investissement parmi les plus anciennes et prestigieuses de la planète. Couramment appelée The Firm (”La Firme”) dans certains milieux financiers, Goldman a été créée en 1869 et son siège est situé dans le Financial District de Manhattan à New York. Goldman a des bureaux dans toutes les grandes places financières mondiales dont New York, Chicago, Zurich, Paris, Francfort, Londres, Hong Kong, Tokyo ou encore Shanghaï. Cette société est unanimement reconnue dans le monde entier grâce à ses conseils financiers avisés, auprès des plus grandes entreprises, des gouvernements les plus influents et des plus riches familles de la planète, ce qui fait d’elle un interlocuteur direct de la Fed. Son domaine de compétence va du conseil en fusion-acquisition à la gestion des fortunes de personnes influentes en passant par les contrats d’assurance-vie, les investissements de capitaux et le commerce de biens. Noter que Peter Sutherland qui est président de l’European Policy Centre, de Goldman Sachs International, de BP (British Petroleum), et aussi de la section Europe de la Commission Trilatérale, est également membre du comité de direction du groupe Bilderberg. Il est aussi directeur non exécutif de la Banque Royale d’Écosse. En Juillet 2009, Matt Taibbi, journaliste américain pour le magazine RollingStone, a écrit un article dénonçant les pratiques malveillantes de la banque Goldman Sachs. L’article original est diffusé sur le web. Matt Taibbi accuse la banque Goldman Sachs, coutumièrement appelée « la firme », de manipuler Wall Street depuis la Grande Dépression. Création et explosion de la bulle internet, du logement et des subprimes, des cours vertigineux du pétrole, le truquage des « plans de sauvetage » des administrations Bush et Obama, tout est décortiqué, de manière plutôt “salée”. L’article aurait fait pas mal de remous dans le milieu des tradeurs, et même au congrès américain. En effet, les liens entre les administrations Bush, Obama, et les dirigeants de cette célèbre banque sont très nombreux. De plus, « la firme » a bénéficié d’une aide gouvernementale pour rester à flot, payé donc par le contribuable (13 milliards de dollars), mais se permet de reverser 11,4 milliards de dollars de bonus à ses employés pour le premier semestre 2009 ! Taibbi explique également comment Goldman Sachs est déjà en train de spéculer sur le marché des émissions de carbone (valeur estimée à plus de 1 000 milliards de dollars), les prix étant garantis par le gouvernement . Selon Taibbi, « Goldman Sachs n’aura même pas besoin de tricher, car le jeu est déjà truqué ». Pour faire simple, les plus gros ne cessent de grossir, dans la plus complète indécence, quand les petits meurent. Il parît difficile de se battre contre une telle pieuvre mais connaître sa véritable nature et ses méthodes de fonctionnement représente déjà une étape importante. “Des actions internet à la hausse du pétrole, Goldman Sachs a donc organisé toutes les grandes manipulations des marchés depuis la Grande Dépression et s’apprête à recommencer“, écrit Matt Taibbi dans le magazine Rolling Stone. Cette banque qui symbolise à elle-seule l’emprise de Wall Street sur la société et la vie politique américaine est une gigantesque machine extrêmement sophistiquée, dit-il, qui a largement concouru à diriger la richesse utile accumulée par la société vers une série de bulles spéculatives dont elle a favorisé l’apparition et qui ont provoqué la ruine de millions de foyers américains, au seul profit de quelques investisseurs fortunés. Source : www.contreinfo.info Une fois encore, le célèbre Matt Taibbi ne fait pas donc pas de cadeaux aux acteurs du monde de la finance dans son nouvel article publié En Juillet 2009. L’une des questions sur lesquelles il se penche porte sur le fait que plusieurs anciens dirigeants de Goldman Sachs, notamment des anciens PDG, solidement installés dans notre administration, ont été ou sont actuellement directeurs de diverse agences des banques de la Réserve Fédérale partout dans le pays. Comme l’affirme Matt Taibbi: “ils sont partout” et en lisant son article, on comprend bien quelle bande de « Banksta Ganstas » (gangsters financiers) ces gens forment. Les conflits d’intérêts sont incroyables et le degré de manipulation du marché boursier est stupéfiant. Il est intéressant de souligner qu’après la publication de cet article, Goldman Sachs s’est immédiatement mis à employer l’expression : théories du complot, ce qui est exactement ce que leurs chers amis de la Réserve Fédérale disent toujours chaque fois que quelqu’un révèle des vérités à leur sujet. Cet article débouche sur une polémique qui a vu Goldman Sachs répliquer que les “affirmations de Taibbi ne sont qu’ « une compilation hystérique de la théorie du complot » et un porte-parole ajoute : « nous rejetons les affirmations selon lesquelles nous faisons gonfler les bulles et profitons des faillites, car nous ne sommes que trop conscients de l’importance que nous avons en tant que force du bien. » Réagissant à ces propos, M. Taibbi explique que: “La vision de Goldman est imposée par ses anciens dirigeants, qui travaillent au département du Trésor américain, à la Bourse de New York, à la Banque Mondiale et occupent de nombreux autres postes importants. De même, ses anciens employés animent les principales émissions de télévision. C’est leurs points de vue que le président va prendre en considération, s’ils le veulent. Quelques extraits de l’article : “La première chose à savoir au sujet de Goldman Sachs, c’est qu’elle est omniprésente. La banque d’investissement, la plus puissante au monde, est un grand vampire aux longues tentacules qui s’enfoncent avec acharnement dans ce qui sent l’odeur de l’argent”. “Toute tentative de décrire les activités des anciens hauts responsables de Goldman Sachs, qui occupent des postes influents, devient vite un exercice absurde et superflu, comme de dresser la liste de toute chose”. “Les dirigeants de Goldman Sachs se mettent au cœur de la bulle spéculative et effectuent des placements de titres dont ils savent pertinemment qu’ils n’ont aucune valeur : Ensuite ils extorquent d’importantes sommes d’argent aux couches moyennes et basses de la société avec l’aide d’un Etat corrompu et handicapé qui leur permet de manipuler les règles et les règlements à leur avantage en échange de quelques miettes que la banque accorde aux adeptes du clientélisme”. “Au bout du compte, lorsque la faillite s’installe, des millions de citoyens ordinaire sont fauchés et crèvent de faim, ils recommencent tout le processus, prétendant voler à notre secours, Ils nous accordent des prêts, assortis d’intérêt, en puisant dans notre propre argent”. “Ce faisant, ils se présentent comme des hommes sans cupidité, un groupe de mecs super rusés qui permettent à la machine de continuer à fonctionner. Depuis les années 1920, Ils se livrent exactement à ce genre de coups, et désormais, ils s’apprêtent à recommencer, en créant ce qui pourrait être, jusqu’à maintenant, la bulle la plus grande et la plus audacieuse“. Goldman Sachs s’en est mieux tirée que quiconque pendant la « Grande Dépression » qui touchaient les contribuables. (et c’est encore vrai en 2009 ou la banque enregistre des bénéfices records en pleine crise économique”) “Immédiatement après le plan de sauvetage d’AIG, le Secrétaire au Trésor, Paulson a annoncé la mise en place d’un plan de sauvetage fédéral pour le secteur financier. Ce plan, connu sous le nom de Troubled Asset Relief Program (Programme de sauvetage des actifs à risque, le fameux TARP), est doté de 700 milliards de dollars. Pour gérer les fonds affectés à ce programme, Paulson a nommé, Neel Kashkari, banquier inconnu de 35 ans travaillant pour Goldman Sachs. Afin de satisfaire aux conditions requises pour bénéficier des fonds affectés au programme de sauvetage, Goldman annonça qu’elle changerait son statut de banque d’investissement pour adopter celui de société ayant un portefeuille bancaire. En effet, cette décision lui permet non seulement d’avoir accès à 10 milliards de dollars dans les fonds TARP, mais également de bénéficier de tout un autre ensemble de financements publics moins visibles, en particulier, la possibilité de bénéficier des conditions d’escompte de la Réserve Fédérale. Avant fin mars, la Réserve Fédérale aura octroyé ou garanti au moins 8,7 trillions dans le cadre de nouveaux programmes de sauvetage. Une loi obscure permet à la Réserve Fédérale de bloquer la plupart des audits commandés par le Congrès. De ce fait, aussi bien les montants que les bénéficiaires de ces fonds demeurent totalement secrets.” Matt Taibbi exprime clairement la vérité concernant ces menteurs et escrocs du monde de la finance qui nous dépouillent sans vergogne chaque fois qu’ils en ont l’occasion et dans un cadre « parfaitement légal.»

Sarkozy donne le nucléaire à Alexandre Djouhri et au Qatar


Le 30 juin 2009, l'état décide d'augmenter le capital d'Areva et de réserver l'augmentation à trois investisseurs : Mitsubishi Heavy Industries (MHI), Kuwait Investment Authority (KIA) et Qatar Investment Authority (QIA) - l'Elysée marquant là une nouvelle fois son orientation pour les émirats et notamment celui du Qatar. Il est intéressant  de noter que QIA est conseillé par le crédit suisse, banque d'affaire dont les fonds souverain qatari est actionnaire de référence et dont le vice-président Europe est François Roussely.
 Dominique Strauss-Kahn et Ramzy Khiroun
Les différentes pièces du puzzles vont rapidement commencer à s’assembler. Un petit groupe de personnes a décidé, seul, de placer sous sa coupe la filière nucléaire française. A la manœuvre, Henri Proglio, Alexandre Djouhri, Claude Guéant, François Roussely, assisté de l'agence de stratégie et communication Euro RSCG appuyée par un nouveau et puissant personnage Ramzy Khiroun, conseiller spécial d'Arnaud Lagardère et ami de Dominique Strauss-Kahn. Meilleur relais politique de ce groupe : Jean-Louis Borloo, numéro deux du gouvernement, ministre de l'écologie et de l'énergie. Ses relation avec Henri Proglio sont intimes. Ils se donnent du "mon frère", Proglio a embauché la fille de Borloo à Veolia, à Hongkong. Le projet commun prend rapidement forme : Henri Proglio doit être nommé patron d'EDF au lieu et place de Pierre Gadonneix ; le nucléaire doit être ensuite  placé sous la dépendance d'EDF ; enfin, il faut faire éclater le géant Areva, séparer l'activité minière proprement dite (et donner aux qataris, qui en rêvent, la possibilité de devenir un actionnaire significatif) et laisser à EDF la possibilité de reprendre telle ou telle de ses branches (très rentables).
 Anne Lauvergeon et Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy a endossé à cent pour cent les vues du lobby, lequel irrite au plus haut point le premier ministre François Fillon, non seulement parce qu'il s'en prend sauvagement à Anne Lauvergeon, qu'il apprécie, mais aussi parce qu'il déteste l'irruption d'un personnage comme Alexandre Djouhri dans un dossier aussi stratégique et sensible que le nucléaire. l'analyse de la bataille sanglante autour d'AREVA, qui se termine le 16 juin 2011, par le licenciement d'Anne Lauvergeon, ce qui permet de voir ou en tout cas d'apercevoir l'équipe de ce lobby à l’œuvre.
Alexandre Djouhri organise un travail de sape contre Anne Lauvergeon et fonctionne en équipe avec son ami Yazid Sabeg, le commissaire à la diversité et à l'égalité des chances.

Yazid Sabeg a fait part, en novembre 2009, de son analyse à Claude Guéant. Tout en se positionnant comme le remplaçant potentiel d'Anne Lauvergeon , il envois, le 8 mars 2010, une note à Nicolas Sarkozy insistant sur l’inefficacité du modèle intégré d'Areva, sur les erreurs du groupe et sur la nécessité de reconstituer une équipe de France en faisant éclater Areva.
Le 19 mars, le site Mediapart annonce la nomination de Yazid Sabeg au poste d'Anne Lauvergeon : la nomination serait faite à la mi-avril. Mi-juin 2010, le rapport Roussely intitulé "Avenir de la filière française du nucléaire civil" est classé secret défense. Son contenu est explosif. La camarilla autour de M. Alexandre y expose toutes ses thèses. Entre autres perles, il y est dit grosso modo que l'autorité de sûreté française est allée trop loin : qu'il faut revenir sur le exigences de sûreté concernant les nouveaux réacteurs ; que l'EPR est beaucoup trop sûr ; qu'il faut revenir à des réacteurs plus rustiques, moins chers, qui seront compétitifs face aux réacteurs produits par les chinois !
L'objectif du lobby affairo-nucléaire, outre les satisfactions d'ego, semble bien être de mettre la main sur le géant du nucléaire.
Avec 9 milliards d'euros de chiffre d'affaire annuel, dont 75% à l'exportation, assurément Areva pourrait se muet en l'un des plus gros producteurs de commissions potentielles au cours des prochaines années.
Gageons que la campagne électoral de Nicolas Sarkozy aura un arrière goût de pétrole.

vendredi 11 novembre 2011

Alexandre Djouhri – L’énigmatique


Il est un intime de Dominique de Villepin, mais compte aussi de solides appuis à l'Elysée et dans la police. Comment le gamin de banlieue, devenu un financier flamboyant, s'est-il ouvert presque tous les cercles du pouvoir? Son itinéraire ne cesse de fasciner ou d'inquiéter. 


Nous nous promenons entre des ombres, ombres nous-mêmes pour les autres et pour nous." Alexandre Djouhri a fait sienne la maxime de Diderot : à 52 ans, alors que La République des mallettes (Fayard), livre réquisitoire du journaliste Pierre Péan, le propulse en pleine lumière, l'homme d'affaires demeure à bien des égards une énigme. Inconnu du grand public, intime du pouvoir chiraquien puis sarkozyste, il croise depuis vingt-cinq ans dans les eaux des lucratifs contrats internationaux, là où l'argent réconcilie affaires et politique. Il impose - parfois avec fracas - sa mise impeccable et son visage en lame de couteau au bar des palaces ou dans des aéroports de fortune. Toujours là où il faut être vu, jamais où on l'attend.  
Résidant en Suisse, Alexandre Djouhri puise dans son carnet d'adresses pour proposer aux groupes industriels français des partenariats dans l'aéronautique, le recyclage des eaux usées (en 1990, il entre à Vivendi Environnement, devenu Veolia.) et même, désormais, le nucléaire. Il est présenté comme « l'homme sans qui son PDG Henri Proglio n'est rien ».Henri Proglio confiait que son amitié avec Djouhri remontait "à plus de dix ans" et refusait d’infirmer la rumeur persistante selon laquelle l’intermédiaire serait détenteur d’une importante participation dans Véolia (dont Proglio fut le PDG) tout en précisant : "Veolia est une belle entreprise. Beaucoup d'observateurs recommandent d'y investir."
Ses terrains de chasse de prédilection - hier, l'Afrique, le Moyen-Orient et la Libye - s'élargissent aujourd'hui à la Russie et à la Chine. A Londres, le siège d'une de ses sociétés, Adenergy Limited, se situe dans un appartement qu'il loue dans un luxueux immeuble du quartier de Knightsbridge. Mais ses véritables bureaux sont ailleurs : dans les palaces, comme le Ritz ou le Crillon, à Paris, où il régale ses convives à coups de Château Latour, à près de 3 000 euros la bouteille.

Une plaie ouverte dans la démocratie ?

"Djouhri ? Une balle entre les deux yeux !" cinglait Nicolas Sarkozy, il y a encore quelques années, voyant en lui un possible financier occulte du clan Chirac. Depuis 2006, le banni est revenu en grâce. Il a séduit Claude Guéant, en faisant profiter Paris de ses contacts à Tripoli. Il s'est imposé à l'Elysée sans pour autant cesser de fréquenter l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin, qu'il surnomme "le Poète", sur les pistes de Megève et à Monaco. 
Ses amis décrivent une sorte de corsaire attachant, négociant au mieux de ses intérêts, mais toujours "soucieux de porter haut les couleurs de la France". Ses détracteurs brossent le portrait d'un flibustier sans foi ni loi, ensorcelant les puissants afin d'en faire ses obligés. Une plaie ouverte dans la démocratie ? Dans son livre, Pierre Péan lui prête cette phrase pleine de pragmatisme à défaut de poésie : "Je les tiens tous par les couilles !" Dans les milieux d'affaires internationaux, pareil style détonne. Ses manières jurent avec celles de son principal concurrent, et ennemi, le Franco-Libanais Ziad Takieddine. Ce dernier est issu d'une famille de la bourgeoisie druze. Alexandre Djouhri, lui, s'est fait une place au soleil, à travers la grisaille de la banlieue nord de Paris.  
Originaire de Kabylie, en Algérie, sa famille, s'installe à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), puis à Sarcelles (Val-d'Oise), alors que les blocs de béton commencent à coloniser les champs. Les parents ont choisi d'appeler leur fils "Ahmed", mais, dès l'adolescence, celui-ci préfère "Alexandre", en référence, d'après ses copains de l'époque, à Alexandre le Grand... "Alex a grandi parmi cinq frères et cinq soeurs", se souvient l'un de ses amis. Son ascenseur social comptera quatre étages, le "show-biz", les milieux diplomatiques, les services de renseignement, avant la reconnaissance suprême : l'accession aux cercles de pouvoir, industriels et politiques. Lorsque la machinerie menace de se bloquer, l'impatient peut compter sur la franc-maçonnerie, utilisée comme un escalier de service.


Blessé dans le dos par une balle de 11.43


Au milieu des années 1980, Alexandre Djouhri fréquente les discothèques branchées de la capitale. Il range sa BMW aux sièges de cuir blanc ou ses motos devant l'Apocalypse ou le Beaugrenelle, très en vogue dans le milieu. Il se lie avec Anthony Delon, fils de la star, fasciné par les voyous et leurs amitiés viriles. Ensemble, ils ont l'idée de lancer la marque de vêtements Anthony Delon, ce qui aiguise les appétits. La brigade criminelle y voit l'origine d'une série de règlements de comptes, commis entre 1985 et 1989, en région parisienne. 
Le soir du 4 avril 1986, alors qu'il quitte un atelier de confection, "Alex" est blessé dans le dos par une balle de 11.43. Le test de poudre effectué sur ses mains semble démontrer qu'il a riposté à coups de 9 mm... Alexandre Djouhri, lui, conteste avoir tiré. Il n'a d'ailleurs jamais été poursuivi pour des affaires de banditisme. Trois ans plus tard, les inspecteurs de la PJ, qui ont placé la petite bande sur écoutes, le surprennent en pleine conversation avec... le grand patron de la police, François Roussely, aujourd'hui vice-président du Crédit suisse en Europe. "Ils échangeaient des banalités sans lien avec le dossier, mais ce coup de téléphone montrait déjà la proximité d'Alex avec le pouvoir", analyse un enquêteur. 
Cette page, Alexandre Djouhri voudrait l'effacer. Il est vrai qu'il a rompu, d'un coup, avec ses relations de jeunesse, devenues encombrantes. Et lorsqu'on évoque cette période de sa vie, il fustige une attaque raciste.
Ainsi Bernard Squarcini, patron de la DCRI, a admis avoir délivré en 2005 une attestation de moralité pour Djouhri pour le dédouaner de toute responsabilité dans une affaire de règlement de comptes remontant à 1986. Le grand flic expliquait de plus avoir organisé, en 2006 dans les salons de l’hôtel Bristol, une "réconciliation" entre l’intermédiaire et Nicolas Sarkozy : "Il fallait lever le malentendu [entre Djouhri et Sarkozy ].
Djouhri sert notre pays et le bleu-blanc-rouge. Bien sûr, il fait des affaires pour lui, mais il en fait profiter le drapeau… Claude Guéant a été surpris et émerveillé par son relationnel.
Aujourd'hui, à l'international, soit on se repose sur Kouchner [à l’époque ministre des affaires étrangères], soit on veut aller droit au but et prendre un circuit court... ".

 
Il lance l'Agence de presse euro-arabe

Plus haut, plus loin : les années 1990 sont celles de l'envol. En discothèque, le jeune homme sympathise avec Fara M'Bow, fils du directeur général de l'Unesco, à Paris. Ses relations lui ouvrent les portes de l'international, notamment en Afrique noire et au Maghreb. Dès lors, Alexandre Djouhri étoffe son carnet d'adresses, lançant l'Agence de presse euro-arabe. Il fréquente aussi Souha Arafat, épouse du chef de l'OLP, et tente de s'implanter en Algérie. "En 2006, lors de l'hospitalisation du président Bouteflika à Paris, Alexandre s'est plié en quatre pour lui rendre le séjour agréable", se souvient l'un de ses associés en affaires.


"Il s'efforce de pénétrer l'intimité de ses maîtres"

Un tel activisme attire rapidement l'attention des services de renseignement (RG, DST, DGSE). Alexandre Djouhri devient l'ami de plusieurs policiers corses, dont François Casanova, sans doute l'un des meilleurs limiers des RG. Par son entremise, il se fait présenter son supérieur, le commissaire Bernard Squarcini, spécialiste de la lutte antiterroriste. En 1996, quand la mairie de Bordeaux (Gironde) est visée par un attentat du FLNC, ce haut responsable policier est sur le point d'être évincé, car Matignon lui reproche de n'avoir pas su empêcher l'attaque. Djouhri se démène alors pour convaincre son ami Maurice Gourdault-Montagne, directeur du cabinet du Premier ministre, du professionnalisme de Squarcini. Le couperet est passé si près que ce dernier saura s'en souvenir. Dix ans plus tard, il permet d'aplanir le différend entre Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et Alexandre Djouhri, taxé de chiraquisme : l'armistice est signé, en 2006, lors d'un déjeuner de réconciliation à l'hôtel Bristol, à deux pas de la place Beauvau. 
Dans le jeu politique et industriel, Alexandre Djouhri aurait pu ne rester qu'une simple marionnette. "Mais, chaque fois, il s'efforce de pénétrer l'intimité de ses maîtres", avance Pierre Péan. Son entrée dans le monde du CAC40 marque l'ultime étape de son ascension. Son arrivée chez Vivendi Environnement (aujourd'hui Veolia), au début des années 2000, suscite une vive controverse. Malgré les mises en garde, et la fuite opportune de rapports de police, Alexandre Djouhri devient un proche conseiller du principal dirigeant de l'entreprise à l'époque, Henri Proglio. Considéré comme intouchable, "M. Alexandre" s'attache alors à "dézinguer" un à un ses ennemis au sein de la société. Sa force ? Rester lui-même. Conserver ce côté "canaille" qui bluffe et distrait les puissants. "Il les fait rêver. Il offre un appel d'air à ces gens entourés de conseillers compassés", souligne un homme d'affaires qui l'observe depuis des années.  
Cette énergie est parfois difficile à canaliser : en novembre 2009, Alexandre Djouhri est condamné par le tribunal de police de Paris pour avoir rossé un concurrent dans une chambre de l'hôtel George-V. Henri Proglio lui-même, devenu entre-temps PDG d'EDF, semble prendre ses distances. A Pierre Péan le grand patron a avoué apprécier le côté "marrant, hors normes et assez séducteur" du bonhomme, mais confie qu'il a "mal évolué dans les dernières années". Alexandre Djouhri, lui, fustige des "rumeurs fantaisistes et malveillantes" colportées dans La République des mallettes, lui prêtant un pouvoir et une influence qu'il n'a "jamais eus". De ce personnage de roman, difficile de brosser un portrait nuancé, tant il déploie d'énergie à se faire aimer. Et d'application à se faire détester.

Alexandre Djouhri n'a pas toujours eu que des amis à l'Elysée. Ainsi, il s'est opposé à l'ex-conseiller pour la justice de Nicolas Sarkozy, Patrick Ouart. Celui-ci affirme même avoir été informé de menaces proférées à son encontre, en 2009, devant témoins, par l'homme d'affaires. Ce jour-là, "Alex" Djouhri aurait lancé : "Avec son format, une balle ne peut pas le rater !"  
L'Express a fait état de l'incident le 11 mars 2010. Contestant avoir tenu de tels propos, Alexandre Djouhri a intenté des poursuites en diffamation contre l'hebdomadaire, réclamant 850 000 euros. Lors de l'audience, L'Express a produit une attestation de Patrick Ouart confirmant ses informations. Selon lui, "deux personnes dignes de foi" lui avaient rapporté les "vifs reproches et menaces" d'Alexandre Djouhri. Hasard du calendrier, le jugement est attendu le 14 septembre, le jour de la sortie du livre de Pierre Péan, qui revient sur l'épisode. 
Le différend a pour toile de fond le dossier de l'Angolagate, une affaire de vente d'armes à destination de Luanda. En octobre 2009, des intermédiaires, soupçonnés d'avoir touché de substantielles commissions, attendent avec anxiété le jugement du tribunal correctionnel de Paris. Parmi eux, l'homme d'affaires Pierre Falcone, protégé de l'Angola. 
Selon plusieurs sources concordantes, Alexandre Djouhri se fait alors le "messager" du président angolais Dos Santos, qui souhaite obtenir la relaxe de Falcone. L'intervention du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, est sollicitée. Dans ces conditions, Pierre Falcone et son entourage sont persuadés de bénéficier de la clémence des juges. Pourtant, à leur grande surprise, le prévenu écope de six ans de prison et est arrêté à l'audience, le 27 octobre 2009. Alexandre Djouhri aurait imputé la responsabilité de cette sanction au conseiller justice de l'Elysée, Patrick Ouart.  
En appel, à la fin d'avril 2011, la peine de Pierre Falcone a été réduite à trente mois d'emprisonnement ferme.  
E. P. et J.-M. P.

mercredi 9 novembre 2011

La carte du monde des dettes d'État

relégués en fond de classe. Pour ces derniers, le redressement pourrait durer dix ans.


1991-2011. En l'espace de vingt ans, les mauvais élèves sont devenus les modèles d'aujourd'hui. En 1991, les pays «en voie de développement» (on ne les appelait pas encore les «émergents») sont endettés. Les pays occidentaux leur font la leçon et leur impose la bonne gestion de leurs comptes via la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.
Aujourd'hui, les rôles sont inversés: Européens et Américains se font tancer par les puissances émergentes, Brésil et Chine en tête. Deux chiffres pour saisir l'écart actuel entre les finances publiques de ces deux grands groupes de pays : en 2010, la dette des États occidentaux était plus élevée de deux tiers de celle des émergents (70% contre 45%), d'après une étude Moody's.

Les émergents reviennent de loin

«L'essentiel des pays qui se trouvaient à l'épicentre des crises précédentes (Mexique en 1994, pays asiatiques et Russie en 1998, Brésil et Argentine début 2000, NDLR), sont désormais sortis hors de la zone dangereuse en matière de finances publiques», expliquent les économistes Daniel Cohen et Cécile Valadier dans une étude récente. Un exemple : l'Indonésie, frappée par la crise asiatique à la fin des années 1990, traînait une dette publique représentant 95% de son produit intérieur brut (PIB) en 2000. Aujourd'hui, elle se limite à 27%.
Les pays émergents reviennent donc de loin. «Pendant la dernière décennie, et spécialement entre 2003 et 2008, les pays émergents se sont désendettés, note Jean-Louis Martin, économiste chez Crédit agricole. Cette évolution contraste avec celle des pays développés, où la dette a stagné par rapport au PIB, avant de s'envoler depuis trois ans.»
Deux principaux facteurs expliquent la bonne santé des émergents aujourd'hui. D'abord, ils ont amélioré leur discipline budgétaire au tournant des années 1990-2000 sur les conseils de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Ils ont également profité d'une croissance beaucoup plus forte que les pays développés, ce qui a contribué à réduire leur dette (grâce à plus de recettes fiscales notamment). Le Pérou a par exemple connu une croissance de 5,5% sur la dernière décennie. En outre, 29 pays ont bénéficié de l'effacement de leur dette par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Cette dernière politique a beaucoup profité aux États africains entre 1994 et 2009.

Explosion des dettes

En revanche, les pays occidentaux n'ont pas connu de très forte croissance et n'ont pas non plus, pour certains, appliqué une discipline budgétaire à toute épreuve. La plupart ont abordé la crise avec des finances publiques déjà mal en point. Résultat, les pays qui connaissent le plus de problèmes d'endettement* ont vu leur ratio de dette sur PIB exploser de 134% depuis le début de la crise, ont calculé les économistes américains Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff.
Selon leurs travaux effectués sur les pays émergents ces vingt dernières années, il faut sept ans à un État pour assainir ses comptes. Ils prédisent, pour les pays occidentaux en difficulté, une douloureuse «décennie de la dette» jusqu'en 2017, au moins.

* États-Unis, Royaume-Uni, Irlande, Islande, Portugal, Espagne, Grèce

samedi 5 novembre 2011

Fausse alerte à Fukushima ?

Reacteur-2 La détection de Xenon-135 a fait croire à une réaction en chaîne dans le réacteur N°2 de Fukushima Dai-ichi. C'est du moins ce qu'annonçait l'opérateur TEPCo jeudi, déclenchant une série d'annonces plus ou moins fantaisistes sur un accident de criticité - une réaction en chaîne incontrôlée.
Puis une analyse plus précise des quantités mesurées a permis d'identifier l'origine de ce Xénon. Il aurait pu provenir de la fission d'uranium, ce qui se produit en situation normale d'exploitation d'un réacteur nucléaire dans le cadre de la réaction en chaîne contrôlée. C'est d'ailleurs l'un des gaz émis en très grandes quantités lors de l'accident, en mars dernier. Comme les ingénieurs ont suspecté une telle réaction, ils ont injecté de l'eau chargée en bore dans le réacteur, le bore absorbant les neutrons, il est utilisé pour stopper une réaction en chaîne (voir le schéma ci-dessous).
Toutefois, il ne s'agissait pas de cela, annonce désormais la TEPCo. Le xénon mesuré provenait de la désintégration radioactive spontanée d'atomes de curium-242 et 244, des produits des réactions nucléaires qui se retrouvent dans les combustibles usés. Ces désintégrations spontanées surviennent statistiquement Shemafissionsans avoir besoin d'une réaction en chaîne mais produisent beaucoup moins de xénon qu'une reprise de réaction en chaîne dans les conditions actuelle du coeur détruit. C'est la mesure des quantités de xénon, très petites, qui a permis d'éliminer l'hypothèse de la réaction en chaîne expliquée sur le schéma ci-contre.
Le dernier bilan de la surveillance médicale par anthropogammamétrie des ingénieurs, techniciens et ouvriers qui interviennent sur la centrale nucléaire dévastée montre que depuis l'accident 14.800 travailleurs se sont rendus au moins une fois sur le site (le bilan de septembre ne comptait que 10.700 travailleurs surveillés). Ce chiffre montre l'ampleur du chantier en cours qui se poursuit en particulier pour le traitement des eaux contaminées et la diminution des températures enregistrées sur les cuves (RPV) des réacteurs, inférieures désormais à 78°C au bas (lire ici une note qui présente les enjeux de ce chantier).
Parmi ces 14.800 travailleurs, 99 ont reçu une dose de radioactivité supérieure à 100 millisieverts dont 77 entre 100 et 150 mSv, 14 entre 150-200mSv,  2 entre  200-250mSv,  et six à plus de 250mSv entre 309 et 678mSv. La limite autorisée par le gouvernement sur le chantier est de 250 mSv.
Sondage japonAssez curieusement, un sondage publié par la chaîne de télévision NHK affirme que 24% des Japonais interrogés veulent un arrêt définitif de toutes les centrales nucléaires du pays, 42% exigeant seulement une réduction de leur nombre. C'est un résultat assez surprenant.
► Par ailleurs, l'IRSN a publié une analyse révisant la quantité de matériaux radioactifs déversés dans l'océan. En voici le résumé que l'Institut publie sur son site (le document complet est ici) :
«Une forte contamination radioactive du milieu marin s’est produite après l’accident survenu dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi le 11 mars 2011. Elle a eu pour principale origine le déversement direct d’eaux contaminées depuis la centrale, qui a duré environ jusqu’au 8 avril, et dans une moindre mesure, les retombées dans l’océan d’une partie des radionucléides rejetés dans l’atmosphère entre le 12 et le 22 mars.
A proximité immédiate de la centrale, les concentrations dans l’eau de mer ont atteint fin mars et début Cesium océan IRSN avril jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de becquerels par litre (Bq/L) pour les césiums 134 et 137 et même dépassé 100 000 Bq/L pour l’iode 131. L’iode 131 a rapidement diminué en raison de sa période radioactive courte (8 j) et les résultats de mesure sont passés sous la limite de détection fin mai. Les concentrations en césiums 137 et 134 ont commencé à décroitre dans cette zone à partir du 11 avril et, depuis mi-juillet, sont passées en dessous des limites de détection (5 Bq/L) des techniques de mesure utilisées pour la surveillance.
En interprétant les résultats de mesure de césium 137 dans l’eau de mer, l’IRSN a actualisé son estimation de la quantité totale de césium 137 rejeté directement en mer du 21 mars jusqu’à mi-juillet. La valeur ainsi obtenue est de 27.10 puissance 15 Bq, la majorité (82 %) ayant été rejetée avant le 8 avril. Ce rejet radioactif en mer représente le plus important apport ponctuel de radionucléides artificiels pour le milieu marin jamais observé. (le graphique ci-dessus est tiré du rapport complet).
Toutefois, la localisation du site de Fukushima a permis une dispersion des radionucléides exceptionnelle, avec un des courants les plus importants du globe qui a éloigné les eaux contaminées vers le large dans l'océan Pacifique. Ainsi, les résultats de mesure obtenus dans l'eau de mer et les sédiments côtiers laissent supposer que les conséquences de l'accident, en termes de radioprotection, deviendraient faibles pour les espèces pélagiques à partir de l'automne 2011 (concentrations faibles dans l'eau de mer et stockage sédimentaire limité).
Cependant, une pollution significative de l’eau de mer sur le littoral proche de la centrale accidentée pourrait persister dans le temps, à cause des apports continus de substances radioactives transportées vers la mer par le ruissellement des eaux de surface sur des sols contaminés. De plus, certaines zones du littoral, non encore identifiées, pourraient montrer des conditions de dilution ou de sédimentation moins favorables que celles observées jusqu’à présent. Enfin, la présence éventuelle d’autres radionucléides persistants, comme le strontium 90 ou le plutonium, n’a pas été suffisamment caractérisée par des mesures.
Les résultats de mesure récents montrent la persistance d’une contamination des espèces marines (poissons principalement) pêchées sur les côtes de la préfecture de Fukushima. Les organismes benthiques et filtreurs ainsi que les poissons au sommet de la chaine alimentaire sont, dans la durée, les plus sensibles à la pollution au césium. Il est donc justifié de poursuivre une surveillance des espèces marines prélevées dans les eaux côtières de Fukushima.

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Deux agents de police tiennent une femme pendant les affrontements à Rome, samedi, le 15 octobre, 2011. La police italienne a tiré du gaz lacrymogène et des canons à eau contre les manifestants à Rome
      

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Les agents de police russes retiennent une manifestante dans le centre ville Moscou, Russie, lundi, le 24 octobre 2011. (Ivan Sekretarev)

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Jeudi 8 septembre 2011, une manifestante, fait le signe la victoire lors d'une manifestation à Sanaa, Yémen

Manifeste des indignés espagnol


Nous sommes des per­son­nes cou­ran­tes et ordi­nai­res. Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour tra­vailler ou pour cher­cher un boulot, des gens qui ont famille et amis. Des gens qui tra­vaillent dur tous les jours pour vivre et donner un futur meilleur à celles et ceux qui les entou­rent.
Parmi nous, cer­tain-e-s se consi­dè­rent plus pro­gres­sis­tes, d’autres plus conser­va­teurs. Quelques un-e-s croyants, d’autres pas du tout. Quelques un-e-s ont des idéo­lo­gies très défi­nies, d’autres se consi­dè­rent apo­li­ti­ques. Mais nous sommes tous très préoc­cupé-e-s et indi­gné-es par la situa­tion poli­ti­que, économique et sociale autour de nous. Par la cor­rup­tion des poli­ti­ciens, entre­pre­neurs, ban­quiers, ... . Par le manque de défense des hommes et femmes de la rue.
Cette situa­tion nous fait du mal quo­ti­dien­ne­ment ; mais, tous ensem­ble, nous pou­vons la ren­ver­ser. Le moment est venu de nous mettre au tra­vail, le moment de bâtir entre tous une société meilleure. Dans ce but, nous sou­te­nons fer­me­ment les affir­ma­tions sui­van­tes :
  • L’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable, le bien-être et le bonheur des personnes doivent être les priorités de chaque société avancée.
  • des droits basiques doivent être garantis au sein de ces sociétés : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation, au libre développement personnel et le droit à la consommation des biens nécessaires pour une vie saine et heureuse.
  • Le fonctionnement actuel de notre système politique et gouvernemental ne répond pas à ces priorités et il devient un obstacle pour le progrès de l’humanité.
  • La démocratie part du peuple, par conséquent le gouvernement doit appartenir au peuple. Cependant, dans ce pays, la plupart de la classe politique ne nous écoute même pas. Ses fonctions devraient être de porter nos voix aux institutions, en facilitant la participation politique des citoyens grâce à des voies directes de démocratie et aussi, procurant le plus de bienfait possible à la majorité de la société, et pas celle de s’enrichir et de prospérer à nos dépens, en suivant les ordres des pouvoirs économiques et en s’accrochant au pouvoir grâce à une dictature partitocratique menée par les sigles inamovibles du PPSOE [1].
  • La soif de pouvoir et son accumulation entre les mains de quelques-uns crée inégalités, crispations et injustices, ce qui mène à la violence, que nous refusons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel, coince le système social dans une spirale, qui se consomme par elle-même, enrichissant une minorité et le reste tombant dans la pauvreté. Jusqu’au malaise.
  • La volonté et le but du système est l’accumulation d’argent, tout en la plaçant au-dessus de l’efficience et le bien-être de la société ; gaspillant nos ressources, détruisant la planète, générant du chômage et des consommateurs malheureux.
  • Nous, citoyens, faisons parti de l’engrenage d’une machine destinée à enrichir cette minorité qui ne connait même pas nos besoins. Nous sommes anonymes, mais, sans nous, rien de cela n’existerait, car nous faisons bouger le monde.
  • Si, en tant que société nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une abstraite rentabilité économique qui ne tourne jamais à notre avantage, nous pourrons effacer les abus et les manques que nous endurons tous. Nous avons besoin d’une révolution éthique. On a placé l’argent au-dessus de l’Etre Humain, alors qu’il faut le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, pas des produits du marché. Je ne suis pas que ce que j’achète, pourquoi je l’achète ou à qui je l’achète.
A la vue de cela, je suis indi­gné/e
Je crois que je peux le chan­ger.
Je crois que je peux aider.
Je sais que, tous ensem­ble, on le peut.
Sors avec nous. C’est ton droit.

[1] Addition de PP et de PSOE, les deux partis de droite et gauche qui alternent au pouvoir.

Les indignés à la défense

Affaire Madoff : près d'un milliard de dollars réclamé à BNP Paribas

Le liquidateur Irving Picard, chargé de récupérer des fonds pour les victimes de l'escroc Bernard Madoff, a porté plainte contre la banque française BNP Paribas, l'accusant de receler 975,46 millions de dollars placés par le fonds rabatteur Harley International, basé aux îles Caïmans.

Selon la plainte, datée de jeudi 3 novembre, "Harley a reçu de l'argent" du fonds créé par Bernard Madoff. "Une partie ou la totalité de ces transferts initiaux a été ensuite transférée directement ou indirectement à l'accusé BNP Paribas Arbitrage", précise la plainte. Dans sa plainte, le liquidateur Irving Picard précise que dans une décision du 10 novembre 2010, le tribunal des faillites a ordonné au fonds Harley de reverser 1,07 milliard de dollars. Toutefois "le liquidateur n'a recouvré aucun fonds résultant de ce jugement". "Le liquidateur poursuit son enquête", a-t-il précisé, se réservant le droit de compléter ses accusations.
Bernard Madoff a été condamné en 2009 à cent cinquante ans de prison pour son escroquerie, estimée entre 23 et plus de 65 milliards de dollars, selon que l'on compte ou pas les intérêts. Son escroquerie, consistant à piocher dans les finances de ses nouveaux clients pour rétribuer ou rembourser les clients plus anciens, avait éclaté en décembre 2008, lorsque avec la crise un nombre croissant d'investisseurs avaient demandé à récupérer leur dû.
Depuis lors, M. Picard multiplie les procédures en justice pour tenter de récupérer des fonds au bénéfice des victimes, auprès notamment de diverses institutions financières. Il avait annoncé le mois dernier qu'il était en mesure de distribuer de premiers remboursements aux investisseurs floués, pour un total de 312 millions de dollars. La justice américaine avait approuvé en juillet un premier versement de 272 millions de dollars. Le liquidateur ayant soldé des contentieux entre-temps, le montant disponible pour les plaintes liées à quelque 1 230 comptes était en octobre de 312 millions de dollars.
L'administrateur judiciaire a jusqu'à présent recueilli quelque 8,7 milliards de dollars, soit la moitié des 17,3 milliards de dollars perdus par les victimes ayant déposé plainte auprès du liquidateur.

vendredi 14 octobre 2011

Washington est à la recherche des armes perdues en Libye


Les Etats-Unis ont déployé une équipe de 14 experts en Libye et s'apprêtent à en envoyer une cinquantaine d'autres pour retrouver les armes du régime déchu du colonel Mouammar Kadhafi, a affirmé vendredi un membre du gouvernement américain à Bruxelles.
La menace représentée par les missiles sol-air et les roquettes portables "nous préoccupe fortement et nous faisons tous les efforts" pour éviter leur dissémination, a indiqué Andrew Shapiro, sous-secrétaire d'Etat chargé des Affaires militaires. "Nous savons que des groupes terroristes ont exprimé leur intérêt à acquérir ces armes", a-t-il ajouté. "Si elles tombent entre de mauvaises mains, elles peuvent représenter une menace pour l'aviation civile", selon lui.

Les Etats-Unis ont décidé de financer à hauteur d'environ 30 millions de dollars le programme destiné à aider les nouvelles autorités libyennes à sécuriser les stocks d'armes, a-t-il précisé à des journalistes. Le régime de Mouammar Kadhafi aurait acquis quelque 20.000 missiles SAM-7, des armes de technologie russe militairement obsolètes mais relativement faciles à déplacer et à manier.
M. Shapiro a indiqué ne pas être en mesure d'évaluer le nombre d'armes disparues mais a affirmé que "des milliers avaient été détruites", notamment par les bombardements des avions participant à l'opération de l'OTAN.
Le secrétaire-général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, avait récemment indiqué que la question des stocks d'armes relevait du Conseil national de transition, "comme l'a dit clairement la résolution du Conseil de sécurité" sur la Libye. Le CNT "doit s'assurer que les armes soient sécurisées, contrôlées ou détruites", avait-il ajouté.

L’actualité de la crise par François Leclerc


Alors que les ministres des finances et banquiers centraux du G20 sont réunis à Paris pour tenter de sauver le prochain sommet de Cannes, une certitude se confirme : telle qu’elle est combattue, la crise européenne n’a pas d’issue. Depuis des mois et des mois, les obstacles tardivement dressés sur sa route ont été à chaque fois balayés ; les autorités européennes sont plus que jamais dépassées, car ce sont à la fois les banques et les États qu’il faut désormais conforter. Le constat est donc simple à dresser, à lire leurs propres déclarations… ou à enregistrer leur silence.
Les mégabanques ne s’y réfugient pas, pour le moins, qui mènent en Allemagne et en France une bataille ouverte contre leur recapitalisation, comme l’on n’en a jamais vue. À Berlin, cela prend la dimension d’une véritable révolte. On se souvient, à ce propos, que Christine Lagarde, qui connaît son monde, avait précisé que celle-ci devait être obligatoire, c’est à dire imposée si nécessaire. Faudrait-il donc sauver les banques malgré elles, en finit-on par se demander ?
Une autre interprétation peut être donnée de cette situation ubuesque. Ne voulant pas être recapitalisées, les banques veulent porter un coup d’arrêt à des restructurations de dette à répétition qui ne sont plus le tabou qu’elles ont été et qui les menacent, n’étant pas non plus prêtes à accepter que l’on mette le nez dans leurs affaires. Frédéric Oudéa, Pdg de la Société Générale, vient de tenir à cet égard un raisonnement éclairant mais inquiétant : « à quoi servira, a-t-il dit, d’injecter quelques milliards dans les banques si l’Italie venait à faire défaut, car cela ne serait pas suffisant », se réfugiant par ailleurs dans l’affirmation que « le risque sur l’Italie n’est pas avéré » ? Mais que faire alors s’il le devient ?
Les affrontements en cours vont être l’occasion, une fois connu leur dénouement, de mieux apprécier la toute puissance des banques, habituées à ce que leur avis soit écouté et suivi sans discuter.
Raison pour laquelle on peut craindre que les autorités européennes placent comme de coutume les curseurs selon des critères biaisés et finalement arrangeants. De Berlin à Paris, on entend déjà qu’il faudra agir… là où le besoin se fera sentir. Amenant, si l’on veut aller au fond de la question, à s’interroger sur le sens que peut bien avoir un pansement, s’il n’est pas suivi du traitement intensif des causes profondes de la fragilité constatée.
Goldman Sachs vient à son tour de rendre public des simulations, qui aboutissent à des besoins de recapitalisation des banques européennes de 298 milliards d’euros. Les hypothèses de départ sont intéressantes à connaître : décotes de 60% sur les titres grecs, 40 % sur les irlandais et portugais, 20 % sur les espagnols et les italiens, en utilisant un ratio de 9 % des fonds propres durs et les hypothèses de dégradation macro-économiques des précédents stress tests. 68 banques sur 91 échoueraient à des tests menés dans ces conditions, dont les principales banques allemandes et françaises.
Ce qui est valable pour les banques va aussi l’être pour les États. L’échec du plan A était déjà patent depuis des semaines, mais il se confirme que non seulement les autorités sont incapables de concevoir un plan B, mais aussi qu’elles vont enfanter dans la douleur d’un simulacre de plan A’, bricolé à la hâte pour tenter de l’afficher à Cannes. Comme on le sait, l’objectif est de trouver un levier pour augmenter la capacité d’intervention financière du FESF, afin d’empêcher l’Italie et l’Espagne de tomber dans le trou, car ce serait la fin de tout. On parle d’une assurance par le FESF garantissant certaines émissions obligataires à hauteur de 20 %, dans l’intention de couvrir d’éventuelles pertes ne dépassant pas cet ordre de grandeur, afin de rassurer les investisseurs. C’est mince.
Pendant ce temps-là, tels des rouleaux compresseurs, les mesures de rigueur budgétaire créent dans les pays qui les empilent allègrement – Royaume-Uni, Espagne, Portugal et Grèce – une détérioration de la situation sociale impressionnante, désespérée et parfois explosive. Sans pour autant aboutir à la réduction poursuivie des déficits publics, en raison de leurs effets sur la croissance et par ricochet sur les recettes fiscales.
La Grèce est progressivement paralysée par les grèves qui se multiplient dans tous les secteurs, ainsi que par des actes de désobéissance civile et d’occupation de ministères. Les salariés sont pris en étau entre la diminution de leur revenu et l’augmentation des impôts et taxes. La Troïka en est venue à exiger la diminution du salaire minimum, au prétexte qu’il est plus élevé qu’en Espagne, au Portugal et dans les pays de l’Europe de l’Est.
Utilisant une expression particulièrement adaptée à la situation, Klaus Regling, le directeur du FESF, a estimé que la Portugal pourrait devenir une « success story », au moment même où le gouvernement présentait son projet de budget 2012, annonçant, « au nom de l’urgence nationale », la suppression temporaire des 13 et 14éme mois pour les fonctionnaires et retraités dont les revenus dépassent 1.000 euros mensuels, la contrepartie accordée en raison de bas salaires. Ainsi qu’une hausse des taux intermédiaires de la TVA et des coupes dans le budget de la santé et de l’éducation. Afin de l’aider, et sur le mode de ce qui a déjà été réalisé pour la Grèce, la Commission va constituer une « task force » chargée de mettre le pays sous surveillance et sous contrôle.
Prise dans le même tourbillon, l’Espagne va rater son objectif de réduction du déficit et Standard & Poor’s, après Fitch, la dégrade, tandis que le programme de privatisation connaît un nouveau coup d’arrêt. Tout s’en mêle : les 17 régions ne contiennent pas leur déficit, les banques sinistrées ne trouvent pas acquéreurs, la croissance n’est pas au rendez-vous comme annoncé et le chômage atteint officiellement le taux de 21 %. Sans compter que le secteur bancaire est envahi d’actifs hypothécaires et de crédits accordés aux promoteurs immobiliers que l’on fait rouler faute de pouvoir obtenir leur remboursement.
Selon l’OCDE, l’Irlande donne « des signes encourageants de reprise », une croissance de 1,2 % étant attendue en 2011. « Des progrès satisfaisants sont réalisés dans la réduction du déficit public, mais il faut faire beaucoup plus », estime-t-elle sans surprendre, considérant ses « atouts structurels (…), un environnement favorable aux entreprises [une fiscalisation avantageuse maintenue contre vents et marées], la flexibilité du marché du travail et une main d’œuvre qualifiée ».
En Italie, la croissance s’est affaiblie comme presque partout, tandis que d’après la Banque d’Italie plane la menace d’un resserrement du crédit, les banques tentant ainsi d’améliorer le ratio de leurs fonds propres par rapport à leurs engagements. À son tour, le pays s’engage dans une spirale récessive tandis que l’inflation continue de monter.
Hors zone euro, mais en dépendant totalement, la stagflation est déjà installée au Royaume-Uni, dont 40 % des exportations sont dirigées vers l’eurozone, en baisse en dépit de la dévalorisation de la livre sterling qui ne joue donc pas son effet. Il en était attendu le contraire, afin de compenser les conséquences de l’austérité et de la baisse de la consommation intérieure. Selon une étude de l’Institute for Fiscal Studies, 600.000 enfants supplémentaires vont entrer dans la pauvreté entre 2009 et 2012, du fait d’une baisse moyenne des revenus de 7 % sur la même période, sans équivalent depuis 35 ans, alors que l’inflation atteint presque 5 % et que les allocations sociales ont été diminuées.
Mais il serait erroné de croire que l’Allemagne et la France sont épargnées. Les prévisions de croissance sont à nouveau diminuées en Allemagne, passant pour 2012 de 2 % initialement à 0,8 %. La demande intérieur est incertaine tandis que les exportations, moteur traditionnel, sont à la baisse après un feu de paille dû au rattrapage. Elles subissent le contrecoup de la récession ou de la faible croissance des pays européens, leur premier débouché. Un resserrement du crédit est également craint, phénomène général à toute la région.
En France, la croissance devrait être de 1 % maximum en 2012, en chute par rapport à cette année (1,6 %), impliquant l’adoption de nouvelles mesures de rigueur, une fois le cap des élections présidentielles passé.
Puisque l’on ne peut pas l’ignorer, que peut-on attendre du prochain G20 ? Des discussions à propos de la taxe sur les transactions financières, qui permettront à ceux qui l’auront défendue de reporter sur les autres la faute du fait qu’elle ne soit pas adoptée. De vague déclarations tarabiscotées sur la réforme à venir du système monétaire international, qui n’iront pas jusqu’à proposer un calendrier, et l’adoption d’un « code de bonne conduite » pour gérer les flux de capitaux perturbant l’économie des pays émergents, faisant ainsi de nécessité vertu. Ainsi que des généralités sur la relance économique, auxquels les pays disposant d’excédents vont être invités à contribuer, les autres se consacrant à la « consolidation budgétaire ». À propos de la stabilisation de la zone euro, on entendra les pays du BRICS proposer de participer à une recapitalisation du FMI, afin que celui-ci continue d’y prendre toute sa part. Y voyant une opportunité de prendre les États-Unis, qui ne veulent pas cotiser, à contre-pied et de justifier leur montée en puissance au sein du Fonds. Tout cela est maigre.