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dimanche 28 août 2011

Le chantre de la démondialisation assume son positionnement dans la campagne de la primaire.


1792, 2012, même combat. Arnaud Montebourg a invoqué l’exemple des soldats de Valmy, samedi après-midi lors de l’université d’été du PS à La Rochelle. Pour le candidat à la primaire, il s’agit, en cette période de crise comme lors de la Révolution, de renverser l’ordre ancien, de briser les chaines idéologiques, d’écrire l’histoire. C’est le sens de son projet de "démondialisation".

"Je propose la reprise du contrôle de l'économie par la politique", afin de "mettre l'économie au service de l'intérêt général", lance le député de Saône-et-Loire. Un positionnement qui lui permet de se différencier facilement des autres candidats de la primaire. "On ne battra pas le sarkozysme en promettant l'austérité à ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. On ne battra pas le sarkozysme en leur promettant le nirvana du respect des critères de Maastricht ou les tables de la loi de l’Organisation mondiale du commerce. On ne battra pas Nicolas Sarkozy en appliquant ses idées à lui. On le battra en combattant les préjugés qui nous ont conduits à la faillite. "

Mon projet n'a "rien de haineux"

Arnaud Montebourg récuse tout parallèle entre sa démondialisation et les thèses de l’extrême-droite. Et tant pis si Jean-Marie Le Pen, lors de la présidentielle de 2007, s’est lui aussi emparé du symbole de Valmy, choisissant de lancer sa campagne au pied du moulin de la Marne où furent repoussées les armées autrichiennes et prussiennes. Montebourg explique avoir été profondément blessé par les comparaisons avec le Front national. Il rappelle que son grand père était un arabe d’Algérie ("Je suis un descendant du métissage des gamètes."). Mon projet n'a "rien de haineux", insiste-t-il, il ne s'agit pas de "détruire" l'Europe mais de la mettre au service de ses habitants. Il faudra pour cela, explique-t-il, commencer par convaincre le partenaire allemand.

Sondage à l’applaudimètre

Arnaud Montebourg est le quatrième des candidats à prendre la parole en séance plénière. On peut donc maintenant comparer. L’applaudimètre, qui fait office de sondage ici à La Rochelle, lui laisse peu d’espoir face aux poids lourds Aubry, Hollande et Royal. Mais la salle s’est montrée plus chaleureuse à la fin de son discours, les socialistes ayant été pour partie séduits par un orateur talentueux qui, comme le souligne un des militants, "refuse le concours de beauté" et "a le mérite de la cohérence avec les combats qu’il mène depuis 1997".

Baptiste Legrand – Le Nouvel Observateur

vendredi 26 août 2011

No comment



Dernières images des combats en Libye (du 25.08.2011)

L'intérieur de la maison de Gadhafi Al-Saadi le fils de Moammar Gadhafi
Le quartier d'Abou Salim
Soldat loyaliste capturé lors des combats de rue dans le quartier d'Abou Salim à Tripoli

Les dirigeants des rebelles de la Libye a offert un 2 millions de dollars de primes sur la tête de Kadhafi
Le texte sur la voiture «La brigade des Martyrs Ali Al-Obeidi.






Photos des manifestations courant aout en Irael contre l'augmentation des prix

Le 16 aout
Manifestation contre l'augmentation des prix

Le 10 aout
Manifestation contre le mur de bethléem


Le 6 aout

La police israélienne a arrêté un manifestant pour faire un exemple
L'ors d'une manifestation massive qui réclament la justice sociale y compris la baisse des prix de l'immobilier en Israël, sur l'avenue principale de Tel-Aviv un quart de million d'israéliens ont défilé au frais samedi dans une protestation, ce qui mis l'économie sur l'agenda politique et fait pression sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu. (Reuters )

Des milliers de personnes marchent dans les rues pendant une manifestation contre la hausse des coût de la vie, le 6 août 2011 à Tel Aviv, Israël. Les protestations à travers Israël ont stimulé la suite d'un vote de la Knesset d'approuver les comités national pour le logement loi, qui place l'autorité pour approuver les projets de construction dans les mains des comités régionaux. Getty
Le 3 aout
Sur cette photo prise le 3 août 2011, les Israéliens se rafraîchir dans une piscine lors d'une manifestation campement de tentes contre le coût de la vie en Israël, à Tel-Aviv. Israël le dimanche 7 août 2011, a formé un groupe de ministres du gouvernement et de certains du leader du pays des experts économiques d'élaborer un plan pour réduire la flambée des coûts de la vie, marquant un nouvel effort pour désamorcer les manifestations plus des prix qui a attiré plus d'un quart de million dans les rues la nuit auparavant. (AP Photo / Oded Balilty)

Reportage sur Fukushima du 17 aout



Cinq radios des poumons par jour


Mardi 23 août. Qui va revenir habiter près de Fukushima ? Où exactement ? Et qui ne le pourra jamais ? Les « normes habituelles » tolérées vont-elles être respectées ? Ou les niveaux vont-ils être « revus » / « interprétés » de façon à éviter d’autres évacuations, et minimiser le désarroi dans la population, qui se compte en millions d’habitants. (1)

La bataille des chiffres de la radioactivité du sol, de l’air, de l’eau etc. due aux rejets de la centrale ne fait que commencer. Ils demandent aujourd’hui d’être regardés à la loupe. Ce que chacun d’entre nous, armé d’un peu de patience – et même s’il ne comprend pas très bien l’anglais ! ( a fortiori le japonais) - peut faire grâce à Internet : on peut essayer par exemple de regarder la carte et les tableaux de ce 23 août (2). On aura compris que, contrairement à une vision « simple » qui a conduit les autorités japonaises à ordonner une évacuation autour de la centrale au-delà d’un certain rayon (d’abord 3 km, puis 10 km, puis 20 km avec demande de confinement entre 20 et 30 km), la radioactivité n’est PAS répartie uniformément et de façon décroissante plus on s’éloigne de la centrale (rappelons cependant que dès le début de la catastrophe, Américains et Français avaient prôné une évacuation à des distances bien plus grandes 60 km, voire 80 km). Comme le simple bon sens nous le rappelle, les gaz et poussières radioactives ont suivi le sens du vent et, pour ces dernières, se sont déposées de façon désordonnée, parfois rabattues par la pluie. Le résultat est si divers et inhomogène que l’on a adopté le terme de « peau de léopard » pour décrire la carte qui représenterait les niveaux de raioactivité. En clair, une tache très radioactive peut côtoyer un endroit presque épargné etc. Rappelons qu’en raison de la météo des tous premiers jours de la catastrophe – où le relâchement de radioactivité dans l’air a été maximal suite notamment aux explosions hydrogène dans les réacteurs), s’est formée une sorte de « plume » radioactive dans la direction nord- nord-ouest. C’est elle dont on retrouve la trace au sol désormais. Et dont on peut se demander comment elle va être éliminée ? (décapage systématique des sols ? puis enfouissage de ces sols ? où ? pour quel cubage ?).

Nous allons prendre un seul exemple, et pas des plus extrêmes, pour faire comprendre la situation. A l’ouest-nord-ouest de Fukushima, dans le comté de Futaba, au-delà de la zone des 20 km, à 24 km dans la ville de Namie (le lieu exact de mesure est baptisé Akougi Kunugidarai), a été enregistré le 22 août un débit de dose de 35 microsieverts par heure. Ce qui signifie, en termes règlementaires comparables aux unités officielles : 306 millisieverts en un an. Un chiffre à prendre, bien sûr, avec quelque intelligence. On peut estimer que les habitants du lieu ne sont pas exposés toute la journée à ce débit de dose, soit parce qu’à l’abri chez eux pendant la nuit, soit parce qu’ils bougent ici et là pendant la journée. Divisons donc ce chiffre par deux, ou même trois : 150 ou 100 millisieverts par an. On peut alors le comparer aux normes françaises : la dose de radioactivité artificielle tolérée (qui vient se rajouter à la radioactivité naturelle) en provenance des activités nucléaires et surtout des examens médicaux, est de 1 millisievert par an (3). En clair, à Akougi Kunugidarai, les habitants devront encaisser 150 ou 100 fois cette dose.

Est-ce que cela sera considéré comme admissible ? Ou faudra-t-il clairement revoir la carte des évacuations ? Rappelons que l’annonce selon laquelle le niveau de 20 millisieverts (par an) était admissible pour les enfants a entraîné il y a quatre mois la colère et le désespoir de certains spécialistes. En particulier ceux du professeur Toshiso Kosako, de la prestigieuse université de Tokyo qui, en larmes lors d’une conférence de presse, a présenté sa démission du poste de conseiller du premier ministre fin avril, jugeant la décision insupportable - ce que nous avions rapporté dans ce blog début mai (4).

Tous ces chiffres, direz-vous, demeurent malheureusement bien abstraits. Pour que ce soit plus parlant, voici une comparaison : lors d’une radio aux rayons X des poumons, indique le MEXT japonais, on reçoit une dose d’environ 50 microsieverts (3). En prenant l’hypothèse « raisonnable » évoquée plus haut, la dose reçue par chaque habitant proche d’Akougi Kunugidarai équivaudrait peu ou prou à ce qu’il recevrait s’il se faisait faire cinq radios des poumons par jour (en toute rigueur, la dose affecte, dans un cas, une partie du corps, dans l’autre tout le corps. Mais il ne s’agit ici que d’ordres de grandeur).

On comprend pourquoi certains parents s’inquiètent de savoir quel est le débit de dose exact près de chez eux, même s’il continue de leur être affirmé qu’en-dessous de 100 millisieverts (en un an), il n’y a pas de problème. Et pourquoi de nouvelles enquêtes épidémiologiques sérieuses sont toujours aussi nécessaires (5), pour de faibles doses affectant un très grand nombre d’individus.

Pendant ce temps, que se passe-t-il à la centrale ? Combien de travailleurs oeuvrent-ils sur place ? Le chiffre de 3000 personnes en permanence est avancé, sans qu’il nous soit possible de le vérifier. D’autant que les rares photos montrent des espaces presque toujours quasi-vides d’humains, à moins qu’un ou deux ne soient montrés en train de s’affairer à une tâche précise. Peut-être 9000 travailleurs s’y seraient-ils déjà succédé depuis les débuts de la catastrophe, le 11 mars. Car il faut continuer à refroidir le corium (mélange de combustible fondu et de débris métalliques divers) dans chaque réacteur, installer des étais pour éviter que tel mur déstabilisé d’une piscine (bâtiment 4 en particulier) ne s’effondre, décontaminer l’eau, effectuer en permanence des mesures de radioactivité etc. A noter, en ce moment, se poursuit l’une des tâches importantes, qui ne pouvait pas être menée jusqu’à présent (pour cause de radioactivité bien trop dangereuse alentour, cf. 10 sieverts/h mesurés cet été près d’une canalisation – dans laquelle, peut-on imaginer, s’est coincé un bout de corium). Une vaste bâche de polyester a commencé d’être installée sur le bâtiment réacteur n°1, a annoncé l’opérateur TEPCO le 12 août, Elle est destinée à confiner – autant que faire se peut – les poussières et autres émanations radioactives. L’entreprise n’est pas mince et si ce n’était dans ces circonstances dramatiques, cela ferait penser à une performance de l’artiste Christo, qui a emballé de Bundestag à Berlin, comme le Pont Neuf à Paris : la bâche, de 54 mètres de hauteur et 47 mètres de long (pas de précision sur la profondeur ?) doit finalement cacher cette installation détruite qu’on ne saurait plus voir.

1) Ici, nous aimerions nous interroger sur certains autres chiffres. Au début de la catastrophe, ont été couramment évoqués les chiffres de 140 000, voire 170 000 ou 200 000 évacués. Depuis plusieurs semaines, un seul chiffre revient (dans les dépêches d’agence, dans les divers articles…), celui de 80 000. Sans que l’on connaisse exactement sa source et surtout la façon dont il a pu être calculé. Il semble en tout cas correspondre à ce que l’on pourrait désormais appeler les « évacués officiels ». Rappelons en effet que très vite, il y a eu des incitations par les autorités à « évacuer volontairement », de façon notamment que des personnes s’éloignent de la zone des 20-30 km, où beaucoup étaient confinés. Il se pourrait que ces évacués « volontaires » (du moins certains d’entre eux) ne soient plus désormais comptabilisés. Est-ce que cela aura une incidence sur les éventuels dédommagements ( par assurances privées ou publiques...). à venir ? Il n’est pas impossible qu’un jour, un scandale au dédommagement (évacuation volontaire vs. non volontaire) ne finisse par éclater. Le nombre exact d’évacués n’est pas un chiffre anodin au regard des indemnités (santé, expropriation, aides au relogement etc.) qu’il implique (ou impliquera un jour). Cette question est vitale pour nombre d’habitants. A la mi-août, 2000 fermiers ont ainsi manifesté à Tokyo, pour réclamer des indemnités.

2) http://radioactivity.mext.go.jp/en/monitoring_around_FukushimaNPP_monitoring_out_of_20km/2011/08/10682/index.html

3) http://www.developpement-durable.gouv.fr/Phenomene-de-radioactivite.html

4) http://sciencepourvousetmoi.blogs.sciencesetavenir.fr/archive/2011/05/02/fukushima-suite-35-les-larmes-du-pr-kosako.html

5) D’autant que ces chiffres ne concernent que l’irradiation externe actuelle, jour après jour. Il ne faut pas oublier la possible contamination interne (due à l’absorption d’aliments, d’eau contaminée, l’inhalation d’iode radioactif pendant plusieurs jours voire semaines au début de la catastrophe etc.). Cf. les mesures annoncées le 20 août d’une atteinte à la thyroïde d’environ un enfant sur deux contrôlé (de façon considérée comme fiable) dans les débuts de la catastrophe : sur 1080 enfants [sur les 1149 testés initialement], 482 (44,6 %) présentent un certain niveau de contamination radioactif dans la glande thyroïde. NB : Satoshi Tashiro, de l’université de Hiroshima a affirmé lors d’une réunion de pédiatres à Tokyo (cité par New Scientist http://www.newscientist.com/article/dn20793-radioactive-fukushima-children-given-cancer-allclear.html ) que « ces radiations ne dépassant pas 35 millisieverts », et « n’atteignant pas les 100 millisieverts » il ne les jugeait pas dangereuses. Une vision des « faibles doses » qui est, on le sait, controversée. Et en particulier dans le cas des enfants. Cf. l’attitude du Pr Kosako cité dans cette note de blog. Lire aussi à ce sujet : http://sciencepourvousetmoi.blogs.sciencesetavenir.fr/archive/2011/08/05/fukushima-suite-42-2-millions-de-personnes-suivies-medicalem.html


Les banques affichent des bénéfices record... en Chine

Source : La Tribune

Les résultats semestriels des cinq plus grandes banques chinoises se sont élevés à 57 milliards de dollars. Soit plus que ceux des quatorze plus importants établissements américains et européens réunis.

L'industrie bancaire mondiale entre dans une nouvelle ère. Après la cotation et les levées de fonds successives des grands établissements chinois, les opérateurs de marché s'y étaient habitués : les plus grandes banques mondiales par la capitalisation n'étaient plus américaines ou européennes mais chinoises. Désormais, leur suprématie mondiale porte sur leurs résultats. Au cours du premier semestre, les cinq plus grandes banques de l'ex-empire du Milieu - ICBC, AgBank, Construction Bank, Bank of China et Bank of Communications - ont dégagé des bénéfices cumulés de 57 milliards de dollars... supérieurs à l'ensemble des résultats des quatorze plus importants établissements américains et européens !

Eté pourrie pour les banques occidentales

De part et d'autre de l'Atlantique, l'été des banques européennes et américaines a été terni par des rumeurs persistantes et, dans certains cas, par la publication de résultats décevants suivis d'annonces de vastes plans de licenciement. Au premier semestre, les résultats des quinze plus grandes banques américaines en termes d'actifs ont chuté de 17%. Et en Europe, plus de 40.000 suppressions de postes ont été annoncées au mois d'août, dont 30.000 chez HSBC qui va par ailleurs recruter 15.000 personnes dans les pays émergents.

Les Chinoises s'en sortent mieux en Bourse

Depuis le début de l'année, les banques chinoises sont mieux loties en Bourse que leurs consoeurs occidentales. Certes, les restrictions drastiques imposées par le gouvernement central au secteur (hausse des taux d'intérêt, contraintes sur l'octroi de crédits, mesures anti-spéculatives dans l'immobilier...) ont pesé sur leurs cours de Bourse. Les actions des cinq plus grandes banques chinoises ont en moyenne chuté de 18% depuis le 1er janvier. Mais dans le même temps, celles des plus importantes valeurs bancaires américaines et européennes ont respectivement sombré de 28% et 36%, rapporte l'agence Bloomberg.

Rassurer sur les collectivités locales

A l'occasion de la publication de leurs résultats, les banques chinoises ont tenu à rassurer leurs opérateurs de marché sur leur exposition aux collectivités locales de leur pays. ICBC, la plus grosse d'entre elles mais aussi la plus exposée aux collectivités, vient de publier un bénéfice net en progression de 29,4% à 17 milliards de dollars. Sa direction a indiqué que les dettes les plus risquées ne représentaient que 0,25% de son portefeuille de crédits. Les dettes « non performantes » ne représentent que 1,11% des emprunts accordés aux collectivités locales par Construction Bank, le coefficient le plus élevé parmi les cinq grandes banques chinoises.

Pékin veille pour prévenir une crise bancaire

Les opérateurs de marché sont donc attentifs. Selon l'agence de notation Standard & Poor's, 30% des emprunts accordés à ces collectivités pourrait devenir « non performants ». Et d'après le Wall Street Journal, ils s'élevaient à 2,250 milliards de dollars à la fin de 2010, représentant un tiers de l'ensemble des crédits accordés à travers le pays. Pékin veille qui a régulièrement relevé les coefficients de réserves obligatoires des banques et leur a demandé d'étoffer leurs fonds propres pour éviter une crise bancaire et pour se conformer aux normes prudentielles internationales (voir le vidéo de Reuters Insider sur le sujet).

Provisions, levées de fonds et suspension de dividendes

Ces banques ont par ailleurs augmenté les provisions et certaines, comme Bank of Communications, ont provisoirement suspendu la distribution de dividendes. D'après le cabinet hongkongais ChinaScope Financial, les établissements chinois cotés ont levé 93 milliards de dollars sur les marchés boursiers et obligataires en près d'un an.

Eric Chalmet

Et si Sarkozy avait réussi à vendre le Rafale à Kadhafi, l'aurait il combattu ?

Source : Premieres Lignes

Imaginez seulement... Si l'année dernière le président Sarkozy était parvenu à vendre une douzaine d'avions Rafale au colonel Kadhafi ?

Un type formidable, Mouamar, plein d’argent, passionné par la technologie militaire française et prêt à investir.

Et, on le sait, le Rafale n’est pas donné… C’est sans doute le plus sophistiqué des avions de combat. La perle de l’industrie aéronavale militaire française. Il aura coûté près de 40 milliards d’euros d’argent public. Et Dassault n’en a vendu aucun.

Certes, des esprits chagrins auraient sans doute chouiné que c’est un peu limite de vendre une arme de cette puissance à un dictateur avec d’évidents problèmes psychiatriques. Mais on aurait raconté une petite histoire pour emballer notre succès commercial. On aurait montré dans la presse amie que la Lybie change, s’ouvre aux investissements des entreprises internationales, se libéralise…

C’était presque signé. Une délégation est allée à Tripoli en aout 2010. Elle allait livrer aussi des radars pour empêcher les attaques aériennes.

Ça laisse rêveur, non ?...

Comment en six mois, un bon client peut il se transformer ainsi en ennemi de son peuple, en tyran qui mérite juste d'être bombardé ?

Le ministère des Affaires Etrangères n'avait pas dans ses tiroirs une petite note de synthèse sur les états de service de Mouamar ?

Imaginez donc que Kadhafi ai acheté les avions (c’est dingue ce qu’il doit regretter aujourd’hui, du fond de sa cachette…). Il se serait fait un plaisir de clouer au sol tous ces impertinents, ces « rats », ces rebelles… Il leur aurait appris la vie avec du bon acier contendant français. Ils auraient moins fait les malins…

Et BHL aurait toujours pu vider son forfait de téléphone à laisser des messages sur la boite vocale du président…

Martin Hirsch découvre la société Camaieu


Source : martinhirsch.blogs.nouvelobs.com

Parmi les entreprises qui se sont développées rapidement, il y a Camaieu. J'ai passé un long moment avec les délégués syndicaux qui avaient fait une semaine de grève avant l'été. Les délégués syndicaux se sont aperçus à leur grande surprise, qu'ils pouvaient percevoir le RSA. A leur grande surprise parce qu'ils travaillent à plein temps, et qu'ils ont 18 ans d'ancienneté. Pourtant la CAF leur a indiqué qu'ils avaient droit, pour l'un d'entre eux qui a un jeune enfant à charge, à 250 euros de rsa chaque mois. Beaucoup d'autres salariés de l'entreprise ont, du coup, fait la même démarche et la grande majorité d'entre eux perçoivent le RSA.

Ils n'avaient pas réalisé que l'on peut toucher le rsa tout en travaillant à plein temps. ils faisaient donc partie de ces centaines de milliers de salariés qui ont droit à ce complément de salaire mais qui ne vont pas le chercher en pensant que le rsa est le simple prolongement du RMI et ne concerne pas ceux qui ne sont jamais passé par le RMI ou uniquement ceux qui ont un emploi précaire et à temps partiel. Il serait temps d'y remédier.

Mais, ils trouvent choquants que dans une entreprise qui gagne beaucoup d'argent, leur complément de salaire soit versé par de l'argent public et pas par l'entreprise. il faut dire que la situation de cette entreprise est extravagante. cette entreprise emploi 5 000 salariés. son fondateur l'a revendue à un fonds d'investissement, il y a deux ans, pour une somme d'environ 600 millions d'euros. Ce fonds d'investissement vient d ele revendre à un fonds de pension anglais pour 1, 5 milliards d'euros. Jolie plus value. Les salariés eux, gagnent à peine plus que le SMIC. Ceux que j'ai vus avaient 17 ou 18 ans d'ancienneté et gagnaient moins de 1100 euros nets. La grille de salaire est plate. les agents de maîtrise sont à 1500 euros nets et les cadre autour de 200 euros. Plate, avec une petite exception. dans leur dossier, il ya la page de Challenges qui fait le hit parade des rémunérations. leur ancien patron y figure tout en haut, avec une rémunération de, accrochez vous, 21 millions d'euros!!!! s'il s'était contenté de 1 millions d'euros ( ce qui est déjà pas mal), il avait de quoi verser l'équivalent du RSA à lui tout seul à l'ensemble des salariés.

D'où l'indignation des salariés. Voilà de quoi faire réfléchir.

leur drh leur a dit qu'ils n'augmentaient pas les salaires puisque le rsa était là et ils avaient l'impression que le rsa était responsable de leur bas salaires. je leur ai dit que le rsa avait bon dos puisqu'il n'existe que depuis deux ans et que cela fait quinze ans qu'ils n'ont pas eu d'augmentation. s'il n'y avait pas le rsa, on prendrait d'autres prétextes : la concurrence internationale, le côut du travail, le poids des charges sociales. côté poids des charges sociales, ils étaient égalemnt indignés des allègements de charge dont bénéficiait leur entreprise (l'équivalent d'ailleurs du coût du rsa), malgré des rémunération astronomiques tout en haut et très basses pour la plupart des salariés.

Ce cas de figure avait été prévu lorsque le rsa a été conçu en 2005 avec l'idée que les allègements de charge devaient être réduits quand la répartition des salaires était si inégale dans une entreprise. C'est l'un des aspects du rsa qui n'a pas été mis en oeuvre et qui devrait l'être.

Voilà un cas d'école extraordinairement illustratif de ces contrastes entre hautes rémunérations et petits salaires et la preuve de ce que j'avançais dans mon papier précédent : ce ne sont pas les petits salaires qui sont responsables des déficits publics, là ce sont les plus hauts salaires. en prenant plus que leur part, ils provoquent des dépenses publiques

affaire à suivre, de près...

L'appel de très riches Français : "Taxez-nous !"

"Nous, présidents ou dirigeants d’entreprises, hommes ou femmes d’affaires, financiers, professionnels ou citoyens fortunés, souhaitons l’instauration d’une "contribution exceptionnelle" qui toucherait les contribuables français les plus favorisés. Cette contribution serait calculée dans des proportions raisonnables, dans le souci d’éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l’accroissement de l’évasion fiscale.

Nous sommes conscients d’avoir pleinement bénéficié d’un modèle français et d’un environnement européen auxquels nous sommes attachés et que nous souhaitons contribuer à préserver. Cette contribution n’est pas une solution en soi : elle doit s’inscrire dans un effort plus global de réforme, tant sur les dépenses que sur les recettes.

Au moment où le déficit des finances publiques et les perspectives d’aggravation de la dette de l’Etat menacent l’avenir de la France et de l’Europe, au moment où le gouvernement demande à tous un effort de solidarité, il nous semble nécessaire d’y contribuer."

Perdriel juge « ridicule » le montant de la taxe sur les hauts revenus

Claude Perdriel devant le siège du "Monde" à Paris (AFP/THOMAS SAMSON)

Claude Perdriel, une des seize fortunes françaises à avoir demandé une contribution exceptionnelle des plus riches à la réduction du déficit, dans un appel publié mardi par le Nouvel Obs, estime que le montant de la taxe de 3 % sur les très hauts revenus annoncée par le gouvernement est tout simplement "ridicule".

"Au moment où le déficit des finances publiques et les perspectives d’aggravation de la dette de l’Etat menacent l’avenir de la France et de l’Europe, au moment où le gouvernement demande à tous un effort de solidarité, il nous semble nécessaire d’y contribuer", pouvait-on lire dans cet appel.

Interrogé sur RTL pour savoir si le premier ministre avait répondu à cet appel en annonçant la création d'une taxe exceptionnelle de 3 % sur les revenus du travail et du capital dépassant 500 000 euros par an, le fondateur du Nouvel Observateur répond sans détour : "non".

La réponse du gouvernement est "sympathique, c'est mieux que rien", a-t-il estimé, précisant qu'il fallait "toujours saluer les pas en avant". "En même temps, ça casse le tabou idiot de ne pas augmenter les impôts et donc on peut espérer que ça ira plus loin. Mais pour le moment c'est ridicule", ajoute-t-il.

Selon le gouvernement, cette mesure doit permettre de rapporter 200 millions d'euros. "Si on augmentait de 5 % les impôts sur ce que touchent réellement les 1 % les plus riches, cela représenterait 5 milliards d'euros et je ne crois pas que ça diminuerait d'un iota ni la croissance ni la consommation", explique M. Perdriel.

Les signataires de l'appel:

Jean-Paul Agon, PDG de L’Oréal ; Liliane Bettencourt, actionnaire de L’Oréal ; Antoine Frérot, PDG de Veolia Environnement ; Denis Hennequin, PDG d’Accor ; Marc Ladreit de Lacharrière, président de Fimalac ; Maurice Lévy, PDG de Publicis ; Christophe de Margerie, PDG de Total ; Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale ; Claude Perdriel, président du conseil de surveillance du Nouvel Observateur ; Jean Peyrelevade, président de Leonardo & Co France ; Franck Riboud, PDG de Danone ; Stéphane Richard, PDG d’Orange ; Louis Schweitzer, président de Volvo et d’AstraZeneca ; Marc Simoncini, président de Meetic, fondateur de Jaïna Capital ; Jean-Cyril Spinetta, président d’Air France-KLM, président du conseil de surveillance d’Areva ; Philippe Varin, président du directoire de PSA Peugeot Citroën.

lundi 15 août 2011

Heidemarie Schwermer, le choix d'une vie sans argent

Source : L'orient le jour.com
Abandonner l'argent, un incroyable pari que cette Allemande relève depuis plus d'une décennie.

Jamais Heidemarie Schwerner n'aurait crû pouvoir tenir si longtemps sans argent. Pourtant, ce qui ne devait être qu'une expérience de douze mois est devenu son mode de vie depuis 15 ans. Maquillage discret, pull en coton rose bonbon et collier de perles synthétiques : difficile d'imaginer que cette Allemande de 69 ans, aux traits élégants et au sourire chaleureux, n'a pas dépensé un sou depuis des années. "Abandonner l'argent m'a apporté une qualité de vie, une richesse intérieure et la liberté", explique-t-elle.
Rien ne semblait la prédestiner à adopter un style de vie si radicalement éloigné de la société de consommation, hormis peut-être ses premières années. Née pendant la Seconde Guerre mondiale en Prusse orientale, ancien territoire allemand séparé du reste du pays par le couloir de Dantzig, elle s'est retrouvée à deux ans dans le flot des expulsés par les troupes russes. Sa famille est arrivée démunie en Allemagne. "J'ai vu comment on était considéré comme des moins que rien quand on n'avait ni possessions ni argent", raconte-t-elle.
A la fin des années 1960, elle passe un an au Chili. "Là, j'ai vu la grande pauvreté", se remémore cette ancienne institutrice.
De retour en Allemagne, elle a deux enfants, divorce puis s'installe à Dortmund (ouest) en 1982, où elle ouvre un cabinet de psychothérapie. "J'avais envie de comprendre ce qui se passe dans la tête des êtres humains. Mais ce n'était pas assez, je voulais faire plus pour le monde".
Naît alors en 1994 l'idée de créer un réseau de troc, une originalité pour l'époque, qu'elle destine aux gens qui n'ont rien. Des retraités et des étudiants répondent à l'appel. Heidemarie commence à garder des maisons momentanément inoccupées en échange de services ou d'objets. Et se rend compte que presque tous ses besoins sont couverts sans avoir à débourser un centime.
En 1996, elle franchit un pas décisif: elle abandonne emploi et location et son réseau de troc, fait don de tous ce qu'elle possède, résilie compte bancaire et assurance maladie et se donne un an pour expérimenter une vie sans argent. Dans son entourage, c'est l'incompréhension. "Ma fille s'est fait beaucoup de souci, mes amis ont presque pleuré. Maintenant ils me soutiennent". Heidemarie se fait héberger à droite et à gauche puis revient à Dortmund pour écrire un livre, qui sera traduit dans plusieurs langues. "J'ai gagné beaucoup d'argent avec ce bouquin", glisse-t-elle, "j'ai tout donné à des passants en billets de cinq Deutsche Mark".
Elle passe à la télévision et anime des séminaires, son histoire fait l'objet d'un documentaire. Aujourd'hui, elle rédige son troisième livre dans une maison de Wilhelmshaven (nord) où elle est logée gratuitement. En échange, elle sort les poubelles et tond la pelouse.
Elle reverse sa retraite, environ 700 euros par mois, à "des connaissances qui en ont besoin" et refuse de penser à ses vieux jours ou d'aller chez le médecin.
Sa nourriture, elle la trouvait à Dortmund dans un magasin d'alimentation bio qui lui donnait les invendus. A Wilhelmshaven, elle reçoit parfois des légumes du jardin d'une amie et a démarché une association d'aide alimentaire.
"Bien sûr, je m'inquiète quand il n'y a rien dans le frigo. Au début j'avais peur tout le temps, mais ce que j'aime par dessus tout c'est ne pas savoir ce qui va se passer le lendemain".
Pour Heidemarie, l'objectif n'est pas tant de faire des émules que "d'aider les gens à réfléchir sur leur façon de vivre et leurs relations aux autres". Aujourd'hui, elle ne se satisfait plus du troc et souhaite le "partage", un échange dans lequel "personne n'attend rien en retour".
Dans deux mois, elle reprendra sa petite valise, son unique bien, pour une destination encore inconnue.

dimanche 7 août 2011

2012: L’impératif de vérité

«La vérité, comme la lumière, aveugle. Le mensonge, au contraire, est un beau crépuscule qui met chaque objet en valeur», Albert Camus.
- A Paris, le 21 octobre 2010. REUTERS/Charles Platiau -

Source : Slate

La propension des gouvernants à ne pas dire la vérité aux français est toxique. Elle rompt le lien de confiance qui devrait relier les citoyens à ceux qui ont la charge de l’intérêt général. En disant la vérité aux français sur les défis à relever, et les solutions possibles, les responsables politiques seraient plus à même de convaincre et de mobiliser le peuple. Alors la France s’éloignerait du modèle de défiance dans lequel elle s’est enlisée et tendrait vers la société de confiance que tous appellent de leurs vœux.

Pourquoi les dirigeants politiques ne disent pas la vérité aux français ?

Quatre principales raisons expliquent que les dirigeants politiques de notre pays ne disent pas la vérité aux français :

Parce qu’il faut gagner les élections

Faut-il rappeler que, sauf dans les dictatures, pour diriger un pays, les responsables politiques doivent être élus? D’où une propension marquée à privilégier, avant l’élection, ce qui est de nature à se faire élire, c’est-à-dire à plaire, à séduire, plutôt que la pédagogie sur les vrais enjeux, les difficultés, le réel. La vie en rose plutôt que la vraie vie.

François Mitterrand fut un maître en la matière. Il dit et fit ce qu’il fallait pour conquérir le Parti Socialiste, bâtir le Programme Commun, créer et diriger l’Union de la gauche et accéder à la Présidence de la République. En privé, il ironisait sur Pierre Mendès France, qui avait fait le choix inverse et n’avait jamais voulu, dans ses déclarations et engagements, sacrifier ses convictions. Même le Général de Gaulle n’accéda au pouvoir en 1958 qu’en avançant masqué sur le sujet de l’Algérie, se refusant, dans un premier temps, à exprimer ce qu’il savait pourtant inévitable, la nécessité de l’indépendance algérienne. A ce triste petit jeu, l’actuel Président de la République semble menacer de devenir un maitre…

Sauf à être un enfant de chœur, reconnaissons aux politiques le droit et le devoir à l’habileté. Le problème est qu’au fil des années et notamment depuis la détérioration de l’environnement économique international (la fin des Trente Glorieuses), le déséquilibre s’est accentué, entre le discours «honnête» et le discours «plaisant», au détriment du premier et au profit du second. L’habileté a pris le pouvoir. C’est la victoire des renards.

Parce qu’il faut stimuler le moral des acteurs économiques

Chacun sait que l’économie répond largement à des facteurs psychologiques. Si les chefs d’entreprise sont inquiets pour l’avenir, ils investissent et embauchent moins. Si les ménages (comme disent les économistes) sont inquiets, ils consomment et investissent moins. La croissance est alors ralentie. Or les prévisions économiques ne sont presque jamais évidentes. Les économistes divergent souvent sur l’avenir.

Comment s’étonner alors que les responsables politiques choisissent généralement de retenir les versions les plus optimistes des projections disponibles. Ils le font souvent avec bonne conscience, persuadés qu’ils contribuent ainsi au «moral» des acteurs économiques, donc au tonus de l’économie et ainsi, par ricochet, à la crédibilité de leurs propres prévisions.

Parce qu’il faut éviter de bloquer les réformes

Il y a quarante ans, alors que Georges Pompidou présidait la France, Jacques Duhamel, Ministre de l’Agriculture, publia un rapport sur l’avenir à long terme de l’agriculture française. Ce rapport, qui identifiait quelques tendances inévitables, notamment la continuation d’un important exode rural, suscita un tollé. Cet épisode confirma l’hypothèse de la plupart des responsables politiques: dire les choses telles qu’elles sont ou telles qu’elles vont se produire provoque des réactions trop négatives et, de ce fait, bloque les réformes en cours ou à lancer. Mieux vaut donc, si l’on veut réformer le pays, ruser et avancer comme un crabe, en flattant l’opinion, d’un côté, et en agissant dans une certaine pénombre, de l’autre.

Parce qu’ils ne la savent pas eux-mêmes.

La quatrième raison qui conduit les responsables politiques à ne pas dire la vérité aux français est la plus simple. Dans bien des cas, ils ne la connaissent pas.

Prenons deux exemples. François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont tous les trois conduit des politiques qui ont augmenté le déficit des finances publiques. Ils l’ont fait notamment parce qu’ils se sont convaincus que le déficit généré par leurs initiatives serait temporaire et que le retour de la croissance économique induirait, plus tard, le redressement des finances publiques françaises. Ils manifestaient ainsi à la fois leur méfiance envers les avis et les prévisions, jugés souvent trop pessimistes, des experts (les «technocrates»), leur confiance en l’avenir, sans laquelle un homme politique a du mal à se lever le matin, et une certaine inculture économique.

En simplifiant, on pourrait dire: un tiers d’optimisme, un tiers de ruse et un tiers d’ignorance. Très récemment, Nicolas Sarkozy semble avoir fait son aggiornamento sur ce sujet des finances de l’État. Nous verrons si sa conversion est durable et profonde.

Deuxième exemple. Marine Le Pen présente un programme économique pour la France complètement irresponsable. Les maquizards ne connaissent pas personnellement Madame Le Pen, mais nous affirmons que si elle croit ce qu’elle dit – ce que disent différentes personnes qui l’ont rencontrée- cela démontre, de sa part, une profonde ignorance des sujets qu’elle traite. En effet, si son programme était mis en œuvre, et en particulier la sortie préconisée de la France de la zone Euro, les conséquences en seraient catastrophiques pour la France et les français et surtout pour les plus défavorisés de nos concitoyens. Il est donc manifeste qu’elle ne connaît pas les sujets dont elle parle.

Pourquoi il est pourtant préférable de dire la vérité aux français ?

En France, «chacun ressent ce qui lui manque plutôt que ce qu’il a», disait déjà de Gaulle

Alors, quoi, nous sommes français, cyniques mais sympathiques? Malins comme Rouletabille, pudiques comme Cyrano, courageux comme Jean Valjean? Non, l’affaire est autrement sérieuse. Entre le peuple et ses dirigeants, le pacte est rompu et il doit être reconstruit.

Il peut l’être. C’est encore de Gaulle qui disait «Quand les français croient en la grandeur de la France, ils font de grandes choses; quand ils se sentent abandonnés, ils font de petites choses

Parce que, sans confiance, la démocratie ne fonctionne pas.

Récemment, interrogé par Jean-Pierre Pernaut, Nicolas Sarkozy répondit: «Vous savez la perte de confiance des français, elle n’est pas seulement sur les médicaments, elle est sur tant de choses».

En effet! Selon une étude du CEVIPOF (le Centre de Recherches Politiques de Sciences Po), 83% des français estiment que les responsables politiques ne se préoccupent pas ou peu de ce qu’ils pensent; 57% (en hausse de 9 points en un an) jugent que la démocratie ne fonctionne pas en France; pour 64%, élus et dirigeants nationaux sont «plutôt corrompus». Les français n’ont donc pas confiance en leurs dirigeants politiques. Pratiquement, cela signifie que lorsque ces dirigeants s’expriment, les français ne les croient pas. C’est une catastrophe.

Certes, les français se distinguent depuis longtemps par leur capacité à critiquer, mais nous atteignons la cote d’alerte. Nous l’avons même dépassée. Le niveau de cynisme actuel rappelle celui en vogue en France à la fin des années 30, une période de sombre mémoire et qui termina dans l’abime.

Parce que la défiance nourrit la déprime qui nourrit la défiance

Eric Le Boucher rappelait récemment dans une de ses chroniques que le goût français pour la plainte a d’anciennes racines paysannes: «Monsieur le Marquis, les récoltes n’ont jamais été aussi mauvaises». Mais nous n’en sommes plus là, la plainte s’est détachée de ses causes objectives pour se nourrir elle-même comme celle d’un déprimé qui jouit de sa déprime.

Si les français dépriment, ils sont moins enclins que jamais à croire les dirigeants politiques, même quand ceux-ci leur disent la vérité. Il faut rompre ce cercle vicieux.

Parce que la confiance suppose que les mots aient un sens.

Quand Jacques Chirac s’exprime le même jour, dans un grand quotidien pour y dire «N’attendez pas de moi que je m’immisce dans le débat présidentiel (…). Je ne fais plus de politique» et y souligner l’«exigence d’unité et de rassemblement» et en Corrèze pour marteler sous les micros et les caméras: «Je peux dire que je voterai Hollande!», l’intéressant n’est pas l’évidence de ce double discours. Il est plutôt dans les sourires entendus de nos concitoyens, tellement habitués au double langage –qui amuse le microcosme depuis des lustres- qu’il a démonétisé la parole politique.

On connaît la terrible formule: «Les promesses n’engagent que ceux qui y croient». Cet éloge de l’abus de confiance illustre jusqu’à l’absurde la propension de nos élus à oublier les mandats reçus des électeurs et à faire de la politique comme un jeu.

Les politiques parlent aux français. Quand ils le font, ils doivent être écoutés, entendus, crus, suivis.

Parce que la mise en œuvre de réformes courageuses n’empêche pas les succès électoraux.

Jean-Claude Juncker, Premier Ministre du Luxembourg, a théorisé la trouble politique des dirigeants européens (et français) en disant: «Nous savons tous ce qu’il faut faire. Ce que nous ne savons pas, c’est comment être réélus si nous le faisons».

Il a tort. L’idée que les réformes ont un coût électoral inévitable est démentie par l’histoire récente. Deux économistes, Alexandra Bonfiglioli et Gino Gancia, ont examiné les réformes et les votes dans 20 pays de l’OCDE entre 1975 et 2000, pour conclure qu’elles n’avaient pas d’incidence sur le résultat électoral. Les auteurs montrent que les électeurs ne sont pas des idiots qui se font berner par les atermoiements des gouvernements. L’esquive, la ruse, la fausse réforme ne passent pas inaperçues et ne donnent aucune prime à leurs auteurs. La réforme est, ou pas, sanctionnée mais l’absence de réforme l’est tout autant. Par conséquent, une réforme courageuse n’est pas un facteur discriminant conduisant inéluctablement à la défaite électorale.

Parce que la vérité est la seule vraie alternative au populisme

Quand Marine Le Pen à l’extrême droite et Jean-Luc Mélenchon à l’extrême gauche s’expriment, beaucoup de français les écoutent. Ils ont l’impression qu’enfin on leur parle vrai.

Est-il concevable de laisser aux démagogues, aux populistes, aux extrémistes, le monopole d’un discours qui sonne juste aux oreilles des français? Non, bien sûr.

Mais prenons garde. De même que ce n’est pas en empruntant leurs idées aux partis extrêmes que les partis modérés reconquerront la confiance des français ; ce n’est pas non plus en tenant un discours habile, rusé, malin, mais creux. Les français en ont assez des renards, ils attendent des lions.

Dix exemples d’un discours de vérité

Voici dix exemples d’un discours de vérité qui pourrait, qui devrait être tenu par des responsables de gauche comme de droite.

La situation des finances publiques française est grave.

Quand ils parlent du déficit des finances publiques françaises, les responsables politiques, de droite comme de gauche, rapportent ce déficit au Produit Intérieur Brut (le PIB) du pays.

Ce discours est, à lui tout seul, un mensonge. Les finances publiques, ce sont les finances de l’État. Le PIB, c’est l’économie de l’ensemble du pays (État inclus).

La présentation honnête est donc celle qui rapporte le déficit des finances publiques aux recettes de l’État. On voit alors apparaître un abime. Le déficit représentait en 2009, 15.6% des recettes publiques! Quelle entreprise, quelle famille survivrait à une telle débauche ? Il est vrai que cette année était marquée par un effort exceptionnel de lutte contre une crise elle-même historique. Mais, avant ou après le déficit «structurel» des finances publiques françaises peut être estimé à 10% des recettes, ce qui est gigantesque.

Dominique Strauss-Kahn écrivait, en 2002, dans son livre programmatique, La Flamme et les Cendres: «Il s’agit de rompre avec le tax’n spend (taxes et dépenses) qui a longtemps marqué, si ce n’est la pensée, du moins l’image socialiste». A l’époque, il jugeait notre dette publique «insupportable». Elle atteignait alors 59% du PIB. Huit ans plus tard, elle a explosé à 81.5 %!

Les français doivent savoir que la situation de leurs finances publiques est grave.

La France a besoin des entrepreneurs

«Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant l’épargne. Vous ne pouvez pas donner la force au faible en affaiblissant le fort. Vous ne pouvez pas favoriser la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes. Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche. Vous ne pouvez pas forcer le caractère et le courage en décourageant l’initiative et l’indépendance. Vous ne pouvez pas aider les hommes continuellement en faisant pour eux ce qu’ils pourraient et devraient faire eux-mêmes.»

Abraham Lincoln

Seizième Président des Etats-Unis

La mondialisation ne doit pas être combattue, elle doit être utilisée

François Hollande a raison de fustiger le populisme de ceux qui «instrumentalisent la mondialisation pour briser le pacte national».

Il est vrai que près d’un jeune français sur deux (47 %) juge que la mondialisation est une menace. Celle-ci représente au contraire une chance pour 91% des jeunes Chinois, 87% des jeunes Indiens et 81% des jeunes Brésiliens d’après une récente étude de la Fondapol.

La mondialisation est inscrite dans la réalité. La France n’a ni le moyen de l’arrêter ni intérêt à s’en écarter. Car en sortir, c’est à dire choisir le protectionnisme, serait faire le choix de la démagogie, de la décroissance et de l’appauvrissement des français.

Encore faut-il en convaincre les français. Ils sont nombreux ceux qui pensent, avec sincérité, que si le monde nous tourne le dos, c’est lui qui a tort, et nous qui avons raison.

Aux responsables politiques de faire leur travail de pédagogues. Bâtir un discours positif sur la mondialisation, ses exigences, et ses bénéfices.

La croissance est nécessaire

En 1972, le Club de Rome vantait les mérites de la décroissance. Une musique semblable se développe aujourd’hui, inspirée des soucis de respect de l’environnement, d’économie de matières premières, de pénurie alimentaire.

Prenons garde! La France et les Français ont besoin de croissance. Elle est le lubrifiant qui soutient le pouvoir d’achat, permet le progrès social, finance la modernisation. Pas n’importe quelle croissance, bien sûr, une croissance économe, une croissance respectueuse, mais la croissance quand même.

Il faut arrêter de mentir sur le potentiel de croissance de la France

Il y a des mensonges de droite et il y a des mensonges de gauche. Et il y a les gros mensonges et les mensonges partagés.

Toujours promptes à se disputer, gauche et droite sont d’accord sur un point: la croissance atteindra 2.5 % dans les années à venir.

Au PS comme à l’UMP, on sait que ce chiffre de 2.5 % est un gros mensonge. Au cours de la décennie écoulée, la croissance française a été de 1.2% par an. La moitié donc.

Pourquoi mentir ainsi? Parce que c’est commode. A 2.5 % de croissance, il devient plus facile d’équilibrer le budget de l’État et les comptes sociaux. Les choix deviennent moins cornéliens.

Cet optimisme est un vieux défaut français. Il fausse les débats politiques, permet d’éviter les décisions les plus difficiles et fait croire possible ce qui ne l’est pas. Il faut y mettre fin.

Améliorer la situation de l’emploi est possible

On se souvient de la déclaration fataliste de François Mitterand: «Sur l’emploi, on a tout essayé».

Non, tout n’a pas été essayé. D’excellentes propositions ont été faites, par exemple, dans le rapport de la commission présidée en 2004 par Michel Camdessus. En augmentant à la fois la flexibilité des contrats de travail et la sécurité des salariés, il serait possible d’accroitre le nombre d’emplois en France. Mais cela suppose de remettre à plat les pratiques actuelles et certains avantages acquis. En France, ceux qui ont un emploi sont plus nombreux et plus puissants que ceux qui en sont dépourvus. Les réformes nécessaires sont identifiées. Quels gouvernants auront le courage de les décider et de les mettre en œuvre?

Les entreprises française ne sont pas assez profitables

Avec les énormes résultats du CAC 40 sous nos yeux, les hommes politiques et l’opinion pensent que les entreprises françaises gagnent trop d’argent en France et que tel est le problème. La vérité est inverse.

Les marges des entreprises n’ont cessé de reculer, de 9% du PIB il y a dix ans à 6% aujourd’hui, alors qu’elles ont fait le chemin inverse en Allemagne. Les 85 milliards de profit du CAC 40 (+40%) faussent les statistiques nationales.

En outre, les groupes du CAC 40 font la plus grande partie de leurs profits hors de France. Les français doivent le savoir.

Les français devront choisir entre la lutte contre le réchauffement climatique et leur pouvoir d’achat

L’Europe, qui se veut à l’avant-garde de la lutte contre le réchauffement climatique, a choisi de réduire, d’ici 2020, ses émissions de gaz à effet de serre de 20% (par rapport au niveau de 1990) et de relever à 20% la part des énergies renouvelables dans sa consommation.

Tenir cet engagement nécessitera des investissements colossaux. Et si la France décide de faire encore plus, elle devra investir encore «plus que plus».

Les consommateurs français devront payer ces investissements: les entreprises et les individus.

Combien faudra-t-il payer? Cela dépendra de l’ampleur des ambitions climatiques de la France. Mais les français doivent savoir que, si la lutte contre le réchauffement climatique est un respectable et nécessaire choix de société, il y un coût qu’ils devront payer et qui amputera leur pouvoir d’achat.

Il ne faut pas réglementer les loyers

Pour redonner du pouvoir d’achat aux ménages, il est tentant d’encadrer les loyers. Cette proposition forte «parle aux français ».

L’adopter serait contraire à l’intérêt des français et notamment des plus modestes d’entre eux. En effet, si la rémunération de leur capital immobilier est réduite (ou si leurs possibilités de récupérer leurs biens lorsqu’ils le désirent sont strictement limitées), les propriétaires cesseront de louer, d’investir dans leurs logements et de construire de nouveaux logements. Il s’ensuivra une pénurie de logements, qui profitera aux propriétaires et pénalisera les locataires.

En guise de conclusion: il faut s’indigner, mais aussi se réjouir.

«Nous sommes parmi les peuples mieux lotis de la planète, mais aussi parmi les plus plaintifs. Pour le meilleur et pour le pire, nous sommes depuis toujours des révoltés : depuis deux siècles, le monde nous regarde avec admiration ou amusement nous indigner, faire des révolutions, défiler, nous mettre en grève. J’en suis fier : nous ne sommes pas, ou pas complètement, ou pas encore un peuple passif. Mais où est l’autre versant ? Où est la capacité à nous réjouir de nos libertés, de son acquis, de nos chances ? Et à agir chaque jour calmement pour qu’elles perdurent, et non pas seulement dans le tapage passager de nos indignations ? Appliquons donc le programme dans son entier : s’indigner mais aussi se réjouir, puis réfléchir, puis agir».

Christophe André, Psychiatre

samedi 6 août 2011

Wall Street et la City en guerre contre l'euro


Une guerre mondiale des monnaies se déroule sous nos yeux. La victime de la suprématie financière anglo-saxonne est l'euro. Les Etats-Unis ont torpillé le yen et le Japon à la fin des années 1980 et feraient bien la même chose avec l'euro et l'Europe. Il est temps de réagir.

Après le 11 septembre, la solidarité avec les Etats-Unis était de rigueur et nécessaire. Dix ans plus tard, les turbulences que nous font vivre aujourd’hui les marchés sont désormais de nature à ébranler fortement cette solidarité transatlantique.

Tout se passe en effet comme si, dans la formidable redistribution des cartes qui est en train de s’opérer, la lutte d’influence passait par les monnaies. C’est dans ce contexte qu’il faut replacer l’actuelle bataille de l’euro.

Bien sur, les économistes diront: les marchés sont les marchés! Ils ont leur propre logique spéculative et implacable, reflet à la fois de réalités économiques et de recherches de gains à très court terme.

Il n’est donc pas question de nier les difficultés objectives: celles de la Grèce bien sûr, et celles, plus politiques, de l’Italie, qui font partie des soubresauts liés à l’agonie de l’ère berlusconienne.

Pas plus qu’il ne faut nier, ou sous-estimer, le rôle des lenteurs, des atermoiements des Européens eux-mêmes et l’évidente mauvaise volonté de la chancelière allemande. «Elle est en train de nous déglinguer l’Europe», disait récemment le vieux chancelier Helmut Kohl, qui fut pourtant le père en politique d’Angela Merkel.

Les vexations des agence de notations

Mais, si l’on regarde les choses depuis une autre planète, que voit-on? Un peu comme dans cette (excellente) série américaine, Band of brothers, au cours de laquelle un instructeur, le capitaine Sobel, martyrise ses soldats et multiplie les vexations en rajoutant les prétextes les plus divers: un jour un bouton de veste, l’autre une baïonnette, etc... Les trois principales agences de notations, toutes anglo-saxonnes ou sous forte influence anglo-saxonne, sont notre capitaine Sobel. De façon tout aussi caricaturale.

Ces mêmes agences n’ont guère été émues par la menace d’un défaut américain. Après le mauvais compromis concédé par Barack Obama, l'une d'entre elles a tout de même fini par abaisser la note américaine d'un cran. Mais dans l'ensemble, elles n’ont l’œil fixé que sur les membres les plus faibles de la zone euro.

A peine l’accord européen du 21 juillet venait-il d’être paraphé qu’elles se portaient sur le front italien. Et c’est depuis la City de Londres que l’on apprend que la Belgique sera bientôt sur la liste.

Nous voilà prévenus: les prochains mouvements de la Banque Centrale européenne, comme les futurs accords européens, seront inévitablement suivis par d’autres offensives. Les uns après les autres, les dominos doivent tomber jusqu’à l’extinction des feux. C’est bel et bien la mort de la zone euro qui est recherchée.

La stabilité de la zone euro

Or si l’on compare zone par zone, comme le fait Jean-Claude Trichet à chaque fois qu’il prend la parole, la zone euro devrait être un pôle de stabilité au regard de la situation de la zone dollar.

Car les fondamentaux de la zone euro sont bons: l’euro est une monnaie objectivement surévaluée; la zone euro, collectivement, est peu ou pas endettée; la croissance y est revenue, même si elle est encore trop faible, et sur dix ans les créations d’emplois y ont été plus nombreuses qu’aux Etats-Unis.

C’est là qu’il faut se souvenir de ce qu’était le rapport Etats-Unis/Japon, dollar/yen à l’époque de la présidence de George Bush père. Le yen pouvait apparaître comme la monnaie la plus solide, tandis que les géants japonais multipliaient les acquisitions aux Etats-Unis.

Ces derniers engagèrent une politique du dollar faible et une quasi guerre commerciale qui contribuèrent à affaiblir durablement l’économie japonaise et à faire disparaître le yen des écrans radar.

Une lecture politique nécessaire

De la même façon, ce qui est en jeu aujourd’hui dans le rapport Europe/Etats-Unis est le fait que l’euro constitue le tiers des réserves de change mondiales, et que l’Europe est potentiellement une super puissance économique face à laquelle les Etats-Unis ont engagé résolument une politique du dollar faible. Et si nous continuons de laisser faire, nous subirons le sort du Japon.

S’agit il d’une lecture trop politique? La réalité n’est certes pas univoque. Elle est plus que jamais complexe. Mais elle n’autorise pas que tout soit lu à travers les «bienfaits» de la «main invisible» des marchés, en l’espèce des traders.

La politique du dollar faible est une politique menée par les autorités monétaires américaines. Les agences de notation ont des actionnaires, lesquels ont des intérêts. Et elles fonctionnent un peu comme la presse anglo-saxonne.

Cette dernière est extraordinaire par sa qualité, mais n’est jamais trop éloignée des intérêts stratégiques des Etats-Unis, comme de la Grande-Bretagne. Historiquement, ces intérêts ont toujours été de promouvoir, en Europe, une très vaste zone de libre échange et certainement pas une union politique et monétaire intégrée.

Du côté de la Chine

Et si l’on veut une lecture politique, regardons ce qui se passe en Chine. Pékin a vivement critiqué le compromis concédé par Barack Obama en même temps que la Chine promeut sa propre agence de notations, Dagong, laquelle s’est empressée de dégrader la note des Etats-Unis.

Le président de cette agence, Guan Jianzhong, a justifié sa différence avec les agences de notations américaines parce que, a-t-il dit «celles-ci ont toujours deux poids, deux mesures». Quant au gouvernement chinois, il a fait valoir qu’il allait accélérer sa politique de diversification en matière de placements, ce qui signifie: davantage de placements en euro et surtout en yuan.

Nous en sommes bien là: c’est la place relative au 21ème siècle du dollar, de l’euro et du yuan qui se joue sous nos yeux. Notre problème est que les mécanismes politiques européens sont infiniment plus complexes et lents que ceux qui prévalent aux Etats-Unis, et évidemment en Chine.

Mais une chose est sûre: les choix que feront, dans les prochaines semaines, les dirigeants européens auront bel et bien une portée historique. Quant aux dirigeants américains et asiatiques, ils devraient aussi se souvenir du réflexe salvateur de 2008 qui leur avait fait prendre conscience un temps, de l'interdépendance planétaire, avant un retour dangereux depuis au chacun pour soi.

Jean-Marie Colombani

Une seule “règle d’or” : virer ce ramassis de prétentieux incapables cyniques et dangereux.


Source : Superno
Entre deux faits-divers, les médias se sont emparés du dernier vocable pondu par les ateliers de propagandistes gouvernementaux : la “règle d’or” du budget équilibré, que Sarkozy veut, ultime pitrerie d’un quinquennat qui restera de ce point de vue une référence, inscrire… dans la Constitution.

Sarkozy qui donne des leçons d’équilibre budgétaire, c’est effectivement, comme l’a dit Ségolène Royal (imprimez-le bien, hein, c’est pas tout les jours que je vais citer Ségolène Royal !), “un conducteur qui a fait un excès de vitesse et qui vient donner des leçons de bonne conduite”.

Je serais même allé bien plus loin : Sarkozy qui donne des leçons d’équilibre budgétaire, c’est carrément DSK qui donne des leçons de chasteté.

Pourtant, même si les réactions politiques sont toutes dans ce registre, le pire n’est pas là. Sarkozy, comme la plupart des dirigeants occidentaux, n’est qu’un petit soldat du libéralisme, qui n’a eu de cesse de défendre pendant les cinq ans qu’il a passés à nous pourrir la vie, les intérêts des riches et des puissants contre ceux du peuple. Le pire, c’est que son (sa) successeur(se) ne pourra que continuer le boulot. En s’en vantant s’il (elle) est de droite, en ayant (de moins en moins) honte s’il (elle) est de “gauche”.

Il n’y a rien à faire dans ce système économique qui court après la croisssance infinie et met les États sous l’éteignoir des banksters, sinon en sortir comme on s’évaderait de Guantanamo.

Tout le monde n’est pas expert-comptable. Heureusement, d’ailleurs. Mais comprendre la base d’un budget, c’est donné à tout le monde. La preuve, Valérie Pécresse, qui n’est pas comptable mais baratineuse professsionnelle, a été bombardée ministre du budget… Un budget, c’est en gros deux colonnes : les dépenses et les recettes. Pour que le système soit durable, il est préférable que les dépenses et les recettes s’équilibrent. C’est même le leitmotiv simpliste de la “Règle d’or”.

Un ménage qui dépense en permanence plus que ce qu’il gagne ne va pas très loin. Pourtant, c’est le cas de la majorité des gens. Il y a même des tas d’officines qui nous harcèlent pour nous prêter de l’argent. Pour de bonnes ou mauvaises raisons, d’ailleurs. Ça peut être pour s’équiper de matériel plus ou moins coûteux, d’une télé, d’une bagnole… Ça peut aussi être pour acheter son logement. Dans ce cas, on notera que l’endettement du ménage dépasse très largement les 100% de son PIB annuel, que l’on considère pourtant comme critique pour un pays !

En fait, les problèmes commencent lorsque le ménage contracte un crédit chez un usurier patenté… pour en rembourser un autre. Ce que les pays font en permanence pour engraisser les banksters!

Mais revenons-en à nos deux colonnes. Il y a en fait deux manières de déséquilibrer un budget. La première, la plus connue, c’est d’être trop dépensier. Dépenser plus que son salaire. C’est connoté très négativement, on parle de “vivre au-dessus de ses moyens”. Mais dans un monde totalement vampirisé par la publicité, il ne faut pas s’étonner que certain(e)s veuillent à tout prix s’offrir le dernier iPhone et/ou le dernier 4x4. D’autant que les salaires stagnent, les prix augmentent, tout comme le chômage et la précarité.

On essaie de nous faire croire que l’État, c’est pareil. Il vivrait au dessus de ses moyens. Escroquerie intellectuelle ! Car si le salarié dépend entièrement de ses revenus (dans la plupart des cas, son seul salaire) et qu’il doit y adapter son train de vie, l’État possède un privilège indéniable : il peut “ajuster” son salaire par les différents impôts et taxes.

Or l’impôt a de plus en plus chez nous comme un goût de repoussoir. Par une espèce de “pernautisation” de la société, on en vient à ressembler aux épouvantables “Tea parties” américains, partisans des dogmes fondamentaux du libéralisme : impôts=caca, beurk, pas de ça chez moi. impôt=communisme. L’impôt anéantit le “pouvoir d’achat” du particulier et l’empêche d’acheter son iPhone ou son 4x4. L’impôt empêche l’entrepreneur (génuflexion !) d’être compétitif et de créer des zemplois.

C’est ainsi que l’État est saisi depuis les années 80 d’une espèce de folle frénésie suicidaire qui consiste à baisser les impôts, taxes, cotisations (alias charges). Exactement comme un salarié qui demanderait à son patron de baisser son salaire (ce qu’il accepterait tout de suite évidemment) et geindrait ensuite qu’il n’arrive pas à joindre les deux bouts.

Contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire (nous sommes trop dépensiers, il va falloir se serrer la ceinture), ce ne sont pas les dépenses qui sont en cause, mais bien les recettes, sabotées à dessein, et qui ont par exemple créé le célèbre “trou de la Sécu”.

L’exemple du chômage est significatif : depuis qu’on “baisse les charges pour créer des zemplois®”, c’est-à-dire au moins 30 ans, le chômage n’arrête pas de monter ! Xavier Bertrand, tout piteux, le déplorait ce matin, et se dédouanait en bredouillant quelque chose comme : “c’est la faute à qu’y a pas assez de croissance”. Mais comment peut-on encore tolérer pareils incapables ?

Évidemment, pour compenser le manque de recettes,il faut rogner sur les dépenses. On annonce des priorités sur l’emploi, la sécurité, la santé, l’éducation, et en séquence, on lamine les effectifs de Pôle Emploi, des flics, des hôpitaux, et des écoles ? Et personne ne s’interroge sur la santé mentale de ceux qui prennent ces décisions incroyables ?

Sarkozy a battu tous les records : l’affaire Bettencourt n’a pas seulement montré la proximité du pouvoir et des grandes fortunes. Elle nous a aussi appris que l’État français, en faillite, reversait tous les ans 30 millions d’euros à la femme la plus riche de France, qui à 88 ans ne sait absolument plus quoi faire de sa fortune. Pire, devant la fronde à propos de ce “bouclier fiscal” inepte, Sarkozy le supprime pour le remplacer par un allègement de l’ISF qui fera faire encore plus d’économies à Madame Bettencourt et à ses semblables, et donc plus de déficit à l’État… Savez-vous que grâce à la complicité de politiciens inqualifiables, les mêmes qui couinent après les déficits, Madame Bettencourt ne paie l’ISF que sur à peine plus de 2 milliards sur les 17 de sa fortune ?

Dans le même style, nous avons appris que la société Total, la plus riche de France et même l’une des plus riches du monde (plus de 10 milliards de profits chaque année), ne paie pas un radis d’impôts chez nous.

Franchement, “ça aurait été des Belges, on se serait foutus de leur gueule un moment®”. Mais non, c’est bien chez nous que ça se passe.

On continue à entretenir une armée à l’ampleur totalement dépassée dans un monde où la principale menace n’est plus une attaque de tanks ou de bombes atomiques soviétiques, mais le terrorisme qui arrive à faire la nique à toutes les armées du monde avec des moyens dérisoires… Plutôt que d’aller faire tuer POUR RIEN (quoi qu’en dise Sarkozy) des soldats en Afghanistan ou envoyer des bombardiers coûteux et inutiles bombarder inutilement la Libye, ne pourrait-on pas mutualiser toutes les armées européennes et diviser le budget militaire de chaque pays par deux (pour commencer) ?

A quoi sert le Sénat ? A ça ? A ça ? Qui peut me citer un truc concret qui prouverait l’utilité de ce machin sur les 3 dernières décennies, sinon à engraisser de vieux notables inutiles et prétentieux, déjà bien replets ? Désolé, je ne vois pas.

Avez-vous constaté une baisse du prix des repas au resto (si vous avez les moyens d’y aller) ? Non évidemment. Alors, pourquoi on leur a baissé la TVA à 5.5%, à ces réchauffeurs de plats insipides sous vide ? Ça coûte 3 milliards par an ! Après tout, s’ils ont tant besoin de pognon, pourquoi ils ne font pas payer leurs clients, qui font statistiquement partie de la tranche favorisée de la société ? Clientélisme…

Savez-vous pourquoi on augmente le prix de la consultation médicale, alors que la sécu est en déficit croissant depuis des années ? Clientélisme, encore.

Pendant ce temps-là, on fait crever le “SAMU social”, au point de dégoûter son dirigeant, pourtant ancien ministre d’un gouvernement de droite, qui a désormais compris qu’il ne s’agissait que de marketing, et que les miséreux étaient le dernier souci de Sarkozy.

On peut fort bien souhaiter un budget en équilibre. Mais pourquoi vouloir l’écrire dans la Constitution ? Pour s’enlever volontairement toute marge de manœuvre ?

A quoi va donc servir cette “règle d’or” ? C’est pourtant simple. Vous ne croyez tout de même pas que nos gouvernants vont renoncer au libéralisme, enfin comprendre l’utilité des zimpôts et combler fissa ce gouffre béant ? Non ? Alors la solution devient limpide : il s’agit simplement de poursuivre et d’amplifier la mise en place des théories libérales, de détruire tout ce qui est Public, c’est à dire de privatiser, de virer des fonctionnaires, et de continuer à tirer sur la ficelle du chômage, de la Sécu, de l’éducation, des retraites, des Services Publics, des associations… Être moins indemnisé, moins longtemps, être moins remboursé, payer l’école plus cher, travailler plus longtemps… Air connu…

Reaganiser, Thatchériser, Paliniser la France… Lui faire subir un traitement de choc, “à la grecque”

Mais attention, à chaque nouveau recul, à chaque nouveau coup bas, à chaque fois qu’il faudra à nouveau traire les pauvres pour engraisser les riches, nos gouvernants brandiront ce nouvel argument, comme les gamins brandissent leur “increvable” au “Mille Bornes” : on n’a pas le choix (There is No Alternative®), c’est la règle d’or…

«Laissez les pays et les banques faire faillite», dit un expert suisse


Célèbre pour sa lettre financière mensuelle intitulée «Gloom, Boom & Doom Report», Marc Faber a prédit avec justesse le krach boursier de 1987, la chute des actions japonaises deux années plus tard et la crise financière actuelle. «Le Temps» a rencontré le gourou de la finance à Zurich pour une interview exclusive.

Célèbre pour sa lettre financière mensuelle intitulée «Gloom, Boom & Doom Report», Marc Faber a prédit avec justesse le krach boursier de 1987, la chute des actions japonaises deux années plus tard et la crise financière actuelle. Le Temps a rencontré le gourou de la finance, de passage à Zurich avant de repartir en Thaïlande.

Le Temps: Les marchés ont dégringolé cette semaine. Comment analysez-vous la situation?

Marc Faber: Ils sont très survendus à court terme. Je m’attends à un rebond, puis à nouveau un ralentissement dès octobre ou novembre. Le S & P atteindra environ 1100 points [ndlr: il est vendredi à 1200 points]. Le troisième volet du programme d’assouplissement monétaire devrait ensuite être lancé [ndlr: dit «QE3»].

– Le dollar ne cesse de dégringoler. Anticipez-vous sa fin?

– Oui, j’ai toujours pensé que la valeur terminale du dollar était zéro, car le gouvernement, le Trésor et la Réserve fédérale n’ont aucun intérêt à maintenir un dollar fort. Depuis 1913, année de création de la Fed, le billet vert a perdu 97% de son pouvoir d’achat. Sur le long terme, il a été faible par rapport à la grande majorité des autres devises, tout comme la livre sterling. La fin du dollar ne se produira pas du jour au lendemain, elle sera graduelle.

– Croyez-vous aussi à la fin de l’euro?

– Je n’en ai aucune idée, car il s’agit d’une décision politique. Aussi longtemps que l’Allemagne a la volonté de soutenir la Banque centrale européenne et de financer le fonds de stabilité, l’euro survivra.

– Aux côtés de la Grèce figurent le Portugal, l’Irlande, l’Espagne et l’Italie. Devrait-on aussi laisser ces pays faire faillite comme vous le préconisiez avec la Grèce?

– Oui, même si cette solution est douloureuse. Cela ne me gêne pas que des assurances, des gouvernements et des banques ayant acheté des obligations de la Grèce perdent de l’argent. Si certains pays font faillite, ils entraîneront les banques avec eux. Mais laissons ces établissements faire défaut tout en protégeant les épargnants. Ce choix est nettement meilleur que de sauver les banques avec l’argent du contribuable et de se rendre compte deux années plus tard que les banquiers reçoivent des bonus record. Il faut punir les banquiers! Le secteur financier est devenu bien trop gros par rapport à l’économie réelle. A mon avis, le secteur financier doit s’occuper de garder l’épargne des gens et de la prêter à d’autres. Les banques ne devraient pas s’occuper de trading. Est-ce que le sauvetage des banques aux Etats-Unis a apporté quelque chose à l’économie? Non.


– La BNS a décidé cette semaine de resserrer le taux Libor et d’augmenter les liquidités en francs sur le marché monétaire. Est-ce une bonne stratégie pour lutter contre l’appréciation du franc?

– Non, imprimer des billets en masse aura des conséquences. Le franc baissera, les prix de l’immobilier et l’inflation grimperont et l’économie réelle ne sera pas aidée. Il est évident qu’à court terme le franc fort fait souffrir les entreprises exportatrices. Mais, sur le long terme, que ce soit la Suisse, le Japon ou l’Allemagne avant l’euro, ces pays ont tous une monnaie forte. En d’autres termes, les pays qui sont tournés vers les exportations ont une monnaie forte, ceux qui exportent peu ont une monnaie faible. Dans le cas de la Suisse, pays qui ne produit pas de matières premières, les entreprises peuvent acheter à meilleur prix du fer, du cuivre et d’autres métaux grâce au franc fort. En conséquence, l’impact de l’appréciation d’une devise sur les exportations est nettement surévalué. Mieux vaut une monnaie forte qu’une inflation élevée.

– En perte de compétitivité à cause du franc, certaines entreprises comme Lonza ont rallongé le temps de travail hebdomadaire de deux heures sur les sites de Viège et de Bâle. Cette mesure vous convainc-t-elle?

– C’est une bonne idée si les employés travaillent plus en Suisse, car ils gagnent déjà 30% à 40% de plus que dans la zone euro. Mais un problème me préoccupe davantage en Suisse: le prix des produits. Un ami a récemment acheté un article Geberit en Suisse pour 150 francs. En Allemagne, il coûte deux fois moins cher. On paie ici une Porsche 190 000 francs, alors qu’elle coûte 95 000 francs en Allemagne. J’imagine que les marges sont en Suisse beaucoup plus élevées qu’ailleurs.

– Comment l’économie suisse va-t-elle évoluer durant les six prochains mois?

– Elle ne va pas connaître une forte croissance, mais ce n’est pas grave. Il y aura toujours Zurich, Verbier, Genève et d’autres régions qui se développeront, car la Suisse est fiscalement attractive. Mais, un jour, cela pourrait changer en raison des pressions de l’Union européenne.

– Les tensions fiscales entre la Suisse et ses voisins européens n’ont en effet pas disparu. Croyez-vous que l’impôt libératoire peut être obtenu ou que la Suisse n’a pas les moyens de résister aux pressions pour l’échange automatique d’informations?

– La Suisse ne parviendra pas à résister et devra céder à l’échange automatique d’informations. C’est la raison pour laquelle je conseille de transférer les capitaux à Singapour ou à Hong Kong, où l’Union européenne n’est pas aussi active et où elle peut se faire envoyer balader par les autorités. Dans quelques années, il y aura davantage d’actifs sous gestion à Singapour qu’en Suisse. Beaucoup d’argent de l’Union se déplace déjà vers ce centre offshore, car il est plus sûr.

– Les nouvelles règles de Bâle III suffiront-elles à stabiliser le système bancaire international?

– Ces nouvelles règles sont bonnes, mais le timing est mauvais. Il aurait fallu les introduire il y a 10-15 ans et les assouplir maintenant. Or les gouvernements n’ont rien fait durant les dernières années, et maintenant que les banques devraient être encouragées à prêter de l’argent, ces réglementations les en empêchent. Au lieu d’être pro­actifs, les Etats sont réactifs. En fait, le problème n’est pas tant le manque de réglementations, mais des politiques monétaires beaucoup trop laxistes qui encouragent la spéculation. Il serait mieux d’avoir des politiques plus restrictives avec des taux d’intérêt plus élevés que des gouvernements qui ne cessent d’augmenter leurs dépenses et de baisser les taux.

– Beaucoup d’analystes s’inquiètent encore d’un éclatement de la bulle immobilière en Chine. Vous n’y croyiez pas l’an dernier. Est-ce toujours le cas?

– Les gens ne réalisent pas que la Chine a une population presque équivalente à celle des Etats-Unis et celle de l’Europe combinées. Il peut donc y avoir une bulle immobilière dans une ville, voire dans une province, tandis que dans celle d’à côté la situation est normale. Une bulle se définit par des taux d’intérêt bas, des liquidités excessives qui sont investies dans l’un ou l’autre secteur. Selon cette définition, il existe une bulle en Chine, mais son ampleur n’est pas facile à estimer. Car, contrairement à ce que l’on observe dans les économies occidentales, les Chinois n’empruntent pas beaucoup d’argent quand ils achètent des appartements. Ils paient l’essentiel en cash. Pour mémoire, lorsque la bulle immobilière a éclaté à Hong Kong et que les prix ont chuté de 70%, personne n’a fait faillite. L’endettement des gens était très faible, tout comme celui des agences immobilières.

– Investissez-vous en Chine?

– Non, je n’y suis pas intéressé, même si je reste optimiste sur la Chine. J’estime que la moitié des entreprises cotées sont frauduleuses. Je préfère être exposé à la Chine via Hong Kong où des entreprises paient des dividendes de 5% à 6%. Le risque de perdre de l’argent est faible. De plus, en cas de problèmes, le dollar de Hong Kong peut toujours être réévalué par rapport au dollar.

– Malgré une légère correction, les prix des matières premières ont grimpé depuis début 2010. C’est un secteur sur lequel vous misez, tandis que certains pointent du doigt la spéculation. Vous sentez-vous responsable de cette évolution?

– Non, il y a eu l’an dernier des pénuries alimentaires pour certaines matières premières agricoles dues à des sécheresses. Des inondations ont endommagé des récoltes. A titre privé, je déconseille d’investir directement dans des matières premières agricoles et des ETF, car il y a presque 100% de chances de perdre de l’argent. Leur volatilité est élevée. Si les prix s’envolent, les agriculteurs plantent davantage pour gagner de l’argent et les prix diminuent.

– Certains tablent sur la fin du monde et l’éclatement du système financier international. Ne va-t-on pas plutôt vivre une décennie morose comme dans les années 1970?

– Peut-être. Nous aurons une croissance très faible dans les économies matures avec une perte de confiance des investisseurs, des crises à répétition. Les gens ne sont plus intéressés à investir dans des actions. Ils ont vu les excès du système bancaire, des managers et ont perdu beaucoup d’argent. Un jour ou l’autre, je suis persuadé que nous devrons reconstruire notre système sur de nouvelles bases.