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vendredi 26 août 2011

Martin Hirsch découvre la société Camaieu


Source : martinhirsch.blogs.nouvelobs.com

Parmi les entreprises qui se sont développées rapidement, il y a Camaieu. J'ai passé un long moment avec les délégués syndicaux qui avaient fait une semaine de grève avant l'été. Les délégués syndicaux se sont aperçus à leur grande surprise, qu'ils pouvaient percevoir le RSA. A leur grande surprise parce qu'ils travaillent à plein temps, et qu'ils ont 18 ans d'ancienneté. Pourtant la CAF leur a indiqué qu'ils avaient droit, pour l'un d'entre eux qui a un jeune enfant à charge, à 250 euros de rsa chaque mois. Beaucoup d'autres salariés de l'entreprise ont, du coup, fait la même démarche et la grande majorité d'entre eux perçoivent le RSA.

Ils n'avaient pas réalisé que l'on peut toucher le rsa tout en travaillant à plein temps. ils faisaient donc partie de ces centaines de milliers de salariés qui ont droit à ce complément de salaire mais qui ne vont pas le chercher en pensant que le rsa est le simple prolongement du RMI et ne concerne pas ceux qui ne sont jamais passé par le RMI ou uniquement ceux qui ont un emploi précaire et à temps partiel. Il serait temps d'y remédier.

Mais, ils trouvent choquants que dans une entreprise qui gagne beaucoup d'argent, leur complément de salaire soit versé par de l'argent public et pas par l'entreprise. il faut dire que la situation de cette entreprise est extravagante. cette entreprise emploi 5 000 salariés. son fondateur l'a revendue à un fonds d'investissement, il y a deux ans, pour une somme d'environ 600 millions d'euros. Ce fonds d'investissement vient d ele revendre à un fonds de pension anglais pour 1, 5 milliards d'euros. Jolie plus value. Les salariés eux, gagnent à peine plus que le SMIC. Ceux que j'ai vus avaient 17 ou 18 ans d'ancienneté et gagnaient moins de 1100 euros nets. La grille de salaire est plate. les agents de maîtrise sont à 1500 euros nets et les cadre autour de 200 euros. Plate, avec une petite exception. dans leur dossier, il ya la page de Challenges qui fait le hit parade des rémunérations. leur ancien patron y figure tout en haut, avec une rémunération de, accrochez vous, 21 millions d'euros!!!! s'il s'était contenté de 1 millions d'euros ( ce qui est déjà pas mal), il avait de quoi verser l'équivalent du RSA à lui tout seul à l'ensemble des salariés.

D'où l'indignation des salariés. Voilà de quoi faire réfléchir.

leur drh leur a dit qu'ils n'augmentaient pas les salaires puisque le rsa était là et ils avaient l'impression que le rsa était responsable de leur bas salaires. je leur ai dit que le rsa avait bon dos puisqu'il n'existe que depuis deux ans et que cela fait quinze ans qu'ils n'ont pas eu d'augmentation. s'il n'y avait pas le rsa, on prendrait d'autres prétextes : la concurrence internationale, le côut du travail, le poids des charges sociales. côté poids des charges sociales, ils étaient égalemnt indignés des allègements de charge dont bénéficiait leur entreprise (l'équivalent d'ailleurs du coût du rsa), malgré des rémunération astronomiques tout en haut et très basses pour la plupart des salariés.

Ce cas de figure avait été prévu lorsque le rsa a été conçu en 2005 avec l'idée que les allègements de charge devaient être réduits quand la répartition des salaires était si inégale dans une entreprise. C'est l'un des aspects du rsa qui n'a pas été mis en oeuvre et qui devrait l'être.

Voilà un cas d'école extraordinairement illustratif de ces contrastes entre hautes rémunérations et petits salaires et la preuve de ce que j'avançais dans mon papier précédent : ce ne sont pas les petits salaires qui sont responsables des déficits publics, là ce sont les plus hauts salaires. en prenant plus que leur part, ils provoquent des dépenses publiques

affaire à suivre, de près...

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