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jeudi 22 septembre 2011

Primaire PS : les militants du parite de gauche voteront-il pour Montebourg ?

Au Front de gauche, on rechigne à le crier sur tous les toits, mais certains militants pourraient bien se déplacer pour aller voter à la primaire socialiste. Quant à leur candidat fétiche, pas de doute là-dessus, il s’appelle bien Montebourg. 

 

Dans les allées de la Fête de l’Huma, le seul candidat à la primaire socialiste qui aura échappé aux quolibets de la foule est peut-être Arnaud Montebourg. Il est d'ailleurs resté huit heures sur place quand Martine Aubry et Ségolène Royal se sont contentées d'un passage-éclair d'une heure. « Il a même fallu l'exfiltrer, raconte Gaël Brustier, du staff Montebourg, par un passage privatisé tant le député de Saône et Loire était pressé par la foule. » Montebourg a visité plusieurs stands, dont celui du Parti des Travailleurs brésilien. Christophe Ventura de l'équipe Mélenchon, l'a présenté à son représentant présent sur place.
Paradoxalement, celui qui se débat sans cesse avec l’image aristocratique qui lui colle à la peau - sur son passage, un animateur de stand l'a même annoncé comme « Arnaud de Montebourg » - est le plus «mélencho-compatible» des socialistes. Pas étonnant quand on sait qu’il était déjà aux côtés de Jean-Luc Mélenchon en 2005 dans le camp du NON au traité constitutionnel. Et qu’avec ses concepts de « démondialisation » et de « VIe République», il parle davantage au « peuple de gauche » que tous les autres « socialistes austères » réunis. « Je suis là parce qu’il y a des éléments du programme du Front de gauche qui devraient être dans le projet PS » s’est targué le député de Saône-et-Loire devant la horde de journalistes qui couvrait l’événement à La Courneuve le weekend dernier. De quoi faire gonfler de contentement son ancien camarade Mélenchon.

Pour autant, les mélenchonistes dont le coeur balance pour Montebourg iront-ils vraiment voter à la primaire socialiste ? « C’est du baratin, on n’y crois pas », glisse-t-on du côté du secrétariat national du Parti de gauche (PG). Pour Christian Piquet les mélenchonistes se partageront en deux : d'un côté ceux qui voteront selon leurs idées, donc Montebourg, et les autres qui voudront barrer la route à François Hollande et donc glisser un bulletin Aubry dans les urnes. Officieusement, le mot d’ordre semble un peu plus nuancé : personne ne doit dire ouvertement s'il va voter à la primaire PS. « Ce serait légitimer les primaires en tant que telles et avouer qu’on a l’intention de perdre et qu’on soutiendra le candidat du PS au second tour », explique un sympathisant du PG de Paris qui résume le sentiment de certains de ses camarades mais ira tout de même voter. « Je ne suis pas convaincu de l’inutilité de voter à cette primaire », argumente-t-il en évoquant l’ébauche d’un axe Aubry/Royal/Montebourg préférable à celui que pourrait former Hollande et Valls. Une logique qui tord le cou au dogme du vote utile. C’est moins le candidat jugé le plus apte à battre Sarkozy – un Hollande galvanisé par les sondages – qui est privilégié que celui qui est le plus proche des idées défendus par le Front de gauche. Ou le « moins pire »...

Contrairement au Parti communiste, le PG est une toute jeune formation – elle-même composée de beaucoup de nouveaux militants, plutôt jeunes - dans laquelle la discipline n’est pas encore ancrée dans les moeurs. Certains d'entre eux cultivent donc une certaine indépendance et aiment donner leur avis, comme ceux qui ont répondu il y a quelques jours à l’appel à témoin lancé par LeMonde.fr à ses internautes.

Difficile, donc, de savoir avec certitude quel ampleur prendra ce vote. Mais Montebourg a visiblement la cote et pourrait bénéficier d’un apport appréciable de voix mélenchonistes. De quoi (peut-être) faire mentir les estimations des sondeurs – qui ont déjà été revues à la hausse depuis le premier débat de la primaire.  Et surtout préparer un renvoi d’ascenseur pour Mélenchon, disposé à accueillir tous les déçus du casting du PS et - pourquoi pas ? - à s'allier avec Montebourg au 1er tour de la présidentielle. Mais il ne s'agira pas de renvoi d'ascenseur organisé, auquel aucun des deux camps n'a vraiment intérêt...


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