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vendredi 24 juin 2011

Nos retraite sont-elle assurées ?

La dernière réforme sauvera-t-elle un système en péril ?

Pas vraiment. Le besoin de financement des régimes de retraites est d'une trentaine de milliards d'euros par an en 2010, un chiffre qui devrait monter à 70 à 115 milliards d'ici à 2050, selon le rapport du Conseil d'orientation des retraites, dont les hypothèses elles-mêmes sont déjà sujettes à caution. Le constat est cependant unanime : les recettes manquent, d'autant plus avec la crise et la hausse du chômage, qui ont fait grimper encore le déficit. La France doit financer une retraite sur dix par l'emprunt, à hauteur de trois milliards chaque année, et le déficit cumulé atteint déjà 32 milliards.

Or la réforme n'assure que la moitié environ des besoins de financements, avec environ 27 milliards supplémentaires en 2018 (dont 18 milliards proviennent de l'allongement de la durée de cotisation), où le déficit du système devrait atteindre les 42,3 milliards. Le reste proviendra essentiellement de la liquidation des 32 milliards du fonds de réserve des retraites initialement prévu pour financer les départs en retraite entre 2020 et 2040.

Encore ce niveau de recettes reste-t-il optimiste. Comme le souligne le Conseil d'orientation des retraites de façon relativement catégorique, les incertitudes règnent sur l'équilibre du système car il dépend essentiellement de la conjoncture : quel taux de croissance, combien de chômeurs ? Les hypothèses retenues sont optimistes. La réforme postule ainsi que d'ici à 2020, la France bénéficiera d'un chômage à 5 % (deux fois moins qu'à l'heure actuelle, et un niveau jamais atteint depuis la fin des années 1970) et d'une croissance moyenne de 2,8% par an, là encore du jamais vu en 30 ans.

Du reste, la réforme actuelle n'est pas un modèle de pérennité, puisqu'elle doit être revue en 2018. Et même avant, le Sénat ayant introduit un amendement prévoyant un grand débat sur le sujet dès 2013, avec pour but d'aller vers un système de retraite par points.


Quant au niveau des pensions, l'argument de leur maintien ne convainc pas les spécialistes. L'économiste Henri Sterdyniak, directeur du département économie de la mondialisation de l'OFCE, estimait en juin dans Capital que "les pensions vont globalement continuer à baisser. La réforme ne fournit aucune garantie sur leur niveau futur", les salariés risquant de ne pas tenir jusqu'aux 67 ans requis pour un taux plein, notamment.

La Cour des comptes émet des réserves sur les comptes de l'assurance retraite

La Cour des comptes émet des réserves sur les comptes de l'assurance retraite
© REA

"En amélioration, mais peut mieux faire". C'est en résumé l'avis de la Cour des comptes sur les comptes 2010 de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav).

Les Sages ont déploré la persistance d'erreurs de calcul dans de nombreux dossiers de pension. Ils constatent aussi des "incertitudes sur la couverture des risques, notamment de fraudes internes" en matière d'opérations de paiement aux assurés.

Les magistrats reconnaissent toutefois les "efforts" de la Caisse nationale d'assurance vieillesse pour améliorer le contrôle interne et prévenir les erreurs comptables. La Cour a donc validé les comptes de la branche retraite de la Sécurité sociale, pour la première fois en trois ans.

Consultez le rapport de la Cour des comptes sur les différentes branches de la Sécurité Sociale


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