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vendredi 15 juillet 2011

2012 Les coups bas continus


Le 11 Novembre ou le 8 Mai sont bien plus adaptés à l’aspect militaire

Source : Liberation

Comment réagissez-vous à la volée de critiques qu’a suscitée votre proposition ?

Avec beaucoup d’étonnement. Je trouve cela assez indigne de la part du Premier ministre, notamment, de s’être exprimé ainsi sur le sujet. Il établit des distinctions entre les citoyens, de naissance ou naturalisés, qui sont proprement inadmissibles. Je suis française depuis plus de quarante ans maintenant, et je vis en France depuis presque aussi longtemps que lui, puisque je suis arrivée dans ce pays il y a cinquante ans [François Fillon a 57 ans, ndlr].

Pourquoi avoir fait cette proposition de remplacer le défilé militaire du 14 Juillet par un «défilé citoyen» ?

Je ne suis pas contre les défilés militaires en tant que tels. Mais le 14 Juillet, ce n’est ni le lieu, ni le moment, pour ce genre de manifestation. Le 11 Novembre ou le 8 Mai sont beaucoup plus adaptés. Je souligne quelque chose d’assez juste et qui fait partie de la culture des écologistes. Les Verts avaient déjà fait des propositions dans ce sens. Je souhaite que l’on revienne à nos fondamentaux en ce qui concerne la fête nationale de notre pays. La République serait beaucoup mieux symbolisée par un défilé des personnes qui contribuent chaque année à entretenir le pacte républicain en travaillant au service de l’Etat ou dans des associations.

Certains députés de droite vous accusent d’être antimilitariste…

Je ne suis absolument pas antimilitariste. Je m’intéresse même de près à l’armée. J’ai passé une année entière, en 1996, à suivre la formation de l’Institut des hautes études de défense nationale [IHEDN, établissement public chargé de former des civils et des militaires aux questions de défense, ndlr]. Je suis l’une des seules personnalités politiques à m’être penchée de si près et de manière aussi technique sur la question de notre armée. J’ai étudié pour mieux connaître le fonctionnement de ce corps qui a toute sa légitimité dans notre République. Je suis favorable au fait que nous ayons une armée bien dotée, très entraînée, et évidemment opérationnelle. Par ailleurs il est injuste de dire que je ne respecte pas les soldats tués en Afghanistan. Comme tous les Français, je pleure nos morts tombés là-bas.

A titre personnel, les attaques sur votre binationalité vous touchent-elles ?

Je suis surprise de la violence des coups portés. Mais ma binationalité n’est en rien un handicap. C’est une richesse culturelle que je partage avec un grand nombre de nos concitoyens. Les électeurs savent très bien que je suis française. J’ai travaillé pendant de nombreuses années au service de la nation en étant magistrate. Le vote en ma faveur lors des primaires d’Europe Ecologie- les Verts prouvent que cela ne gêne absolument pas les Français.



L'UMP et le FN attaquent Eva Joly sur sa binationalité

Source : Le Monde

Après avoir proposé jeudi de supprimer le traditionnel défilé militaire du 14-Juillet sur les Champs-Elysées, pour le remplacer par "un défilé citoyen", Eva Joly est sous le feu de la critique de l'UMP et du FN. A la place de la parade parisienne, la candidate d'Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle propose un "défilé citoyen, où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d'être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent".

Ce n'est pas la première fois que les écologistes demandent de supprimer le défilé du 14-Juillet. L'an dernier, ils l'avaient déjà demandé à Nicolas Sarkozy. Cette fois, les réactions sont très virulentes à l'encontre d'Eva Joly, qui se retrouve isolée suite à l'une de ses premières déclarations en tant que candidate pour 2012.

Le premier ministre, François Fillon, a dénoncé de manière inattendue la proposition d'Eva Joly. "Je réagis avec tristesse. Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française", a-t-il déclaré vendredi, lors d'une conférence de presse à Abidjan avec le président ivoirien, Alassane Ouattara. "Je pense qu'il y a bien peu de Français qui partagent l'avis de Mme Joly", a-t-il ajouté. Avant d'affirmer : "Les forces armées françaises concourent au bon fonctionnement de la démocratie dans notre pays et c'est normal de leur rendre hommage."

Au sein du gouvernement, des voix se sont également élevées pour dénoncer la proposition d'Eva Joly. Sur Twitter, la ministre du budget et porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, a jugé cette idée "choquante", et le secrétaire d'Etat aux anciens combattants, Marc Laffineur, s'est déclaré de son côté "scandalisé et choqué".

De son côté, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a qualifié la suggestion d'Eva Joly, vendredi sur Europe 1, de "pathétique" et même d'"insulte à tous ceux qui depuis des siècles meurent pour ce pays".




L'UMP SOULIGNE SA BINATIONALITÉ

A l'UMP, certains ont directement attaqué la Franco-Norvégienne en rappelant sa binationalité. L'ancienne juge d'instruction, qui est née à Oslo en 1943, a acquis la nationalité française en se mariant avec le Français Pascal Joly en 1967. Elle est la première personnalité étrangère naturalisée à se présenter à une élection présidentielle française.

Le député du collectif La Droite populaire Lionnel Luca a accusé l'écologiste de confondre "le 14-Juillet et le 1er avril". "Ce serait bien qu'elle apprenne l'histoire de France, je pense que cela lui serait utile. […] Je ne sais pas ce qu'elle aurait fait en 1944 ou 45", a-t-il déclaré sans nuances sur Europe 1. Le député UMP Guy Teissier, président de la commission de la défense à l'Assemblée nationale, a aussi taxé la candidate écologiste d'"anti-France", un terme utilisé par l'extrême droite dans la première moitié du XXe siècle pour désigner notamment les juifs et les communistes.


"Qu’elle apprenne l’histoire de... par Europe1fr

De manière plus étonnante, le député UMP de Haute-Savoie Lionel Tardy, réputé pour faire partie des plus modérés au sein du parti présidentiel, a écrit, dans un message rédigé jeudi : "Eva Joly propose la suppression du défilé militaire du 14 juillet… Il est temps pour elle de retourner en Norvège !" La publication de ce tweet a suscité de nombreux commentaires enflammés sur le site de microblogging.

Vendredi matin, Lionel Tardy est revenu à la charge, écrivant cette fois : "Avec Eva Joly… heureusement que nos chasseurs alpins étaient là en 1940 à Narvik pour prêter secours à la Norvège…"

Interrogé par Le Monde.fr vendredi matin, Lionel Tardy a maintenu ses propos, assurant qu'il ne fallait "rien y voir de xénophobe" mais seulement la volonté de "rappeler à Mme Joly l'histoire et la tradition de notre pays".

"Le défilé du 14-Juillet, c'est un rendez-vous immuable, qui est un élément fort de notre unité nationale car c'est le seul moment où l'on peut saluer nos armées, estime-t-il. Je trouve ça complètement dingue de vouloir le supprimer. C'est honteux de dire cela ! Je suis désolé mais je maintiens qu'Eva Joly n'est pas sociologiquement en phase avec les Français. En Norvège, il n'y a peut-être pas de défilé militaire mais en France, cela fait partie de nos traditions, de notre pays. Eva Joly n'est pas candidate en Norvège mais en France. Et comme elle est candidate à la présidentielle, elle doit savoir que le chef de l'Etat est aussi le chef des armées."

UN ANGLE D'ATTAQUE RÉCURRENT AU FN

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a repris cet angle d'attaque à son compte, plus franchement encore, en affirmant vendredi sur RTL : "Ces propos sont absolument consternants, ça démontre que Mme Joly ne comprend strictement rien au lien extrêmement profond qui existe entre le peuple français et son armée", estimant que cette incompréhension était "peut-être" due au fait que Mme Joly était née en Norvège. "L'armée est le synonyme de notre liberté", a-t-elle souligné, assurant que l'ancienne magistrate n'était pas "légitime" pour la présidentielle.


Ce n'est pas la première fois que le FN attaque Eva Joly sur ce thème. En août 2010, huit jours après l'annonce de sa candidature à la primaire écologiste, Jean-Marie Le Pen avait déclaré à La Voix du Nord : "On ne se présente pas à la présidence de la République d'un pays avec lequel on n'a pas de lien direct, même pas celui de la naissance."

Trois jours plus tard, Marine Le Pen avait qualifié l'ancienne juge d'instruction de l'affaire Elf de "sans patrie fixe". Elle avait alors affirmé que "Mme Joly a quitté la France en 2002" pour rentrer en Norvège et créer un organe de lutte contre la corruption "auprès du gouvernement norvégien". Avant de lancer : "Soutenir la candidature de quelqu'un qui, tous les cinq ans, décide d'aller un coup dans un des pays dont elle a la nationalité, un coup dans l'autre, me paraît tout de même assez particulier."

La polémique ne prenant pas vraiment, la fille de Jean-Marie Le Pen était revenue à la charge le 30 janvier 2011, en se déclarant une nouvelle fois "choquée" qu'Eva Joly, puisse défendre les couleurs d'Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle de 2012 en raison de sa double nationalité : "Je trouve profondément indécent que quelqu'un qui est devenu français à 20 ans […], qui a la double nationalité, puisse poser sa candidature."

EVA JOLY "TRÈS FIÈRE" DE SA BINATIONALITÉ

Le même jour, Eva Joly avait répondu à Marine Le Pen, estimant que cela montrait sa "volonté de diviser les Français". "Elle dévoie les fondements de notre République et le fait de souligner ma double nationalité comme quelque chose qui serait prohibitif pour se présenter à la présidentielle va dans le même sens", avait-elle déclaré.


Interrogée le 22 juin dernier, la candidate écologiste avait relevé dans un chat au Monde.fr qu'il y avait "beaucoup d'interrogations" sur le fait qu'elle "a la double nationalité". "Ce dont je suis très fière. C'est une victoire pour les femmes. La double nationalité est un résultat direct du fait que les femmes ne sont pas obligées de prendre la nationalité de leur mari, et qu'elles transmettent la nationalité", avait-elle fait valoir.

Ces attaques contre la binationalité d'Eva Joly surviennent dans un contexte particulier. Ces dernières semaines, le FN et l'aile la plus dure de l'UMP ont fait savoir qu'ils voulaient obliger tout nouveau Français à renoncer à sa nationalité d'origine. Si cette proposition a fait l'objet d'une fin de non-recevoir de la part de l'Elysée, la question reste en suspens et pourrait faire l'objet d'une nouvelle offensive dans les mois qui viennent.

Alexandre Lemarié

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