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jeudi 28 juillet 2011

Dette grecque où en somme nous ?


De quoi sommes-nous certains?

Les faits suivants semblent clairs :

  • L’intervention grecque totalisera 165 milliards d’euros soit pres de la moitié du total de la dette souveraine du pays (340 milliards).
  • Le chiffre annoncé (109 milliards) s’ajoute à une tranche de 45 milliards non versés sur le programme originel de 110 milliards.
  • Les moyens du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) ne sont pas augmentes, mais ses débours pour la Grèce sont accrus. Il est engage pour environ 300 milliards d’euros en ce moment.
  • La réduction de la dette grecque par l’ensemble des interventions n’atteindra pas 9% de la dette, selon le Financial Times
  • La Commission Européenne a annoncé que les interventions de sauvetage n’entreraient pas dans les calculs budgétaires et de dette publique.

Qui paie ?

L’ensemble des pays de l’Eurozone garantit les dettes du FESF selon des quotas prédéfinis.

Le coût pour la France de 15 milliards d’euros s’ajoute aux 20 milliards déjà pris en compte. La France assume 20% du risque du FESF et verra sa dette publique indirecte augmenter de 35 milliards d’euros pour la Grèce. A cela s’ajoutent les quelque 100 milliards pour l’Irlande et le Portugal, soit un encours supplémentaire de 20 milliards. Au total, la France s’est engagée pour 55 milliards d’euros sur l’ensemble des programmes de sauvetage.

Pour l’Allemagne, la garantie représente 27% de l’encours soit 75 milliards d’euros. L’Italie et l’Espagne sont les deux plus importants garants après l’Allemagne et la France. Ils sont eux-mêmes en difficultés budgétaires.

Le coût pour les banques et les compagnies d’assurances est symbolique, et principalement sous forme de réductions d’intérêt. Il ne semble pas qu’un amortissement quelconque de leur portefeuille obligataire soit a l’ordre du jour. Seules apparaitront des conversions d’obligations volontaires p0ur 20 milliards d’euros.

Leur intervention sur plusieurs années sans information précise sur les conditions donne l’impression que l’on a assure « une contribution du secteur prive » sans pour autant la définir. Les 135 milliards sur 30 ans ne signifient absolument rien. Leur nature est laisse dans l’ombre.

En bref, la situation bancaire n’est pas affectée

C’est donc le contribuable qui assume l’essentiel du poids du sauvetage.

La perfusion grecque.

C’est donc en premier lieu d’une injection supplémentaire de 109 milliards d’euros qu’’il est question, mais surtout d’une injection immédiate de 16 milliards pour la Grèce.

Le mécanisme de rachat des obligations est intéressant. Le FESF va donc racheter « au taux du marché » de telles obligations. Il ne s’agit cependant pas de les garder, mais au contraire de les « revendre » à la Grèce sans bénéfice. Cela signifie donc qu’une partie des 159 milliards servira a racheter contre espèces pour une vingtaine de milliards d’euros de dette grecque , permettant une suppression de 40 milliards d’obligations (en supposant un taux moyen de 50% pour les obligations rachetées ».

Ce mécanisme correspond donc à une forme d’amortissement par une série d’obligataires de l’ordre de 30 milliards. Pourquoi n’a-t-on pas simplement demandé aux banques via l’International Institut of Finance d’échanger des obligations contre d’autres types de dette grecque ? Pour éviter l’apparence d’un défaut de paiement ?

La Grèce est-elle en défaut de paiement ?

L’acceptation conceptuelle par les autorités européennes d’une forme de « défaut sélectif » ou de « défaut provisoire » est extraordinairement confuse. Il y a défaut, ou il n’y a pas défaut. Le simple fait d’accepter une forme, même atténuée, de défaut, menace sans aucun doute la crédibilité de l’Eurozone.

Sa dette pourrait a la fois diminuer d’une vingtaine de milliards par rachat des obligations décotées, mais la nouvelle injection de dette, a des conditions favorables, reste de la dette.

De facto, la Grèce est en défaut de paiement. Mais si cela devait devenir officiel, les conséquences seraient dramatiques. On attend avec inquiétude le jugement des agences de notation. Ignorer celles-ci correspondrait à une politique de l’autruche. Il semble d’ores et déjà acquis qu’il y aura une « période » de défaut avant que les banques n’interviennent.

Moody's vient d'annoncer ce lundi 25 juillet que la Grece avait atteint un niveau de notation equivalent a un defaut de paiement parce que ses creanciers prives ne pouraient pas etre integralement repayes.

La contagion est-elle enrayée?

Il n’y a rien de substantiel dans les déclarations relatives a d’autres pays en difficultés (entendez le Portugal et l’Irlande) ou en risque de contagion (entendez l’Espagne ou l’Italie). Les marches l’ont immédiatement pressenti et l’amélioration des rendements était de l’ordre de 0,4%.

Le risque de contagion demeure comme une épée de Damoclès et, compte tenu des mécanismes mis en place, ne semble pas avoir été atténué. Or ce qui s’est passe dans les dernières semaines est une combinaison de mauvaises nouvelles et de détérioration des cours des obligations des deux pays, contraints de se financer a des taux élevés

La Banque Centrale Européenne participera-t-elle au sauvetage?

Rien n’est demandé à la BCE, et ce, parce que chacun sait qu’elle n’est pas en mesure de l’accepter. Il paraît peu vraisemblable qu’elle reste totalement à l’écart. Mais son portefeuille grec ne devrait ni être vendu ni être augmente, en raison du problème du défaut.

Qu’adviendra-t-il de son portefeuille de 48 milliards d’euros d’obligations grecques ? Il a été annonce quelle continuerait a soutenir les banques grecques confrontées a une crise de liquidité sans précèdent.

En guise de conclusion provisoire.

C’est donc Il ne faut pas nier l’impact de l’effort effectué par les Gouvernements européens dans cette opération. Il n’a cependant pas assez de substance pour convaincre. Les marchées ont « bien accueilli » cet effort, lit-on dans les medias.

A y regarder de plus près, ce n’est pas un vote de confiance. La prime de risque grecque a diminué se retrouvant au niveau d’il y a un mois : 20% au lieu de 25%. Cela reste une prime pour émetteur en faillite.

La réponse apportée par l’Europe est incroyablement compliquée. Elle constitue un effort louable, mais une contorsion qui n’inspire ni la transparence ni la confiance. Remplacer de la dette par une augmentation de dette n’a jamais résolu le surendettement. C’est cependant ce que l’Europe a présenté cette semaine.

La Grèce reste encore en salle d’urgences, et n’est pas prêt de sortir de la perfusion pour longtemps. Au moindre accès de fièvre, ce sera la contribuable européen qui sera sollicite.

« Calmer les marchées est essentiel. Mais les dirigeants Européens leaders ont, au mieux, gagne du temps. On a besoin de beaucoup plus » écrivait ce matin le New York Times. Quant au Financial Times, il écrivait que « les banques européennes ont encore des montagnes à gravir »

28/07/2011

PARIS (Reuters) - Les banques et les assureurs français proposeront de participer au nouveau plan européen de soutien à la Grèce à hauteur d'environ 15 milliards d'euros, a annoncé jeudi le ministre de l'Economie.

François Baroin s'exprimait à l'issue d'une réunion avec les dirigeants des principales banques et compagnies d'assurances françaises pour évoquer la participation du secteur privé au dispositif en faveur de la Grèce.

"Les entreprises présentes ont confirmé qu'elles proposeront toutes à leurs instances de gouvernance de participer au plan de soutien à la Grèce selon les modalités annoncées le 21 juillet, à hauteur de la totalité de leurs expositions à la Grèce arrivant à maturité d'ici 2020, soit environ 15 milliards d'euros", déclare le ministre dans un communiqué.

Les dirigeants de la zone euro se sont mis d'accord le 21 juillet sur un deuxième plan d'aide à la Grèce d'un montant total de 109 milliards d'euros.

Le secteur privé, détenteur d'obligations souveraines grecques, sera mis à contribution à hauteur de 37 milliards d'euros. L'accord prévoit que les banques et assureurs européens subiront une décote de 21% sur la dette grecque qu'ils détiennent.

"La seule chose qui va être décotée ce sera le banking book (portefeuille bancaire, NDLR)", fait remarquer un analyste financier basé à Paris.

Interrogés sur la réunion à Bercy, ni BNP Paribas, la banque étrangère la plus exposée à la dette souveraine grecque, ni la Fédération bancaire française n'ont souhaité faire de commentaire.

Le ministère de l'Economie s'est félicité de cette décision des groupes français qui "confirme la détermination du secteur financier français à participer pleinement à la mobilisation visant à garantir la stabilité financière de la zone euro."

Les banques françaises s'étaient déjà engagées le 5 mai 2010 à soutenir le premier programme de financement de la Grèce, en maintenant leurs expositions sur l'économie et l'État grecs durant la durée du programme, rappelle Bercy.

D'après les données de la Banque des règlements internationaux, le secteur bancaire français est exposé à hauteur de 15 milliards d'euros à la dette publique de la Grèce.

Les résultats des tests de résistance bancaires menés par l'Autorité bancaire française ont montré que les quatre grandes banques françaises avaient une exposition cumulée de 9,55 milliards d'euros à la dette souveraine grecque, dont 4,99 milliards pour BNP Paribas, 2,65 milliards pour la Société générale, 1,26 milliard pour BPCE (Banque populaire - Caisse d'épargne) et 655 millions pour le Crédit agricole.

A la Bourse de Paris, les valeurs bancaires françaises sont en légère progression. Vers 16h35, BNP Paribas progresse de 0,89% à 46,25 euros tandis que Société générale et Crédit agricole avancent de respectivement 0,63% et 0,83%.

L'indice sectoriel des banques européennes est en hausse de 0,68% au même moment.

Gérard Bon et Matthieu Protard, édité par Danielle Rouquié

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