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vendredi 22 juillet 2011

Le plan grec accroîtra la dette française de 15 milliards d'euros


Source : Les Echos

L'endettement français sera accru d'environ 15 milliards d'euros d'ici à 2014 en raison de la mise en oeuvre du plan d'aide à la Grèce conclu jeudi soir, a déclaré vendredi le Premier ministre François Fillon.
Cet accroissement de l'endettement pourrait mettre à mal l'objectif du gouvernement de commencer à faire baisser le ratio de dette publique de la France à partir de 2013.
"Ceci aura une conséquence indirecte, c'est une augmentation d'ici 2014 de notre niveau d'endettement, compte tenu de l'intégration des garanties, à hauteur d'environ 15 milliards d'euros", a dit François Fillon à l'issue d'une réunion avec les parlementaires de la majorité.
Le gouvernement prévoit que la dette publique continuera de progresser cette année et l'an prochain (85,4% fin 2011 et 86,9% fin 2012) et commencera à baisser en 2013 pour atteindre 86,4% fin 2013 et 84,8% fin 2014.
Les dirigeants de la zone euro ont mis sur pied jeudi un nouveau plan de soutien impliquant le secteur privé et réformant de manière spectaculaire le fonds de stabilité pour en faire un embryon de "Fonds monétaire européen".
Salué par les marchés, le nouveau plan grec, d'un montant total de 109 milliards d'euros, sera abondé par une participation des banques et assureurs européens dont le montant pourrait aller jusqu'à 50 milliards d'euros.
PAS DE FAILLITE D'ÉTAT
"Cet accord marque une étape absolument décisive dans l'histoire de la zone euro", a estimé François Fillon. "Il n'y aura pas de faillite d'Etat dans la zone euro parce que la solidarité de la zone euro sera totale.".
La "règle d'or" qui inscrirait la nécessité de réduire les déficits dans la Constitution française est désormais plus que jamais d'actualité, a encore dit le chef du gouvernement.
"C'est en effet désormais un effort conjoint des pays de la zone euro pour se doter de ce cadre budgétaire crédible qui doit être conduit", a-t-il dit.
La France s'est engagée à ramener ses déficits publics sous la barre des 3% du PIB en 2013 mais estime qu'il faut inscrire l'équilibre des finances de l'Etat dans son texte fondamental.
Si cette "règle d'or" a été votée par la majorité, elle doit, pour être inscrite dans la Constitution, obtenir les trois cinquièmes des suffrages lors d'un Congrès, ce qui suppose l'adhésion d'une partie des parlementaires de gauche.
Le Parti socialiste s'y refuse pour l'instant et Nicolas Sarkozy n'a pas encore pris officiellement la décision de convoquer le Congrès mais la majorité, François Fillon en tête, le pousse à aller de l'avant.
Pour le Premier ministre, la France a joué un "rôle central" dans la conclusion de l'accord, notamment en parvenant avant le sommet de Bruxelles à un accord avec l'Allemagne.
"Le couple franco-allemand a une nouvelle fois joué un rôle essentiel pour trouver les bonnes solutions à la crise. Je crois qu'on peut dire que le couple franco-allemand est la clé de la stabilité de la zone euro", a-t-il dit.

La Grèce en route vers un défaut de paiement sans précédent


© AFP - Georges Gobet
© AFP - Georges Gobet

La Grèce se dirigeait vendredi vers le tout premier défaut de paiement de l'histoire de l'Union monétaire, un pari risqué auquel l'Europe s'est résignée lors de son sommet dans l'espoir de faire rebondir le pays surendetté en lui évitant une faillite totale.

L'agence de notation Fitch, l'une des trois grandes à faire la pluie et le beau temps sur les marchés, a annoncé son intention de placer en défaut partiel la Grèce, au lendemain d'un nouveau plan d'aide européen de près de 160 milliards de dollars décidé par les dirigeants de la zone euro et les banques.

Cette sanction était attendue, compte tenu des modalités retenues dans le plan: sur l'insistance de l'Allemagne, il a été demandé aux créanciers privés d'Athènes de mettre la main au portefeuille en acceptant de facto de ne pas récupérer l'intégralité des prêts consentis au pays.

En moyenne, ils ont accepté une perte de 21% sur la valeur actuelle des prêts, qui prendra la forme de rachat d'obligations à des prix cassés ou d'échanges de leurs titres pour des obligations à beaucoup plus long terme.

En conséquence, Fitch a estimé qu'Athènes fera défaut sur une partie de ses obligations.

© AFP - Louisa Gouliamaki
© AFP - Louisa Gouliamaki

Néanmoins, sur le fond, "les engagements pris par les leaders de la zone euro (...) représentent une avancée importante et positive vers la stabilité financière dans la zone euro", a-t-elle commenté.

Les dirigeants de la zone euro s'attendent à ce que les autres agences de notation parviennent au même verdict.

Ils espèrent toutefois que le défaut de paiement sera limité "à quelques jours" et donc maîtrisable, selon un diplomate européen.

Potentiellement une telle situation pourrait provoquer un engrenage périlleux pour le secteur bancaire européen et grec en particulier, qui détient des quantités très importantes de dette publique d'Athènes, aujourd'hui dépréciée.

Toutefois, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a assuré dès jeudi soir que "tout a été mis en place pour faire face à toute éventualité".

Concrètement, la zone euro a prévu de soutenir financièrement la BCE pour que les banques grecques puissent continuer à s'y refinancer pendant la période de défaut. Elle a aussi la possibilité nouvelle, via son Fonds de secours financier, d'injecter des fonds dans le secteur bancaire grec si nécessaire.

© AFP
© AFP

Le risque est donc censé être calculé. Du reste, les marchés financiers ont salué vendredi le nouveau plan d'aide, estimant qu'il devrait permettre, au moins dans l'immédiat, d'enrayer la crise de la dette dans la zone euro.

Dans le sillage des Bourses asiatiques, les places financières européennes ont toutes ouvertes vendredi sur une note positive.

Sur le marché des emprunts d'Etat européens, véritable thermomètre de la santé de la zone euro, les taux des obligations grecques sur dix ans ont reculé. Et l'euro restait bien orienté face au dollar.

"Je crois que le pays veut réussir et je vais consacrer toutes mes forces à le soutenir", a assuré à Berlin la chancelière allemande Angela Merkel à propos de la Grèce.

Elle a rappelé que les dirigeants de la zone euro s'étaient aussi engagés à relancer la croissance économique grecque et a promis d'inciter l'industrie de son pays à participer à l'effort.

Le deuxième plan de sauvetage en faveur d'Athènes - après un premier déjà insuffisant mis sur pied au printemps 2010 - s'élève à près de 160 milliards d'euros, dont 109 milliards d'euros de nouveaux prêts qui seront apportés par l'Europe et le Fonds monétaire international, le reste provenant des créanciers privés.

Le gouvernement grec a parlé de "grand soulagement", assurant que la dette publique du pays était désormais "sous contrôle".

L'effort, sous forme de prêts à des taux d'intérêts moins élevés que dans le passé, aura un coût certain pour les partenaires d'Athènes.

"Ceci aura donc une conséquence indirecte, c'est une augmentation d'ici 2014 de notre niveau d'endettement (...) à hauteur d'environ 15 milliards d'euros", a ainsi déclaré le Premier ministre français François Fillon, en raison de l'intégration de garanties apportées par son pays pour débloquer les prêts en faveur de la Grèce.

Par Yacine LE FORESTIER

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