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vendredi 29 juillet 2011

Images inédtites de Fukushima du 06/09/2011



Images filmées le 26 juillet 2011 par le robot Quince


A Fukushima, encore 100 000 tonnes d’eau contaminée à traiter

Source : Le Monde

Plus de quatre mois après l'accident nucléaire de Fukushima, la tension médiatique est quelque peu retombée sur la centrale accidentée. Les médias se concentrent actuellement sur les niveaux de radioactivité dans la région et les risques liés à la consommation de nourriture. Mais de moins en moins d'informations filtrent sur l'état d'avancement des opérations de stabilisation et de décontamination du site. Le point avec Franck Bigot, responsable de l'évaluation de la sûreté des réacteurs nucléaires à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Comment se déroule le refroidissement des réacteurs ?

Franck Bigot : Depuis deux mois environ, le refroidissement des quatre réacteurs et des piscines est stabilisé. L'opérateur Tepco injecte entre 3 et 4 m3 d'eau par heure, soit entre 75 et 80 m3 par jour. Après avoir envoyé de l'eau dans les cuves au moyen de pompes de fortune et de camions-citernes, le refroidissement des réacteurs fonctionne maintenant, depuis le début du mois, en circuit fermé : l'eau qui sort du réacteur est ainsi refroidie et traitée afin d'être directement réinjectée dans le cœur, ce qui permet d'éviter les fuites et rejets radioactifs. Par contre, il faut encore installer ce circuit fermé pour la piscine du réacteur 4 — où est stocké du combustible — qui est encore refroidie avec du matériel d'appoint.

Où en est-on de la décontamination des eaux usées qui stagnent sur le site ?

Les très grandes quantités d'eau, souvent de mer, qui ont été envoyées dans les cuves des réacteurs pour les refroidir, lorsque le circuit était ouvert, ainsi que les nombreuses fuites, ont provoqué une accumulation inquiétante d'eaux radioactives, initialement estimées à 130 000 m3, à différents endroits de la centrale, dans des réservoirs, des sous-sols ou des galeries. Il fallait absolument s'en débarrasser car elles freinent les opérations des ouvriers, de par leur forte radioactivité, et parce qu'elles polluent l'océan.

Tepco a alors installé une usine de décontamination, avec l'aide notamment d'Areva. Après des problèmes techniques au début de sa mise en service, à la mi-juin, la station d'épuration traite aujourd'hui près de 1 000 m3 d'eau par jour. Près de 30 000 m3 d'effluents ont pour l'instant été traités, c'est-à-dire qu'on leur a ôté le sel et qu'on a abaissé considérablement leur radioactivité, de l'ordre de quelques centaines de becquerels au lieu de plusieurs milliers, voire un million de becquerels par cm3, au départ. Le niveau des eaux a donc baissé dans les bâtiments et les effluents ont ensuite été réinjectés dans le circuit de refroidissement des réacteurs. Il reste encore à traiter un peu moins de 100 000 m3 d'eau et à résoudre la question des déchets de cette épuration, les boues radioactives*.

Quelles sont les autres opérations menées dans la centrale ?

Les grosses opérations consistent à renforcer la protection des bâtiments et restaurer leur confinement. Tepco est en train d'installer un toit amovible au-dessus du bâtiment de la turbine du réacteur n°3 afin de protéger de la pluie ses installations et les opérations en cours, et éviter un lessivage des éléments radioactifs qu'il contient. Il devrait être achevé d'ici la fin août ou le début septembre. Une structure de protection sera par ailleurs fixée autour des bâtiments des autres réacteurs d'ici le début 2012.

Les actions d'inertage se poursuivent aussi dans le réacteur 1 et ont débuté dans les réacteurs 2 et 3. Les ouvriers y injectent constamment de l'azote gazeux afin de saturer leur atmosphère. L'objectif est d'empêcher l'oxygène de l'air de pénétrer par les fuites des enceintes de confinement et de se mêler à l'hydrogène produit par la dégradation des combustibles, ce qui aurait pour effet de déclencher une explosion dans le cœur du réacteur.

Enfin, les ouvriers continuent de fixer les radionucléides sur le site grâce à des résines et ventilent l'intérieur des bâtiments. Au final, l'accès aux différents bâtiments s'améliore.

La radioactivité continue donc de décroître ?

Oui, car l'essentiel des radioéléments émis au début de l'accident, à la mi-mars, étaient de l'iode 131, dont la demi-période [la durée qu'il lui faut pour voir sa radioactivité décroître de moitié] est de huit jours. Comme, depuis, il n'y a presque pas eu de nouvelles sources d'émissions, l'iode rejetée après l'accident a presque disparu. Il reste donc essentiellement du césium 137, dont la demi-période est elle de trente ans, mais dont l'activité est beaucoup plus faible.

Quelles sont les opérations prévues dans les mois et années à venir ?

Le traitement des eaux contaminées devrait occuper Tepco au moins jusqu'à la fin de l'année. L'installation du circuit fermé de refroidissement et des toits va se poursuivre jusqu'au début 2012. Sur le plus long terme, Tepco devra s'atteler au démantèlement du combustible, à savoir 2 500 tonnes d'uranium et de plutonium réparties entre les cuves et les piscines. La situation ne sera pas totalement stabilisée avant dix ou vingt ans.

* Après avoir été pompée, l'eau contaminée se voit injecter des réactifs pour capter les éléments radioactifs et les précipiter. Il en découle des boues radioactives, d'un volume 120 fois inférieur aux quantités d'eau injectées dans le système de décontamination, mais qui s'avèrent hautement radioactives et constituent donc des déchets nucléaires à vie longue, qui devront être stockés.

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